La traversée de Farnaz 3/4 : Equateur et Colombie

Stage en Iran, Erasmus à Birmingham, puis passage de l'autre côté de l'Atlantique direction San Francisco...Farnaz dévore les kilomètres et traverse le monde avec passion. Grâce à ses études, elle poursuit vers l'équateur, et enfin la Colombie...a lire sans retenue !

Après un stage de 3 mois très enrichissant à San Francisco au consulat Général de France, tu t'es intéressée à la moitié Sud des Amériques.

1 - Pour quelle raison t'être tournée vers l'Amérique Latine ?
L'Amérique latine m'a toujours fascinée et je m'étais promis d'y aller un jour. Sauf que je ne m'imaginais pas y aller avant mes 27-28 ans. J'avais bien d'autres projets en tête et qui me paraissaient prioritaires : j'étais beaucoup plus attirée par le Moyen-Orient et la région des Grands Lacs en Afrique orientale et ce, pour de nombreuses raisons.
Mais je suis arrivée en dernière année de master et je devais trouver un stage de fin d'études. Comme à mon habitude, il m'était inconcevable de le faire en France surtout dans la branche que j'avais choisi (sciences politiques et gestion de projets dans le développement). Sans surprise, je m'y suis prise au dernier moment et le temps pressait. J'ai dû élargir mes recherches et donc le secteur géographique que je visais. Et c'est à ce moment-là qu'a refait surface cette fameuse fascination pour l'Amérique Latine.

La traversée de Farnaz 3/4 : Equateur et Colombie

2 - Comment as tu trouvé ton stage (et futur travail) à Ambato ?
Je cherchais donc un stage en gestion de projets dans une ONG. L'idéal pour moi était de travailler pour une ONG locale et donc sur le terrain. N'ayant pas réussi à trouver de poste dans les zones géographiques qui m'intéressaient le plus, j'ai donc intensifié mes recherches. J'ai alors répondu à une annonce de volontariat (non indemnisé) publiée par une ONG franco-équatorienne. Cette ONG est à la tête d'un réseau d'une quinzaine d'associations et ONG équatoriennes. Elle s'est donné plusieurs missions, notamment l'animation de ce réseau et la recherche de volontaires en France pouvant répondre aux besoins identifiés auprès des différentes structures.
Après plusieurs entretiens et une sacrée négociation avec le Bureau des Relations Internationales de mon université, j'ai réussi à transformer la convention de volontariat en convention de stage. Tout le monde était donc content... sauf mon porte-feuilles !
Je me suis donc envolée cette fois pour l' Equateur où j'ai commencé à travailler en tant que gestionnaire de projets pour une ONG de la ville d'Ambato. Tout se déroulait plutôt bien (malgré la charge incroyable de boulot) et je travaillais au sein d'une équipe multinationale (70% de salariés équatoriens + 30% de volontaires européens). Au bout de deux mois, on m'a proposé de signer un (vrai) contrat de travail. C'est donc en Equateur que j'ai commencé à travailler dans ma branche.

3 - Le fait de passer de stagiaire à employée a changer ta façon de travailler ?
Ma façon de travailler n'a pas changé à cause de cela. J'ai continué à occuper le même poste mais mon travail était désormais rémunéré et officialisé, si je puis dire.
Mais mon changement de statut ne fut malheureusement pas bien acceptée par tous. A part une ancienne volontaire espagnole qui était devenue salariée, les " étrangers " n'avaient jusqu'alors jamais perçu de salaire au sein de cette ONG. Au départ, j'étais sujette à quelques remarques plus ou moins désagréables de la part de mes collègues équatoriens mais également de la part de certains volontaires. J'étais tellement emballée par l'idée de signer mon premier contrat de travail post-master que je n'avais pas du tout vu la tempête arriver. J'étais, d'un côté, ravie d'avoir gagné la confiance du directeur, mais de l'autre, je me retrouvais dans une position très gênante.

4 - Combien de temps aura tu passé en Equateur ?
J'ai travaillé 9 mois auprès de cette ONG et je suis restée au total un an en Equateur.

