Septembre se termine et marque ainsi mon premier mois passé à Vienne. Un mois, mais quel mois ! Cela me semble à la fois dérisoire et... parfois, j'ai l'impression d'être ici depuis toujours. Septembre fut très riche : s'adapter à un nouveau quotidien, se créer de nouvelles habitudes... et surtout explorer un nouvel environnement. Même si je partage un peu cette nouvelle vie sur les réseaux sociaux (Twitter et Instagram principalement), j'ai envie de détailler un peu plus ces mois qui passent, d'autant que j'ai le syndrome "poisson rouge", à ne plus me rappeler des dates. Je réfléchis encore à la bonne formule pour partager cette expérience d'expatriation en Autriche alors je me suis dit qu'écrire ces récapitulatifs mensuels pourraient être un bon début.Un temps d'ajustement
Le plus grand ajustement auquel j'ai dû faire face à sans nul doute était le travail à domicile. J'avais déjà l'habitude de travailler depuis chez moi mais sur des périodes assez courtes, n'excédant jamais quelques jours, et de toute façon le bureau n'était jamais très loin. Là, je me retrouve coupée de tout la journée. C'est quelque chose de très déstabilisant, un combat de tous les instants même : ne pas s'autoriser à travailler en pyjama, ne pas en profiter pour s'occuper des corvées ménagères sous prétexte qu'on est à la maison, ne pas lire un énième billet de blog ou regarder une vidéo en se disant qu'on aura qu'à travailler un peu plus tard... La phase d'apprivoisement est toujours en cours, je tâtonne pour trouver les bonnes habitudes. Au début je pensais rejoindre un espace de co-working ou squatter les cafés, histoire de prendre l'air et voir du monde. Mais pour le moment, j'avoue que la flemme prend le dessus. On verra dans quelques mois si j'arrive à trouver un rythme qui me convienne.
Heureusement, je connaissais déjà Vienne donc je n'ai pas eu de période d'adaptation particulière : je sais m'y repérer facilement, le système de transport m'était familier, ainsi que les grandes lignes de la vie quotidienne. Néanmoins, cela ne fait pas tout, loin de loin. Il a fallu apprivoiser mon nouveau quartier et prendre doucement mes marques. Je ne m'y sens pas encore tout à fait comme chez moi mais j'y trouve mes habitudes, comme commencer à repérer (et tester !) des restaurants prometteurs. Souvent je regrette de ne pas habiter dans un endroit un peu plus touristique. Certes, je gagne en tranquillité, mais un autre problème se pose : se forcer à mettre le nez dehors. Si les premiers jours j'ai pris plaisir à explorer les alentours, très rapidement j'ai trouvé mille et une excuses pour ne pas sortir le soir, surtout après une journée de travail fatigante. Très mauvais : il ne m'a pas fallu une semaine pour développer de terribles insomnies, moi qui déjà n'ai pas un sommeil des plus terribles. Si on ajoute à cela que la nuit tombe désormais très tôt... Cela me fout le cafard et je sens que cela va être l'une des difficultés majeures de mon installation en Autriche. Résultat, j'essaye de sortir au moins une fois par jour, même si c'est que pour marcher quelques minutes ou rejoindre le supermarché. Je sens que cet hiver, avec la pluie et le froid... Pour le moment, je préfère ne pas y penser.
Autre gros changement, totalement inattendu celui-ci... mon adhésion à une salle de sport. Je peine encore à réaliser, je l'avoue. Car non, clairement, ce n'est pas possible : comment moi, qui déteste le sport et jurais il y a encore quelques mois qu'elle ne mettrait jamais les pieds dans un endroit pareil, a dans son portefeuille le fameux sésame ? Je ne m'attends pas à avoir le déclic et devenir accro un de ces jours, je trouve déjà assez incroyable de ne plus y aller à reculons mais plutôt avec une sorte de fatalité résignée. Comme je n'ai pas vraiment le choix (les paroles de mon médecin me font culpabiliser à chaque fois que je me défile), j'ai donc plutôt décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur : je me suis acheté quelques habits adaptés et surtout j'ai découvert les joies des livres audio, pour m'aider à faire passer le temps. Car pédaler pendant une heure sur un vélo, trois fois par semaine (en théorie, parce que la pratique, ce n'est pas encore ça)... Bonjour l'ennui !Une nouvelle vi(ll)e
Si sortir en semaine reste assez compliqué, le week-end au contraire, je ne tiens pas en place ! C'est aussi pour cela que je ne culpabilise pas trop de vivre en ermite le reste du temps : on va dire que je prends des forces pour la fin de la semaine. J'ai l'impression de rattraper toutes ces années passées dans une petite ville de province où je me sentais mourir à petit feu. Désormais, la moindre sortie m'enthousiasme comme si je voyageais à l'autre bout de la planète et non plus à l'autre bout de la ville. Ça a ainsi été l'occasion d'explorer de nouveaux quartiers, comme les bords du Danube. Je ne me lasse pas de retourner dans mes endroits préférés, je profite du soleil pour aller lire dans un parc, je flâne le nez en l'air, je passe trop de temps à tester les Apfelstrudel de tous les cafés qui croisent mon chemin... L'offre culturelle est extrêmement variée et chaque semaine regorge d'expositions, de festivals, et je me surprends même à être intéressée par des événements pour lesquels je ne pensais pas avoir d'atomes crochus. Je ne sais pas si cet appétit dévorant durera longtemps mais pour le moment j'en profite à fond.
