J’aurais simplement pu appeler cette nouvelle section “mes semaines au jardin”… mais j’ai préféré un titre qui me rapproche de mon enfance. نباتات c’est un jardin, plus précisément un jardin qu’on trouve sur les bords du Nil, un jardin plein de souvenirs, d’odeurs et de couleurs qui se sont estompés, mais qui ne cessent de vouloir se présenter à nouveau.
A présent que j’ai un jardin, mon jardin, avec ma maison dessus, je peux y faire ce que je veux, y passer ma journée même s’il y fait plutôt frais, profiter des quelques instants d’ensoleillement des journées d’automne, rester jusqu’aux derniers instants du jour, attendre qu’il finisse par pleuvoir un peu fort avant de rentrer, les chaussures crottées que je laisse dans le garage… Un grand vide emplit mes poumons, la fatigue chevillée au corps d’avoir creusé un immense trou dans lequel j’ai planté mon cerisier, un burlat bigarreau qui devrait faire une bonne taille déjà d’ici quatre ou cinq ans et donner de beaux fruits à la chair pleine et juteuse…
Les fainéants disent que le jardin, à partir de l’automne, est synonyme de mort de la végétation et qu’on ne peut plus guère en profiter. C’est totalement faux. Déjà, c’est une des meilleures périodes pour planter, surtout les fruitiers. La terre est plus meuble qu’en été, elle commence à se régénérer, elle s’alourdit et n’attend plus que les plantations. J’ai retourné la terre des vieux massifs dont les anciens propriétaires disaient qu’il était impossible d’y planter quoi que ce soit. Mon œil.
La semaine dernière, j’ai planté deux bambous, un aurea et un nigra, deux fuchsias dont un Ricartoni, mais également un hydrangea à larges feuilles, et un tout petit arbre à feuilles très lumineuses qui promet de bien grandir et d’illuminer ce coin sombre où soit disait rien ne poussait, un sambucus niger “golden tower”. J’ai également disséminé les bulbes de jacinthes qui viendront enchanter mes bordures et remplir l’air d’un doux parfum musqué.
Sans y passer trop de temps, le jardin est pour moi un lieu de ressourcement, j’y vais lorsque j’ai envie de me dépenser un peu, je le nettoie dès que les feuilles du grand érable jonchent la pelouse, je gratte la terre pour la nettoyer des mauvaises herbes. Le temps y passe vite, et l’esprit ne vagabonde pas trop, il fixe son attention sur quelques mètres carrés que je mets un soin particulier à nettoyer. Chaque partie est un élément du tout et l’harmonie ne nait pas seule, elle est la combinaison de toutes ces parties qui deviennent chacune indispensable.
J’ai devant moi quatre jours pour en profiter, faire autre chose, choisir, me dispenser de penser, éviter de trop galoper. نباتات et respirer un peu…