Vous voulez faire le Tour de l’Ausangate en autonomie? Vous avez raison, c’est une randonnée aux paysages d’une grande beauté et d’une diversité incroyable, dont la principale difficulté technique est l’altitude (tout se passe entre 3800 et 5200 mètres). Si vous hésitez, allez voir mon article précédent: choisir sa randonnée au Pérou !
Pour ceux qui voudraient tenter l’aventure du Tour de l’Ausangate en autonomie, sans guide ni porteurs, voici donc quelques indications. Les retour d’expérience glanés sur internet des randonneurs qui y sont allés m’ont été extrêmement utiles; j’espère que ces indications convaincront d’autres randonneurs de faire cette randonnée inoubliable!!
Durée: entre 4 et 6 jours (minimum: trois jours pleins de marche + deux demi-journées de transport); possibilité d’allonger le trajet vers Phinaya pour quelques jours de plus
Distance: 70 km
Altitude: entre 3800 et 5200 mètres
Dénivelée positive: environ 2700 mètres
Point de départ et d’arrivée: Tinki, à 140 km (4h de route) au Sud-Est de Cuzco
Saison: le Tour de l’Ausangate peut se faire en août et jusqu’à mi-septembre (risque de neige dans ce cas)
Remarques générales
Il est absolument nécessaire d’être acclimaté à l’altitude avant de s’engager dans cette randonnée. La dénivelée journalière serait “facile” à basse altitude, mais l’élévation rend le moindre effort difficile. Les feuilles de coca (mâchées ou en infusion de “mate de coca”) aident à s’adapter…
Possibilité de louer à Tinki les services d’un muletier (et de sa mule…), qui sert également de guide; le prix était de l’ordre de 10 dollars par jour (j’ai oublié le chiffre précis, mais le montant est tout à fait raisonnable).
On peut si besoin compléter son matériel de randonnée à Cuzco dans les magasins de la rue Procuradores (elle part du coin Nord de la Place d’armes); pour les bombonnes de gaz, certaines auberges de jeunesse stockent celles qui n’ont pas été totalement utilisées à l’intention de randonneurs futurs.
Equipement additionnel en autonomie
Sac de couchage 0°C (ou plus épais selon la période)
Pastilles de purification d’eau (l’eau est abondante mais non potable)
Trace GPS (pour ma part, j’ai trouvé cela absolument nécessaire en l’absence d’un guide, car il n’existe pas de carte de qualité de la zone). Vous pouvez acheter la carte la moins médiocre au centre South American Backpackers, mais elle est chère et ne sert pas à grand chose.
Une bonne réserve de feuilles de coca n’est pas une nécessité, mais j’ai trouvé cela bien utile! En tout cas, si je compare à d’autres randonnées en altitude, j’ai eu l’impression (peut-être par autopersuasion…) de souffrir moins de l’altitude.
Durées des étapes
Voici les étapes du Tour de l’Ausangate tel que je l’ai fait:
- Jour 1: bus pour Tinki (3h) et Tinki-Upis: +700m, -100m, 13km, 5h
- Jour 2: Upis – Ausangate cocha: +600m, -440m, 14km, 8h
- Jour 3: Ausangata cocha – col Jampa: +1270m, -730m, 18km, 9h
- Jour 4: Col Jampa – Tinqui: +100m, -1400m, 25km, 6h et bus pour Cuzco (3h)
Cela permet de camper en bas des grandes montées, ce qui est plus prudent… Comme je l’ai matérialisé sur le plan (voir plus bas), il y a d’autres campements, ce qui permet de moduler les étapes; voici le détail des trajets entre deux campements successifs (les chiffres sont approximatifs en l’absence de carte précise):
- Tinki – Upis: +700m, -100m, 13km, 5h
- Upis – Pucacocha: +400m, -240m, 11km, 5h
- Pucacocha – Ausagante cocha: +250m, -250m, 3 km, 3h
- Ausangate cocha – Finaya: +670m, -630m, 6km, 3h30
- Finaya – Ticllacocha: +350m, -100m, 10km, 4h
- Ticllacocha – col Jampa: +200m, -0m, 2 km, 1h30 (j’ai dû dormir vers le col, mais il y a deux beaux campements respectivement 45 minutes et 1h15 après le col en redescendant).
