Second épisode de notre grand tour en compagnie de Jenny. Depuis son Erasmus au Portugal, elle réalise qu'elle ne pourrait plus se passer de voyager. Avec en plus la rencontre d'Alban, son mari curieux de découvertes, tout laissait à penser qu'elle ne s'arrêterait pas là !
>>>> Lire l'article 1/3 : " Le grand tour de Jenny : le Portugal " Après ton Erasmus au Portugal tu as terminé tes études et rencontré ton mari. Malheureusement tu n'arrivais pas à trouver du travail dans ton domaine en France...1 - Quelle raison vous a motivés à prendre la vie d'expatriés ?
Je crois que nous avions tous deux envie de découvrir autre chose, moi depuis toute petite, envie amplifiée avec mon Erasmus au Portugal en 2007, et lui simplement par ouverture d'esprit. Disons que le fait que nous nous rencontrions a été le déclenchement. Deux personnes qui ont les mêmes envies jamais encore réalisées vont se donner plus de moyens pour réaliser celles-ci que si elles étaient restées seules. Et surtout, venant tout juste de finir mes études de pharmacie, je n'arrivais pas à trouver du travail dans mon domaine (on était en 2009). Alors on s'était dit qu'il serait plus intelligent de ne " rien " faire ailleurs plutôt qu'en France, car j'aurais au moins l'avantage de la découverte d'une autre culture et langue.
2 - Vers quelle destination vous êtes vous fixés ?
Nous nous étions mis d'accord pour l'Australie, dans le cadre d'un Working Holiday Visa (PVT). Nous étions pile poil dans la tranche d'âge, et ce pays nous rendait tous les deux curieux. À partir du moment où nous avons pris la décision, nous nous sommes donné un an pour partir, le temps que mon conjoint prenne ses dispositions avec son boulot, et que nous mettions suffisamment de côté pour pouvoir partir en toute sécurité (partir sans aucune économie n'était pas trop mon truc à cette époque). Ça me laissait le temps de trouver un travail aussi, que ce soit dans mon domaine ou non, même si je priorisais mon secteur. Et j'ai eu beaucoup de chance de ce côté, j'ai trouvé un taf qui me plaisait vraiment et qui durait 6 mois, juste le temps de nous préparer pour l'Australie.
Entre temps, j'ai vu une offre passer pour un VIE au Brésil (Volontariat international en Entreprise) pour le compte d'un très gros laboratoire pharmaceutique, et même si mon profil ne correspondait pas à 100% au descriptif, j'ai quand-même envoyé ma candidature... juste pour voir... Sauf que le " juste pour voir " s'est transformé en " je suis prise " ... ! Et là, il a donc fallu choisir entre l'Australie, le pays qu'on avait prévu, dans lequel on savait parler la langue, mais où on partait à l'aventure, et le Brésil, ce pays pas du tout prévu, jamais même imaginé, où on ne saurait pas parler un seul mot au début mais où on avait la sécurité de l'emploi et d'une rentrée d'argent régulière dès le début. Le choix a été très vite fait ! On savait qu'on aurait la possibilité de faire l'Australie plus tard...
3 - Comment s'est déroulé ton VIE ?
Ça a été la plus belle expérience de ma vie ! Je vais passer vite sur cette question, car elle serait bien trop longue à répondre... je suis d'ailleurs en train d'écrire un bouquin à ce sujet ! Juste pour résumer, il s'agissait d'un contrat d'un an, de février 2011 à février 2012. Suite à celui-ci, j'ai accepté un contrat local pour le compte d'un couple d'amis qui créait une entreprise au concept totalement nouveau au Brésil. Mais celui-ci s'est pas passé comme prévu, et il m'a fallu prendre la décision très difficile de quitter cet emploi, menant à la perte de mon visa brésilien et m'obligeant à partir du Brésil en janvier 2013 (j'ai la boule au ventre de repenser à ce moment extrêmement douloureux).
4 - Qu'est ce qui fait que vous avez tant aimé la vie au Brésil ?