Parmi les expériences dingues en septembre, j'ai eu l'occasion d'assister à la MQ Vienna Fashion Week. Quand j'en ai entendu parler, j'ai bien vérifié au moins dix fois que c'était ouvert à tous, tellement j'étais persuadée que ce genre d'événement n'était réservé qu'aux gens du milieu. Mais bon, j'ai acheté ma place, on ne m'a pas refoulée à l'entrée et munie de mon petit bracelet j'ai pu assister à quatre défilés. Je me suis même retrouvée en front row pour deux d'entre eux, quand il a fallu remplir les sièges des VIP qui n'étaient pas présents ! Ça a été l'occasion de découvrir le travail de créateurs autrichiens mais pas que : j'ai notamment eu un gros coup de foudre pour les robes magnifiques de Miau, les silhouettes bicolores de Veni Creatrix et les mailles de Masi.
Si je n'ai aucun mal à faire tout à un tas d'activités seule (à commencer par voyager) il y en a pourtant une qui me bloque toujours : aller au restaurant. Quand je ne suis pas dans ma ville, je n'ai pas le choix, mais autrement, il ne m'est pas naturel de sortir et aller m'attabler seule avec moi-même... Déprimant – je préfère encore me faire livrer à domicile ! C'était donc une petite victoire que d'aller au Vienna Food Festival, qui a commencé hier. D'habitude je fuis ces événements comme la peste, tellement je ne m'y sens pas à l'aise. Mais là, je me suis dit que c'était l'occasion de découvrir un peu plus la gastronomie autrichienne. Raté : l'endroit regorgeait plus de stands de burger que de plats locaux mais j'ai noté le nom de pas mal de producteurs ou restaurateurs. 
On pouvait même goûter des insectes... Je ne sais pas vous, mais ça ne m'inspire pas du tout !
Voyage(s)
Ce mois-ci, j'ai enfin eu l'occasion de sortir des limites de Vienne (il est vrai que je m'étais déjà rendue à Klosterneuburg mais la ville est tellement proche que dans mon esprit, ça ne compte pas vraiment). Pour cette première excursion en Autriche, j'ai choisi la ville de Baden... par pur esprit pratique ! Le train qui y mène passe en effet en bas de chez moi et quand je me suis renseignée sur ce qu'il y avait à voir, je me suis dit : pourquoi pas ? Et j'ai bien fait ! Cette petite ville a été un véritable coup de cœur, et me conforte dans l'idée que j'ai choisi le bon pays pour venir m'installer. Je ne veux pas trop en dire ici car un billet sur ma journée là-bas devrait arriver très vite. Dans tous les cas, je compte continuer ma découverte du pays, l'idée étant d'ajouter chaque mois au moins un nouvel endroit. En octobre, j'ai prévu d'aller à Graz... On verra si je me tiens à ce planning imaginaire.
Parmi les promesses que je m'étais faites en décidant de déménager en Autriche, il y avait bien évidemment celle de voyager le plus possible. Vivre là-bas va m'ouvrir les portes de l'Europe de l'Est, une occasion à ne pas manquer. Résultat, en septembre je suis... retournée en France, deux semaines seulement après mon déménagement. Non, mon pays ne me manquait pas déjà mais cette obligation professionnelle m'a au moins permis de passer du temps avec mes amis : une opportunité que je ne pouvais pas refuser. Mais alors, quid de mes résolutions ? J'ai bien cru ne pas pouvoir la tenir en septembre, ayant dû repousser ma virée à Bratislava le week-end dernier pour cause de trop grande fatigue. Mais, à l'heure où sort cet article, il se pourrait bien que je sois en train d'arpenter les rues de la capitale slovaque... (Je reviendrai éditer ce billet à mon retour.)
Les objectifs du mois prochain :
- rencontrer du monde : pour le moment, je vis un peu en autarcie ; mes échanges avec les locaux se font uniquement dans un cadre pratique (au restaurant, au supermarché...). J'aimerais bien rencontrer d'autres expatriés français, pourquoi pas trouver un tandem pour pratiquer la langue. Mais avant ça :
- m'inscrire à un cours de langue : pour le moment j'apprends l'allemand par moi-même mais je sens que mes progrès sont en train de stagner. Et surtout, il faut que je me force à parler et entendre la langue. Je n'ai pas encore trouvé mon bonheur en terme de tarif et de fréquence, il va falloir que je m'y penche sérieusement car ça devient urgent : rien de plus frustrant que d'avoir peur de parler la langue de peur de ne pas comprendre son interlocuteur !
- voyager : je pense pouvoir caler une sortie en Autriche (à Graz donc, peut-être) ; pour l'étranger, ce sera compliqué car je reviens encore en France (les joies de garder son travail là-bas ! Les allers-retours vont être fréquents, au moins une fois par mois).
- développer le côté expatriation sur le blog avec, j'aimerais bien en tout cas, la mise en place d'interviews d'autres expatriés pour faire découvrir Vienne autrement, sous un angle moins "guide touristique". D'ailleurs, si toi qui me lis tu habites à Vienne et que ce projet t'intéresse, n'hésite pas à me contacter !
- et continuer à profiter, tout simplement !