- Col Jampa – Pacchanta: -750m, 12km, 3h30
- Pacchanta – Tinki: +100m, -650m, 13km, 2h30
Total: +2670m, -2670m, 70km, 25h
Un itinéraire possible, plus paisible en terme de rythme de rando et plus esthétique pour le choix des campements, serait:
- Jour 0: bus pour Tinki (3-4h) et nuit à Tinki
- Jour 1: Tinki – Upis (5h) et sources chaudes
- Jour 2: Upis – Pucacocha (magnifique site…) (5h)
- Jour 3: Pucacocha – Finaya (6h30)
- Jour 4: Finaya – le 1er campement après le col Jampa (6h15)
- Jour 5: redescente jusqu’à Tinki (5h15) et bus pour Cuzco (3-4h)
Plan de la randonnée
Ayant comparé les différents blogs qui en parlent (ici et ici par exemple) et un guide très fourni trouvé dans mon auberge de jeunesse à Cuzco, j’en ai conclu qu’il est possible d’allonger ou de raccourcir la randonnée en choisissant bien ses campements.
J’ai essayé de reconstituer une carte schématique plus claire que ce que j’ai pu trouver, afin de matérialiser les options. En fond j’ai utilisé la seule carte disponible de l’itinéraire (il n’y en a pas de plus précise); j’ai matérialisé le trajet, les campements, les cols et les durées.
Voici la même carte sans le fond:
Premier jour (Tinki-Upis; +700m, -100m, 13km, 5h)
Prendre le bus de Cuzco à Tinki/Tinqui (de préférence tôt pour garder du temps pour la randonnée). Le bus part du terminal d’Ocongate fréquemment (toutes les heures); il coûte 20 soles et met 3-4h pour arriver à destination (il emprunte en fait la transaméricaine, qui aboutit quelques milliers de kilomètres plus loin à Sao Paulo!).
Route magnifique… Tinki (3800 mètres) est une petite ville avec un marché sympathique le jour où j’y suis passé, on y trouve de petits ravitaillements. Possibilité d’y dormir la veille pour s’acclimater.
Se faire indiquer le début de la randonnée (face au marché central, contourner le marché par la gauche et continuer tout droit jusqu’à un petit pont). Payer le droit d’entrée (10 soles). Suivre les panneaux “Upis” quand il y en a. Attention, certains croisements ne sont pas évidents, j’ai fait route avec un Péruvien pour ne pas me perdre.
Un fois sorti du village, le chemin est évident pendant 2-3h. Il monte en pente douce vers le massif. Puis les bifurcation se multiplient et je me suis un peu perdu (les bergers m’ont envoyé sur la mauvaise route…). J’ai retrouvé le chemin grâce à la trace GPS. Le campement d’Upis est au bout d’une vallée assez large de bofedales (prairies inondées) et au pied d’un petit col qu’on passe le lendemain. Attention, les troupeaux sont gardés par des chiens que j’ai trouvé assez agressifs (ils m’ont fait bien peur) mais qui selon les bergers ne sont pas dangereux…
A mon arrivée il n’y avait personne au campement (4430m); un Péruvien est arrivé à la tombée de la nuit et j’ai payé 5 soles (possibilité de dormir à l’intérieur; pour ma première nuit j’ai préféré le « confort »). Il y a des sources chaudes juste en-dessous du campement, mais il était un peu trop tard pour les essayer.
Deuxième jour (Upis - Pucacocha - Ausangate Cocha, +600m, -440m, 14km, 8h)
Premier col (col Arapa, 4800 mètres); le chemin est clairement marqué. On aboutit sur un micro-plateau; il faut ensuite rester à flanc de colline sur la gauche.
Sympathiques troupeaux de lamas, belle vue sur l’Ausangate, magnifiques couleurs des montagnes (jaune, rouge, orange, gris…).
En contournant la petite montagne de gauche on arrive à un petit lac. Continuer à descendre doucement vers un second lac beaucoup plus grand, avec une sorte de mirador. Là j’ai dû me tromper, distrait pas un sympathique troupeau de lamas (ou bien plusieurs options existent). J’ai contourné par la gauche jusqu’à la cascade puis continué dans la vallée; en fait il fallait soit contourner par la droite, soit (ce que j’ai fait ensuite) continuer le contournement au-delà de la cascade pour se retrouver dans la bonne vallée.
Le chemin pas évident (j’ai utilisé la trace GPS) mène ensuite à un des plus beaux points de vue de la randonnée: un grand lac (Pucacocha, 4560m) au pied de l’Ausangate. Magnifique glacier où l’on voit (et entend!) des avalanches. On peut y camper (c’est vraiment beau), mais l’exigence pratique pousse à continuer (il vaut mieux dormir avant les grands cols difficiles…).
