C’est bientôt le 5 novembre (vous avez vu, comme je maîtrise le calendrier?) c’est à dire Guy Fawkes day. Cette année, il aura peut-être une raisonnance particulière et je ne parle pas des pétards qui vont nous ennuyer exploser joyeusement toute la nuit. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Tony Blair, l’ancien premier ministre qui affirme avec force que les Insurgents, les insurgés, ce sont maintenant ceux qui refusent le brexit. Vous allez voir, il y a une logique à tout ça. En même temps quand on voit comment en finit les premiers Insurgents, c’est pas forcément gagné…Je rappelle l’histoire du gunpowder plot auquel à participer ce malheureux Guy Fawkes en 1605 et qui donne le prétexte aux festivités actuelles, c’est toujours sympa de commémorer le supplice de pauvres types, non? En plus ils étaient catholiques, alors pourquoi se priver?
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Elizabeth Iere, qui était une comique comme son papa Henry VIII et n’aimait pas du tout les catholiques laisse la place à James Ier en 1603. James est le fils de Mary, Queen of scotts et de Henry Stuart-tout-court, et petit cousin d’Elizabeth. Il monte sur le trône d’Écosse à treize mois sous le nom de James VI, sa mère ayant un empêchement (pour ne pas dire qu’elle avait perdu la tête), et quand il devient aussi roi d’Angleterre avec un nouveau numéro (James Ier…), les catholiques pensent bêtement qu’ils vont être enfin tranquilles. Comme le nouveau roi est à moitié catho, ça devrait le faire. Mais pas du tout, le petit James fait du zèle. Du coup, les catholiques en ont marre de se faire taper dessus, on peut les comprendre et décident de se débarrasser du méchant James. 13 comploteurs, sous le commandement d’un certain Robert Catesby ont l’idée brillante de vouloir faire exploser le parlement avec le roi dedans évidement. C’est sûr, c’est discret et facile à mettre en œuvre, on sent les comploteurs pratiques et qui aiment se simplifier la vie (ils vont même se la simplifier tellement qu’elle va s’arrêter rapidement et dans les flammes, c’est plus festif) . Ils entassent 36 barils de poudre dans la cave de Westminster, comme si de rien n’était …mais bon, pris de remord un des comploteurs prévient un copain, Lord Monteagle de ne pas se balader au parlement le 5 novembre 1605, parce que ça va chauffer. Lord Monteagle, le fayot, avertit James, et le 5 novembre au matin, des officiers royaux débarquent à Westminster, et trouvent Guy Fawkes qui attendait sagement, comme un imbécile au milieu de ses barils. Il est arrêté et envoyé au bûcher. C’est la joie populaire, James remonte en flèche dans les sondages et depuis, on fête ça tous les ans en cramant des effigies de Guy et en tirant des feux d’artifice. Voilà pour la version officielle, mais de plus en plus d’historiens, notamment catholiques mais pas que, ont des doutes certains sur la véracité de la chose.
Deja, les 13 conspirateurs étaient connus des services de police et pas en bien. On ne peut pas dire que James était particulièrement populaire, au contraire, ni auprès des catholiques ni des protestants ni qui que ce soit (peut-être son chien, et encore… ). Il y avait donc pas de mal de gens qui râlaient plus ou moins ouvertement et étaient surveillés. On n’avait peut-être pas les mêmes moyens technologiques à l’époque, pas possible d’écouter leur téléphone ou de les suivre par satellite, mais il y a peu de chance que des types surveillés aient pu pénétrer comme ça, innocemment, dans Westminster (un tout petit peu gardé aussi en temps normal) avec 36 barils de poudre sous le bras, coucou, on est plombier, c’est pour la fuite dans les toilettes du premier (Premier, James Premier). Ensuite, on est certain aujourd’hui que la fameuse lettre à Lord Monteagle est un faux et qu’elle a été écrite par des officiers royaux. C’est embêtant. La lettre est anonyme, aucun des conspirateurs qui ont pourtant été torturés gentiment, n’en avait connaissance et elle est aussi particulièrement vague. Attention, il va y avoir une explosion à Westminster. Mais les officiers royaux sont de petits malins, ils savent lire entre les lignes et à partir de rien, ils déduisent tous les détails du complot, les revendications, les noms des participants et tout. C’est très fort. Mieux que dans une série télé. Bref Guy Fawkes et ses copains se sont faits avoir. Ensuite, c’est plus flou. Certains pensent qu’il y a bien eu un complot de catholiques, mais qui étaient surveillés depuis le début: On les a laissé faire (mais bien sûr que vous êtes les plombiers, on peut vous aider à porter vos barils votre matériel?) et arrêter au moment où ça aurait le plus d’impact pour faire monter la popularité du roi. D’autres pensent au contraire que tout a été manigancé dès le début par James et ses potes, et qu’ils ont même fourni les fameux barils. Franchement, Guy Fawkes n’était pas très futé.
Guy Fawkes n’a pas tout perdu non plus (à part la vie, mais bon…) puisque non seulement il a acquis une célébrité pétaradante en Angleterre, pour des siècles, mais il est aussi très mode ces derniers temps. Vous voyez le masque bizarre des Anonymous et tout ces gens là? Oui? Vous allez rire, c’est Guy! Ce masque est apparu au 18 eme siècle en Angleterre donc, pour que les enfants se déguisent lors de bonfire night, ça faisait partie de la fête. Il a été repris par le héros dans V for vendetta, et c’est là qu’on rejoint l’actualité, puisqu’on a l’impression de vivre dans ce film depuis quelques temps. Et donc, dans trois jours, beaucoup vont porter ce masque et allumer des feux où ils ont apparement l’intention de faire cramer d’autres effigies que celle de Guy (un certain Boris à l’air très mode…). Depuis 2006, le masque de ce pauvre garçon est le symbole de tout un tas de manifestants de par le monde, notamment des altermondialistes, ça va leur faire bizarre d’être rejoint par des anglais très middle class mais europhiles qui entendent protester contre le gouvernement de Theresa May. En même temps, historiquement ça fait du sens, il s’agit bien de renverser le pouvoir en place, c’est à dire les brexiters. Bon par contre, ça colle aux traditions d’accord, mais quitte à se choisir un modèle d’insurgés, il aurait peut être fallu en trouver qui ont réussi leur coup, non?