Les rencontres... la mentalité... la culture latino-américaine... les paysages... et nous nous sommes découverts là-bas, livrés à nous-mêmes, seuls pour gérer nos difficultés du quotidien de jeune couple à l'étranger. J'ai aimé ce que le Brésil m'a fait devenir, ou je devrais plutôt dire que j'aime ce que le Brésil a fait ressortir du fin fond de ma personnalité.
5 - Quelles sont les différences de culture qui t'ont le plus marqué(é) ?
Professionnellement, le côté trèèèèèèès très relax des brésiliens. Je ne sais pas s'ils connaissent le stress au travail, mais en tout cas, le respect des délais, la ponctualité en réunion, etc... ils ne connaissent pas, et ça change la donne quand on arrive de France ! Un autre truc, c'est que même si le respect de la hiérarchie est très marqué, les gens sont aussi très proches entre collègues, ils font plus facilement leur vie sociale avec les gens du boulot qu'avec les gens de l'extérieur, c'est normal d'avoir ses collègues, chefs, etc dans ses amis Facebook !
Personnellement, j'ai aimé ce côté très avenant et tactile, et leur positivisme. Mais positivisme au point qu'ils ne disent jamais non... et que quand ils te disent 'oui' pour répondre à une invitation pour prendre un verre, bah ça veut pas dire non ! C'est agaçant au départ, puis tu comprends que ça n'est pas contre toi.
6 - Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Liste looooooongue ! De mon arrivée à la veille de mon départ, j'ai aimé chaque instant sur place, même les moments un peu plus difficiles.
7 - Les moins bons ?
Le jour où j'ai posé ma démission, sachant très bien ce que cela impliquait, c'est-à-dire un retour forcé et précipité en France. D'un autre côté, c'était un soulagement de quitter un emploi qui se passait très mal... mais sachant ô combien j'aimais ce pays, c'était vraiment douloureux. Et puis je savais que ça mettait fin à une amitié qui a énormément représenté dans ma vie brésilienne...
Et le jour du départ ... J'ai pleuré pendant tout le décollage (et je viens de fondre en larmes en repensant à ce moment lol... sachant que je suis en train de répondre à ces questions dans un café brésilien !).
8 - Qu'est ce que cette expérience t'as apporté ?
Une nouvelle vision de la vie, un nouveau moi, une envie de garder tout ce positivisme que le Brésil m'a enseigné, une envie de découvrir le monde pour mieux revenir plus tard au Brésil.
9 - Comment avez-vous vécu le " retour forcé " en France ?
Mal ! Quand nous sommes revenus, j'étais dévastée, littéralement. Nous revenions avec le besoin de soutien que l'on peut espérer dans un moment difficile, et aussi avec l'envie de nous établir en France pour nous remettre psychologiquement et financièrement de cette 2 ème année brésilienne qui a mal tourné. Mais tout ce à quoi j'ai eu droit d'une bonne partie de mes proches, c'était des trucs du genre " on t'avait dit que ça ne marcherait pas ". Ah c'est facile de dire ça...
Puis nous revenions dans un contexte de morosité hivernale accrue par une accumulation de mauvaises nouvelles médiatiques, qui ont fait que notre positivisme à la brésilienne faisait vraiment tâche au milieu de tout ça. Au bout de 10 jours, nous avons compris que nous ne pourrions pas continuer en France et nous avons alors décidé de nous donner une chance de repartir ailleurs... Tout d'abord, étant tous deux sans travail, nous nous sommes dits que c'était le moment ou jamais de partir en Australie. C,est ce que nous avons fait, juste un mois, le temps de faire un petit road trip sympa et de prendre du recul.
10 - L'appel du large étant trop fort, vous êtes repartis un mois en Australie. Au retour, malgré déjà 3 vies à l'étranger, vous aviez toujours l'envie de repartir ?
Toujours oui ! Au retour, nous nous sommes d'ailleurs tous deux mis à la recherche d'un VIE pour mon mari. Moi ayant déjà eu ma chance internationale, c'était maintenant à lui d'en profiter. En s'y mettant à deux, c'était forcé qu'on allait lui trouver quelque chose ! On a postulé partout !!! Canada, Thaïlande, pays scandinaves, Argentine, Singapour, Angola, Afrique du sud... et c'est au Portugal que nous avons trouvé !