Le chemin ne descend pas au lac, mais continue sur la droit à flanc de montagne, vers des roches bien rouges. La journée finit par un petit col (4850m), avant de redescendre abruptement dans une vallée. Le campement (4650m) est en bas près du lac et coûte normalement 10 soles (il n’y avait personne); il y a des WC et des robinets; beaucoup de vent en revanche.
Troisième jour (Ausangate Cocha - Finaya - Col Jampa, +1270m, -730m, 18km, 9h)
Premier gros gros col de la randonnée (col Palomani, 5100 mètres). J’y suis allé bien lentement, en 1h30. Le chemin n’est pas toujours évident, j’ai utilisé la trace GPS pour viser le bon col… Il y avait un peu de neige par endroits mais pas sur le chemin.
Au sommet, panorama de fou sur tout le massif. Sommets vertigineux couverts de glaciers, immenses pierriers, un lac rouge vif… On a une vue à 180 degrés proprement gigantesque. Je me suis attardé un peu pour bien en profiter (la plus belle vue de la rando je trouve).
Puis redescente dans la vallée. Plusieurs chemins sont possibles, mais ça ne change rien (de toute façon il faut redescendre jusqu’en bas). Quelques bergeries.
Quand la vallée se jette dans une autre à Finaya (4500m), attention à ne pas se tromper d’itinéraire. Possibilité de camper là. Par la droite (chemin le plus évident) c’est une autre randonnée qui se poursuit pendant quelques jours vers le Sud-Est. Prendre bien à gauche pour remonter.
On remonte entre des bofedales. Le chemin n’est pas évident et je me trompe plusieurs fois. Ça ne cesse de monter en pente douce pendant tout l’après-midi.
Pour ma part j’ai continué et j’ai dû manquer le campement. La montée étant progressive et régulière, elle se fait très bien. Je suis donc arrivé en fin d’après-midi au col Jampa à 5070 mètres sans trop m’en rendre compte. Le dernier kilomètre est assez pénible, car le chemin se perd très facilement et on marche au flanc d’un versant bien raide. J’ai campé au voisinage du col faute de mieux (c’était ça ou redescendre…). Vue magnifique sur un glacier sur le flanc opposé.
Quatrième jour (Col Jampa - Pacchanta - Tinqui, +100m, -1400m, 25km, 6h)
100% redescente. Au bout de 45 minutes, arrivée à un premier campement. A posteriori, j’aurais beaucoup mieux fait de continuer encore un peu la veille. Une demi-heure plus tard, arrivée à un deuxième campement: site magnifique, le plus beau campement avec celui du lac Pucacocha après Upis. Il y a une bifurcation dans cette zone: j’ai pris à gauche.
Un chemin est clairement indiqué au sol, mais il ne correspond pas à l’itinéraire officiel. Je l’ai suivi (le chemin) en passant par des lacs et des vasques aux couleurs incroyables.
L’eau de ces petits lacs est d’une clarté incroyable…
En arrivant à un lac plus grand (où le chemin fait mine de passer par un pierrier sur la gauche) je me suis rendu compte que je n’étais pas sur l’itinéraire officiel. Deux possibilités alors: continuer dans la vallée (je pense que ça marche, mais ça doit être plus long) ou bien remonter sur la crête, que suit l’itinéraire officiel. J’ai donc monté un versant à la barbare pour rejoindre le « bon » chemin; je pense qu’il est plus rapide.
Le chemin finit par rejoindre la vallée; quelques bergeries et bofedales.
Puis une autre vallée. Après quelques heures on arrive aux sources chaudes de Calachaca puis au village de Pacchanta; il y a des possibilités d’hébergement et (semblerait-il) des sources chaudes. Je trouve ça assez moche, et je continue.
Compter 1h30 en pente douce (à vitesse maximale!) pour redescendre à Tinki. Ce n’est pas la partie la plus intéressante, même si on peut observer des scènes de la vie villageoise.
J’étais un peu fourbu et j’ai trouvé ça assez interminable. Les moins courageux pourront essayer de se faire prendre en stop par une moto (il en passe de temps en temps). Attention à ne pas se perdre à l’arrivée du dernier village avant Tinki (Pinchimuro): il faut prendre un chemin de terre juste avant d’arriver à une petite place avec une église colorée (la seule du coin…). Compter encore une heure avant d’arriver au pont que l’ont a traversé au début de la randonnée.
Les bus partent régulièrement de la place devant le marché. J’étais rentré pour le dîner.