Il y a longtemps que je n’avais pas massacré l’histoire anglaise et justement je suis d’humeur extrêmement massacrante en ce moment. J’ai besoin de me défouler et comme je n’ai pas de bazooka sous la main, ça va tomber sur une pauvre figure innocente de l’histoire locale. Je rappelle que je ne suis absolument pas qualifiée pour parler d’histoire, mais c’est pas grave. Dans un élan d’intégration remarquable, je m’adapte aux coutumes locales, les apprentis fascistes qui nous gouvernent n’étant pas du qualifiés pour non plus.
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J’avoue que je n’avais pas d’idée préconçue et que j’ai un peu choisi ma victime au hasard. Enfin, pas tout à fait. Henry est un grand roi anglais…sauf qu’il est français en fait. Ça commence fort. D’ailleurs je me demande si Buckingham va aussi devoir faire la liste de tous les étrangers qui ont occupé le trône, ça risque de faire pas mal de monde. Et même ceux qui sont nés ici ne parlaient pas toujours anglais à la maison, c’était plutôt le français et parfois l’allemand. Je m’éloigne déjà du sujet, enfin du roi, alors que je n’ai pratiquement pas dit un mot sur Henri (ben oui, je le répéte, il était français, donc, on va l’écrire avec un i pas un y). Je reprends. Henri Plantagenet, dit Henri court-manteau en Français dans le texte est né en 1135, ça date, au Mans. C’est le fils du Comte d’Anjou. D’ailleurs, il reprend la boutique et devient lui-même comte d’Anjou, mais aussi comte du Maine, duc de Normandie, comte de Nantes et étoile polaire de la pensée. Un vrai petit Atlas géographique à lui tout seul. À part ça, il n’a pas l’air très intéressant. Il paraît juste qu’il a un sale caractère, bref c’est un sale gosse, on s’en fiche un peu…sauf que sa maman, c’est Mathide, la fille de Henry I, roi d’Angleterre (et 100% normand) et qu’elle décide que ce gros plouc de Stephen qui occupe le trône est un sale usurpateur, et ça va bien comme ça, c’est son petit Henri à elle qui devrait être roi. On sent la mère poule qui est prête à tout pour caser son rejeton. Elle va te lui dégoter un stage de souverain, sinon ça va barder. Henri, pour faire plaisir à sa maman qui n’a pas l’air commode fait tout bien comme on lui dit pour se faire remarquer de cousin Stephen. En pure perte. Stephen qui était bien-sûr comte de Boulogne et petit fils de Guillaume, encore un descendant de migrants.
Et puis voilà que dans un éclair de génie surprenant pour quelqu’un qui passait jusqu’à présent pour un rustre colérique pas très futé et incapable de faire autre chose que de taper sur tout ce qui bouge, Henri épouse Alienor d’Aquitaine qui vient juste de larguer ce benêt de Louis VII de France. A eux deux , ils possèdent presque la moitié de la France. C’est ballot. On sent que ce pauvre Louis a pris des avocats véreux pour négocier son divorce. Il s’est un chouïa fait avoir. Enfin bref, encouragé par Alienor, Henri s’agite contre Stephen, en allant faire des petits massacres d’anglais par ci par là. Probablement pour se défouler. Les historiens ne sont pas très fixés, mais il semblerait que suite à une visite d’Alienor, non seulement Stephen fait la paix avec Henri mais aussi l’adopte et le nomme héritier du trône, juste avant de mourir soudainement, à la surprise générale. A mon avis, elle a dû lui refiler deux ou trois caisses de Bordeaux, pour l’amadouer, ça se fait. Et là, paf, Stephen a tout bu d’un coup, et il n’a pas vu un méchant virus qui traînait et s’est jeté sur lui. Je ne vois pas d’autre explication. Henri devient donc roi d’Angleterre en 1154.
La suite par contre ne fait aucun doute. Henri est qualifié d’énergique par les historiens anglais. C’est à dire que les gallois et les irlandais par exemple le considèrent plutôt comme un dangeureux psychopathe. Il passe son temps à faire la guerre, avec une mauvaise humeur communicative. Il recolonise le Pays de Galle qui avait tendance à prendre ses aises sous Stephen, puis il pique la Bretagne et Toulouse à la France. Comme il ne sait pas quoi offrir à son petit dernier, Jean sans terre, il massacre les irlandais conquiert l’Irlande pour lui donner. C’est sûr, un petit pays asservi, ça fait toujours plaisir. Henri développe aussi le tourisme religieux, notamment à Canterbury, en faisant trucider sauvagement l’archevêque du coin. Saint Thomas Beckett est aussitôt canonisé. Il avait osé ne pas être d’accord avec Henri, qu’il jugeait un chouïa autoritaire et énervé, c’est fou quand même! Henri, qui pourtant s’entendait très, très bien avec Alienor au départ finit par se disputer aussi avec elle et leurs fils. C’est la pagaille totale dans cette famille, on se demande ce que font les services sociaux. Ça se révolte, ça complote, ça trahit…Henri finit par être dégoûté et il laisse la place à ses fichus gamins, qu’ils se débrouillent, lui il rentre à Chinon où il meurt en 1189.
Et bien c’est ce français légèrement caractériel (qui ne parlait pas un traitre mot d’anglais) qui servira de modèle à des tas de monarques anglais par la suite. Les victoriens étaient en admiration béate devant Henri et son colonialisme pathologique. Il faut dire aussi que c’est ce migrant qui a rétabli l’ordre en Angleterre, assuré une certaine prospérité, créé les bases du système judiciaire tel qu’il existe toujours, bref, qui est considéré comme le premier vrai monarque britannique (puisqu’il avait conquis le Pays de Galle et l’Irlande). J’en ris encore.