5 - Pourquoi avoir choisi de partir ?
J'ai quitté mon poste de coordinatrice de projets au bout de 9 mois de bons et loyaux services. L'ONG venait de démarrer un processus de restructuration interne, piloté par un consultant externe en management des petites organisations. Tous les volontaires avaient quitté l'ONG (la plupart sur demande du directeur), certains salariés également et je crois qu'il était temps pour moi aussi de partir. J'avais fait ma part du boulot donc je ne me sentais pas coupable de partir à ce moment-là. Et de toute façon, le directeur allait également me demander de partir.
Je suis restée un mois à Ambato où j'en ai profité pour voyager un peu. Mais j'avais l'impression d'étouffer, j'avais besoin de partir. Pas les moyens de m'acheter un billet de retour pour la France et encore moins envie de rentrer au pays. Je n'avais plus de boulot et, sans vouloir rentrer dans des détails trop personnels, je venais juste de rompre avec mon copain. Ce dernier venait de se lancer dans un road trip vers le sud (Pérou, Bolivie, etc.), voyage qu'on devait faire à deux. Alors j'ai décidé de partir seule, mais dans la direction opposée. Au menu : la Colombie et le Venezuela.
Et le pire, c'est que ça a été aussi simple que ça.

La traversée de Farnaz 3/4 : Equateur et Colombie

6 - Avec de petits moyens, comment tu t'es débrouillée pour vivre ?
J'avais vraiment très peu d'argent mais une soif infinie de découverte, de fraîcheur et de nouveauté ! Je ne demandais que ça ! J'ai donc misé sur l'autostop et le couchsurfing pour minimiser les frais et pour rencontrer un maximum de personnes (j'avais besoin de passer à autre chose).
Mais il me fallait également travailler. J'ai donc décidé de jongler entre le workaway (différentes types de missions, on travaille 4 à 5 heures non indemnisées par jour, on est logé et nourri dans 90% des cas et on a pas mal de temps pour soi) et les petits jobs dans les restaurants et/ou auberges de jeunesse. Dans le dernier cas, il y avait deux types d'indemnisations possibles : je recevais un salaire ou alors j'étais logée, nourrie et je gardais les pourboires.
Enfin, c'est en Colombie que j'ai commencé à vendre des petites choses que je confectionnais. J'en parlerai plus tard.

7 - Est-ce que tu as eu des difficultés pendant ce voyage ?
Mes deux séjours ne sont pas vraiment comparables. Je suis allée en Equateur dans le but d'y travailler. J'y ai, au départ, mené une vie de sédentaire, dans une ville telle qu'Ambato qui n'a aucun attrait touristique. Mon voyage en Colombie a été d'une toute autre nature. J'étais beaucoup plus mobile. Je vais donc faire deux catégories.


Ma principale difficulté a été de me faire accepter dans le quartier où je travaillais. On n'a pas l'habitude d'y voir des " blancs " à Ambato et on les qualifie automatiquement de " gringos ". Dans certaines zones du pays, on cultive encore une certaine méfiance envers les européens. Mais elle n'est pas toujours justifiable.

Colombie :
A part quelques difficultés financières et quelques grosses montées de stress comme lorsque je me suis retrouvée seule, sous la pluie, à 23 heures dans un des coins les plus paumées de la Colombie, à faire de l'autostop, ou encore la fois où notre bus s'est fait contrôlé par l'armée et que je n'avais pas mes papiers sur moi ou enfin la fois où je me suis perdue dans les quartiers chauds (je n'en suis pas fière du tout) de Bogota et miraculeusement " sauvée " par un bonhomme rencontrée à l'auberge la veille, à part ça, rien à signaler.

La traversée de Farnaz 3/4 : Equateur et Colombie

8 - Comment les as-tu surmontées ?
De la persévérance, une sacrée dose de chance et de très belles rencontres qui nous motivent tout au long du périple.
Pour l'Equateur, j'ai essayé de me mêler aux Equatoriens, j'ai intégré une colocation d'étudiants (ce qui est très rare dans le pays, les étudiants restent longtemps chez les parents), j'apprenais à parler comme eux, à fréquenter les petits restos de quartier.
Pour les difficultés financières, en plus de la liste d'ingrédients indispensables que vous trouverez ci-dessus, les voyageurs en Amérique Latine (mochileros ou viajeros) sont souvent très solidaires. Tu trouveras toujours quelqu'un qui t'aidera, qui t'accueillera sous sa tente, qui partagera un maté, qui t'écoutera, qui t'apprendra à tisser tel ou tel fil, bref, la communauté des viajeros a été pour moi, une profonde source d'inspiration.

