Expat and family ties

Publié le 13 septembre 2016 par Pomdepin @pom2pin

Je suis un peu débordée (ça m’arrive facilement), mes parents sont là. Je me transforme en guide touristique /cuisinière/ traductrice pour leur montrer encore une fois que la vie en Angleterre, c’est sympa et loin des clichés. En plus il fait un temps radieux. Les enfants sont ravis, PrincesseChipie est toute fière d’aller à l’école avec son papi, comme les copines. C’est pas si souvent. WizzBoy, comme toujours a marqué un temps d’arrêt quand papi et mamie sont arrivés: encore des gens qui sont sortis de l’ordinateur! Pourquoi ça ne marche pas avec les transformers? (Il est passé aux transformers maintenant, après une campagne de propagande honteuse menée par GeekAdo…j’en regrette Fireman Sam, c’est dire). WizzBoy était tout intimidé, mais il a vite compris qu’il pouvait mener papi et mamie à la baguette et qu’il avait un nouveau public totalement captif qui pousse des cris de joie devant tout ce qu’il fait, il aime beaucoup. Par contre, comme il parle de plus en plus en anglais, à cause de la preschool et qu’il a encore du mal à choisir sa langue selon ses interlocuteurs, la communication est difficile. Surtout que d’habitude, les gens extérieurs à la maison parlent anglais, c’est confus tout ça!  Pourquoi papi et mamie ne comprennent pas « you play avec me, d’accord, please?…s’il you plait? Joue with me! » Il y a aussi parfois de grands moments d’incompréhension même avec les plus grands, pas uniquement dûs à des problèmes de langues, mais à cause de modes de vie et d’habitudes un peu différents entre les Landes et l’Angleterre. Pas facile d’avoir une relation suivie et qui coule de source avec papi et mamie quand on  vit dans un autre pays. 


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Quand on est parti en Irlande, il y a 20 ans, il n’y avait pas encore Skype. C’était beaucoup plus difficile de garder un contact régulier avec la famille en France. Le coup de téléphone hebdomadaire (depuis une cabine!) nous coûtait un bras. Certes mes parents trouvaient que c’était progrès par rapport au Mexique d’où je revenais et où j’avais annoncé que je voulais repartir rapidement (ce que j’aurais fait si je n’avais pas rencontré un geek de 6m08 qui debout, m’a raconté des histoires incompréhensibles d’horaires alors que j’étais encore assise…je sens que je m’égare). Mais les parents de Marichéri ont eu plus de mal au départ. Je ne parle même pas de nos frères et soeurs (plus jeunes en plus…on est complètement passé à côté de grandes étapes de leur vie).

Tous les grands moments qui ont marqué notre vie d’adultes ont aussi été décidés et souvent réalisés loin de nos familles françaises. Tout comme on apprend avec un temps de retard les grossesse, les fiançailles, les bonheurs et les malheurs de nos proches….quand on les apprend! On manque les anniversaires, les mariages, et les décès aussi. Et c’est réciproque. C’est peut-être de l’égoïsme ou c’est peut-être l’habitude, mais ça ne nous manque pas vraiment.  Pour la naissance de L’Ado, on avait même demandé aux grands parents de ne pas venir, on voulait vivre ce grand moment juste tous les deux. Ce fut une réussite complète, quand l’Ado est né, l’obstétricien, qui avait révisé son français pour l’occasion, ne nous a pas annoncé : « it´s a boy » mais « c’est un poulet ». Ça surprend…mais on ne regrette pas d’avoir  vécu tout ça sans notre famille, même si on sait que ça a dû être difficile pour eux. Aujourd’hui, c’est différent (c’est ma minute ancien combattant, de mon temps, ma bonne dame), avec skype, on a l’impression d’avoir réintégré un peu la famille, même si c’est par écran interposé. Mais le fossé qui s’est creusé avec les années ne se rebouche pas comme ça. Tous ces gens, ma famille derrière leurs écrans, je les vois comme quand je suis partie, il y a 20 ans , alors que beaucoup de choses ont changé dans leurs vies et dans la mienne. Du coup, j’ai du mal à les reconnaître. C’est la même chose de leur côté, ils ne savent pas trop qui est cette femme  (le premier qui dit ‘qui a la quarantaine’, je le mords. J’ai 4 ans et demi, je ne veux rien savoir) en face d’eux, avec sa ribambelle d’enfants et ses manies anglo-saxonnes qui n’a plus rien à voir avec l’ado dont ils se souviennent.  Quand aux plus jeunes, il n’ont pas la moindre idée de qui je peux bien être et ce que j’ai à voir avec leur famille. 

Pour nos enfants, c’est encore autre chose. Les cousins sont des êtres lointains avec qui ils n’ont pratiquement aucun rapport, c’est à peine si ils parlent la même langue (et encore une fois, je ne parle pas des problèmes de bilinguisme mais des différences culturelles!). A part leurs grands parents et ma sœur, qu’ils voient assez régulièrement, le reste de la famille n’est qu’une nébuleuse floue et inconnue. Et ils s’en portent très bien, ils n’ont jamais connu autre chose! Tant qu’ils sont petits, ils n’ont même aucune idée de qui peuvent bien être ces gens qu’ils voient au mieux tous les 6 mois, ou juste une fois par an. Alors certes, ils apprécient toujours la montagne de cadeaux qui va avec, mais à part ça, ils ne voient pas trop. Ne sachant pas du tout qui était cette aimable dame qui le couvrait de bisous, GeekAdo à deux ans et demi , a poliment appelé sa grand-mère « monsieur ». Un an plus tard, pour la visite suivante, il avait été briefé à l’avance par L’Ado , et il a donc gratifié sa mamie d’un grand « bonjour papi! ». Il était très fier de lui. Par contre, il tenait absolument à appeler ma sœur ( ma petite sœur) Mamie,  pour replacer ce mot bizarre qu’on lui avait fait répéter depuis des semaines. Quand ils commencent à aller à l’école, les enfants découvrent que les grands-parents sont beaucoup plus présents dans la vie de leurs petits camarades que dans la leur. Et surtout, ils savent enfin qui sont Papy et Mamie, ils les reconnaissent bien d’une visite à l’autre, leur parle au téléphone, leur font coucou sur Skype… Mais alors que les petits copains vont chez leur Granny après l’école ou se promènent avec Grandad, nos enfants ne voient les leurs que quelques jours par an. Mais grands-parents comme petits-enfants profitent à fonds de ces visites, c’est une fête permanente. 

Je commence aussi à angoisser, en me disant que bientôt ce sera au tour de mes enfants d’aller voir ailleurs, si ils en ont envie. Et là, je n’ai qu’une chose à leur dire: foncez, découvrez, rêvez, voyagez et allez plutôt dans un pays ensoleillé et que je n’ai pas encore visité. Si vous voulez, je l’ai déjà dit, mais je peux faire une liste de mes destinations préférées….c’est vrai quoi, autant que ça serve à quelque chose!
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