Onggi (옹기 en coréen), c’est une famille, une famille de pots en terre, ou plutôt, selon l’expression consacrée au vu de leur taille, de jarres. Si l’alimentation coréenne n’était pas autant imprégnée d’aliments fermentés, le Onggi n’aurait pas aujourd’hui cette place dans la société ; c’est la raison pour laquelle on peut en trouver des dizaines exposées dans le Jangdokdae (lieu dédié à ces jarres) au palais de Gyeongbok à Séoul. La particularité de ces jarres, c’est que leur céramique n’est pas émaillée, mais recouverte d’une glaçure liquide qui, une fois cuite, laisse le pot respirer et permet les échanges d’air avec l’extérieur ; c’est ce qui permet la fermentation des aliments, mais lui confère également une grande résistance aux éléments comme le soleil, la pluie, ou le gel. Une fois le onggi cassé ou fendu, il retourne à la terre, on le concasse et on le laisse se dégrader dans la terre. Il est rétif à l’archéologie.
Mais ce qui est important dans tout ça, c’est que l’origine du Onggi remonte à une période située entre 4000 et 5000 av. J.-C., et qu’aujourd’hui encore, dans la Corée moderne, il existe encore des hommes et des femmes qui travaillent ces jarres comme des œuvres d’art, et pour comprendre exactement, ce que ça signifie, il faut partir avec Lee Kang-hyo, un des plus célèbres potiers coréens ; il faut le regarder se préparer au rythme de la musique, il faut le regarder éclabousser les jarres avec la glaçure, il faut encore et encore le regarder répandre à la main la substance gluante sur la surface des pots en se laissant pénétrer par une musique qui le fait presque entrer en transe et le fait revenir plus de 5000 ans en arrière, lorsque ses ancêtres produisaient les premières jarres, il faut le regarder, le visage barbouillé d’éclaboussures, le visage fermé, à genou devant sa création… Sans cela, je doute qu’on puisse comprendre…