La traversée de Farnaz 3/4 : Equateur et Colombie

9 - Equateur et Colombie : Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
J'ai été émerveillée par la gentillesse des gens et la beauté des paysages. La diversité des climats et des paysages m'a époustouflé notamment en Colombie.
L'ascension du Chimborazo est très certainement un de mes plus beaux moments. Je ne suis pas allée jusqu'au sommet parce qu'il fallait un guide et un équipement spécialisé mais je suis allée au plus haut point possible. J'ai eu la chance de voir le lac tout gelé.
J'ai également passé une nuit dans le cratère du Quilotoa et après vérification avec les locaux, j'ai été la seule à y dormir. Donc imaginez seule toute une nuit dans un cratère de volcan ???
Les fêtes locales : la fiesta de la Mama Negra, el Inti Raymi (solstice d'été), les défilés et parades en tous genres, les banquets et mariages où on était parfois invité alors qu'on ne connaissait personne.
Mes premiers mots en Quechua, la cérémonie du San Pedro et celle de l'Ayahuasca, mes escapades en Amazonie, mes randonnées dans la sierra, les plages du nord de la colombie, la salsa à Cali !
Y en a tellement !!!

10 - Les moins bons ?
D'origine franco-iranienne, j'ai donc baigné dans les deux cultures et dans les deux gastronomies ! Entre les parfums enivrants des plats iraniens et la technique de la cuisine française, je suis bien servie ! Du coup, quand j'arrive en Equateur et que je vois une quantité astronomique de fruits et de légumes, de féculents (mais et quinoa de toutes les couleurs), je m'attendais à une cuisine extrêmement riche. Mais malheureusement à Ambato, tout était frit et les fast-food (hamburgers, hot dog, frites) prolifèrent de partout ! J'étais déçue par l'américanisation de la ville et j'ai vu qu'il ne s'agissait pas seulement d'Ambato. Heureusement qu'il existe encore des petites cantines disséminées dans les villes où on savoure de délicieuses soupes du pays où bananes plantains, poissons et légumineuses en tous genres s'y côtoient.

La traversée de Farnaz 3/4 : Equateur et Colombie

Le rapport à l'étranger : je ne suis pas typée européenne et on me prenait souvent pour une Argentine donc je n'en ai pas souffert. Mais j'ai des amis européens qui ont vite été catégorisés en tant que gosses de riches européens qui viennent se la couler douce en Amérique Latine. Tout le monde ne pense pas de la sorte mais ce genre d'attitude existe.

Les colombiens et les équatoriens sont machos ! Et à la longue, c'est épuisant. Le pire dans tout ça, c'est que le machisme (comme presque partout dans le monde) est également alimentée par les femmes. Et les jeunes générations ne semblent pas y voir d'inconvénients... Il existe quelques petites associations qui se battent pour le droit des femmes et contre la violence conjugale mais elles ne reçoivent aucune subvention nationale.

11 - As-tu des conseils à donner aux lecteurs ?
Si vous êtes un peu débrouillard mais que vous avez peu de sous, il est tout à fait possible de s'en sortir en Amérique Latine. Si vous avez peur, n'hésitez pas à demander conseil à d'autres voyageurs. Vous verrez beaucoup d'Argentins, de Chiliens, de Brésiliens et de Colombiens sur la route. Un certain nombre d'entre eux parcourent le continent depuis des mois voire des années. Le partage est une des valeurs de cette communauté de voyageurs. Vous aurez peut-être même l'occasion de faire un bout de chemin avec quelques-uns d'entre eux. C'est ce qui m'est arrivé. RDV au prochain et dernier épisode pour tout savoir !

Dernière étape de la traversée de Farnaz très bientôt sur valise volante 🙂 Suivez nous !

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