A Christmas cake’s tale

Publié le 15 novembre 2016 par Pomdepin @pom2pin

C’est pas tout ça mais Noël approche. On va finir par être en retard pour le faire le Christmas cake, Si il ne reste pas assez longtemps à pourrir, fermenter, retourner à l’état sauvage vieillir au fond d’un placard, il sera comestible raté. Oui, je sais, la phrase n’est pas forcément facile à lire avec toutes les ratures, mais je n’aime pas le Christmas cake. Je reconnais que c’est unique, mais l’originalité n’est pas toujours un gage de qualité, surtout en matière culinaire…enfin bon, si ça vous tente, c’est maintenant qu’il  faut s’y mettre, après  ce sera trop tard. Les puristes vous diront qu’il vaut mieux faire son Christmas cake 12 semaines à l’avance, mais 6 ça passe encore, tout juste. De suite, ça donne envie, le gâteau qui poireaute au fond du placard pendant trois mois.Youpidoo.  

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La preuve que la chose revient à l’état sauvage c’est qu’il fait le « feed » c’est à dire littéralement le nourrir régulièrement. Sinon il mord quand on le sort pour Noël? Bon en fait, c’est juste pour dire qu’il faut l’arroser souvent de brandy, de whisky ou de bourbon. C’est sûr l’alcool, ça désinfecte. Qu’est-ce qui peut bien pousser les anglais à manger un gâteau rassi comme ça à Noël, sérieusement? Visiblement la tradition du Christmas cake date du seizième siècle. C’était rigolo, on venait de découvrir des tas de nouveaux pays et donc de nouveaux fruits secs et épices exotiques, pourquoi ne pas mélanger tout ça, l’oublier dans un coin et le ressortir pour Noël? Et bien pas du tout, on le ressortait à Pâques. On se contentait de mettre son mélange fruits et épices dans du porridge le matin de Noël pour se remettre des excès de la veille. Mais le gâteau a eu un tel succès que les anglais ont décidé de ne plus attendre Pâques et d’en faire un, toujours pas pour Noël, mais juste après, pour l’épiphanie. C’était la fin de la période noëlesque (the twelveth day of Christmas) et on faisait une mega fête. Le Christmas cake a  commencé à être décoré avec des tonnes de glaçage et de pâtes d’amande pour l’occasion et il y avait même une fève, comme dans la galette des rois française. Qu’est-ce qu’on s’amuse. Un peu trop visiblement parce que ça a contrarié ce joyeux luron de Cromwell.

 En 1647, le petit Ollie (Oliver Cromwell, mais on est entre nous) décide de supprimer l’épiphanie, hop comme ça. C’est ballot pour le gâteau, mais comme les anglais y tiennent vraiment, du coup ils le sortent à Noël. De toute façon, ils n’ont plus que ça, puisque que Cromwell décréte aussi que Noël, c’est pas fait pour rigoler. Vous allez à la messe à pied déjà, et c’est encore mieux si vous habitez loin,  que vous devez vous traîner dans la boue pour y arriver ou que vous êtes unijambiste, on n’est pas là pour s’amuser comme le premier papiste venu, mais pour en baver, en attendant d’aller massacrer une poignée d’irlandais qui eux fêtent probablement Noël, bande de barbares. Finalement, je comprends que les anglais se soient raccrochés à leur Christmas cake imbibé d’alcool fort, c’était bien le seul truc fun que Cromwell leur a laissé. Et puis au pire, ça peut toujours servir d’arme. Le gâteau qu’on a oublié d’arroser, soit il est dur comme la pierre soit il se déplace tout seul. Dans un cas comme dans l’autre, ça peut être utile contre les sbires de Cromwell pour les assommer, ou pour leur  faire peur. Une attaque de gâteau mutant, qui se jette sauvagement sur ses mollets, ça doit faire fuir même le plus tenace des soldats cromwelliens. Reculez, ou je lache mon Christmas cake enragé! Vas-y Chrissy, mords le méchant soldat! (Je ne vois pas pourquoi je ne donnerais pas un petit nom au Christmas cake alors que je l’ai fait avec Ollie, le lord protector). 

Après l’épisode cormwellien les anglais reprennent une vie normale mais continuent de manger leur Christmas cake à Noël. Les victoriens en font même une tradition incontournable. Les décors sur ce malheureux gâteau deviennent aussi de plus en plus délirants. Et attention pour les inconscients suicidaires gourmands,  ça porte malheur de couper et gouter le christmas cake avant le 24 décembre. Après aussi…bon d’accord, je suis méchante avec le Christmas cake, mais je n’aime pas ça. Mais si ça vous intéresse, je vous mets  la recette de BBC good food ici (c’est en anglais ). Je rappelle que de toute façon ce qui compte, pour réussir son Christmas cake, ce sont les décorations, pas le goût. Heureusement.