C'est très étrange d'utiliser ce mot, "nouveau". Ce projet, je le mûris depuis plus d'un an, comme je vous le racontais ici. J'ai eu le temps de retourner le problème dans tous les sens, d'imaginer vingt mille scénarios possibles, et ces dernières semaines, j'étais surtout plus impatiente qu'angoissée : pas tant à l'idée de partir enfin mais plutôt à l'approche de la concrétisation de cette année de transition. Toute cette attente allait enfin aboutir à quelque chose ! Il n'y a que le matin du départ que j'ai commencé à réaliser ce que j'avais décidé de faire. Était-ce bien raisonnable ? Dans quoi est-ce que j'étais en train de m'embarquer ? Mais trop tard pour faire machine arrière...
Dix-huit heures de trajet plus tard, il a suffi que je voie le panneau Erns Fuchs Museum à l'entrée de Vienne, que je longe le Otto Wagner Hopfpavillon et Schönbrunn pour que mes doutes s'envolent. Raisonnable ou non, qu'importe : après un peu plus d'une semaine, j'ai l'impression d'avoir toujours vécu ici. Je n'ai pas senti de transition, je n'ai pas eu à lutter pour m'acclimater à un nouvel environnement, je n'ai pas eu besoin de me forger de nouveaux repères. C'est le déménagement le plus facile que j'ai jamais fait.
Oh bien sûr, ce n'est pas pour autant qu'il n'y a pas eu des galères (et que je nage encore en plein dedans) : l'absence d'Internet les premiers jours, problématique quand on travaille de chez soi, a donné lieu à quelques situations cocasses ; ma douche cassée et le parcours du combattant pour faire venir un plombier ; l'horreur absolue qui m'assaille quand je passe les portes d'un supermarché (mais rendez-moi mes produits français !) ; cette lutte de tous les instants pour comprendre et se faire comprendre. Car oui, mon niveau d'allemand est au ras des pâquerettes, mon oreille pas du tout habituée à entendre cette langue, et j'ai encore trop souvent le réflexe de parler en anglais quand je dois m'exprimer, comme si je n'étais là qu'en simple touriste. Je n'ai pas encore assez confiance en moi pour m'exprimer en allemand, même si je sais que je suis capable de phrases simples. Ce sera mon grand combat de ces premiers mois et certainement celui qui me fait le plus peur.
Mais à côté de ça, je pense avoir retrouvé une certaine sérénité et joie de vivre (bon OK, quand on me connaît, c'est dur à croire mais si si !) qui m'avaient fait défaut pendant de nombreuses années. Je me lève plus facilement le matin, alors que désormais je travaille chez moi à temps plein. Je ne culpabilise plus si je ne rentabilise pas mes journées au maximum, surtout les week-ends. J'ai retrouvé goût aux choses simples qui me paraissaient inimaginables dans mon ancienne vi(ll)e : sortir boire un verre, flâner dans mon quartier... Et surtout, chaque petit détail de mon quotidien m'émerveille : découvrir un nouveau bâtiment Art nouveau dans ma rue ; prendre le tram et parcourir un nouveau quartier ; cocher un nouvel endroit sur ma to-see list et me dire que oui, forcément, je reviendrai ; apprendre l'existence d'une chouette exposition... et d'une dizaine d'autres à venir. Rien que de savoir que depuis le pas de la porte de mon immeuble j'aperçois le dôme de la Karlskirche me fait sourire niaisement !
Alors, est-ce que cela durera ou est-ce juste les paillettes du début ?
Je ne sais pas encore comment se traduira ce nouveau quotidien sur mon blog : je ne me suis pas certaine de pouvoir tirer de mon quotidien des expériences sur l'expatriation à partager. Ce qui est sûr par contre c'est que je continuerai de vous faire découvrir ma ville de cœur et ses plus beaux endroits, mais également le reste de l'Autriche et les pays limitrophes, car je ne compte pas rester cloîtrée chez moi tout le temps ! J'ai également beaucoup d'articles sur la France et mon récent voyage à Venise à partager, de quoi donc occuper les prochaines semaines. En attendant, pour avoir un aperçu de mon quotidien à Vienne, je vous invite à me suivre sur Twitter et Instagram, c'est encore ici que je suis la plus bavarde.