Si vous avez lu mes billets précédents sur le Vanuatu, vous savez à quel point j’aime ce pays : sa nature sublime, ses gens adorables… Vivre ici, c’est vraiment une belle expérience. Ça pourrait être le paradis sur terre ! Oui, ça ressemble au paradis mais… NON ! On doit faire face au quotidien à des situations gênantes voire flippantes.
Pourquoi le Vanuatu n’est pas le paradis sur terre
D’abord parce que le paradis terrestre n’existe pas (pour l’autre, j’attends de voir !). Quand j’ai rencontré Benoit, il cherchait le paradis sur terre, LE lieu où il aurait envie de se poser pour toujours. Comme j’aime les chasses au trésor, je l’ai accompagné dans sa recherche. On a plusieurs fois eu l’impression d’arriver au paradis. Et puis, au bout d’un moment, on a dû se rendre à l’évidence : aucun lieu sur terre n’est complètement paradisiaque ! Il y a toujours l’envers de la carte postale. Cette magnifique chasse au trésor nous a au moins permis de découvrir ce que l »on aimait vraiment et que nous avons en commun. Le Vanuatu réunit beaucoup d’éléments qu’on aime beaucoup: une nature tropicale et sauvage, la mer sublime, un lieu simple sans « bling bling », des gens agréables et accueillants, etc … Pour l’envers de la carte postale, je vous ai déjà rapidement parlé des catastrophes naturelles qui frappent régulièrement le pays et de sa grande pauvreté. Mais ce n’est pas de ça dont je vais vous parler aujourd’hui. Il y a un autre problème. Un problème qui a pris de l’importance dans notre quotidien et dont j’ai évité de vous parler jusque là !
Je vous préviens, cet article ne va pas vous vendre du rêve ! Préparez-vous à découvrir une des faces cachées de ces magnifiques destinations tropicales où la nature est reine. Pour les photos, je préfère les mettre à la fin de l’article. Si vous avez été assez courageux pour supporter ce papier, vous pourrez les voir ! Sinon, j’essaie de préserver les âmes sensibles !
Nos envahisseurs !
Le problème est qu’en théorie, nous vivons tous les deux dans une maison sympa. On a le confort de base (qui est un luxe ici) : eau chaude, électricité et Internet. Pour le reste, c’est simple mais notre maison a deux points forts : 1. une vue sur la mer depuis notre colline. C’est sublime. C’est juste pour ça qu’on a choisi cette maison ! 2. La maison a des moustiquaires devant chaque ouverture. Je peux vous dire que c’est super important. Pour avoir vécu avec des moustiques voraces dans une maison complètement ouverte il y a quelques années, je peux vous assurer que pour nous, les moustiquaires signifiaient « tranquillité ».
Oui, mais ça, c’est une illusion ! Nos envahisseurs n’en ont rien à faire des moustiquaires !
Nos envahisseurs ? Ah oui, il faut que je vous les présente :
- Dans le rôle des bataillons imperturbables qui te dévorent toutes tes vivres à la vitesse de la lumière, j’ai nommé : les fourmis ! Elles repèrent la moindre miette et débarquent en masse en quelques minutes. Elles peuvent grimper le long des murs, entrer dans les sacs plastique fermés. Rien ne les arrêtent ou presque. Une fourmi est entrée dans ma tablette Samsung. Résultat : fourmi : 1 – tablette : 0 ! Repose en paix ma chère tablette…
- Dans le rôle des magnifiques créatures à 8 pattes qui surgissent de derrière les wc quand tu es assis sur le trône, j’ai nommé : les araignées géantes ! (Ne riez pas ! Notre tête à tête aux toilettes ce matin à l’aube est le déclencheur de ce papier ! Je dois exorciser ! Elle avait la taille de ma main ouverte !)
- Dans le rôle des machins qui sortent de tous les coins le soir et meurent le matin, j’ai nommé les mille-pattes ! Ils sont partout et si tu fais pas gaffe, tu marches dessus et c’est « beurk »: une tache violette indélébile sur la plante des pieds !
- Dans le rôle des longs machins que tu dois couper en 2 parce que c’est toi ou c’est eux, j’ai nommé : les scolopendres ! Benoit a été piqué il y a quelques années dans une petite île thaï en pleine nuit et cela fait partie de sa légende. Il a souffert le martyre. Benoit a cru voir sa dernière heure arriver mais un vieux Thaï l’a soigné avec des plantes et lui a dit : « you won’t die today ». Il a effectivement survécu mais le souvenir reste douloureux ! Depuis, les scolopendres sont nos ennemis n° 1.
- Dans le rôle des animaux de compagnie à longue queue qui te matent à longueur de journée, j’ai nommé : les lézards ! Ils sont plutôt gros et se planquent un peu partout y compris dans la chambre !
Vous remarquez que je ne parle pas des moustiques ! Euh, ils sont disciplinés, ils restent dehors ! Ils attaquent parfois mais ils nous foutent la paix chez nous ! Pour les autres, c’est une autre paire de manches ! Il ne respectent pas la propriété ! Enfin…. ça, c’est ce que je me suis dit au départ : « ils se croient chez eux, ou quoi ? » Et puis, j’ai réfléchi ! Oui, en fait ils SONT chez eux ! Ils étaient là avant moi !
Ils sont partout ! On ne sait pas d’où ils viennent, d’où ils sortent ! C’est un mystère total ! Vu leur taille, on ne comprend vraiment pas ! La seule explication est qu’ils se reproduisent à l’intérieur de la maison ! Où ? Peut-être dans les murs ! Mystère !
Comment on cohabite
Petit à petit, on a adopté plein de réflexes à cause de ces envahisseurs ! C’est impressionnant tout ce que ces bébêtes nous obligent à faire. Voici un échantillon :
- Les baguettes croustillantes (on a une super boulangerie française : un rêve !) se retrouvent coupées en trois dans une grande boite hermétique où elles deviennent toutes molles ! C’est ça ou les fourmis font un festin ! Oui, j’en ai la preuve, les fourmis du Vanuatu adorent le pain français !
- Quasiment toute la nourriture est au frigo ! On a plein de placards vides !
- Je dis le mot » fourmi » toutes les 2 phrases : « Benoit laisse pas ta tasse ici : les fourmis », « range- le vite au frigo : les fourmis ». Benoit pense que je développe des TOC !
- Quand on entre aux toilettes, on avance au ralenti et on vérifie tous les recoins ! ( idem pour la douche)
- On a des couteaux à disposition pour les scolopendres. Quand tu en vois un, tu restes calme, tu prends le couteau et tu le coupes en 2 d’un geste sec ! La bombe insecticide lui provoque un shut et ensuite il continue de gambader ! Inefficace !
- Tous les matins, je ramasse les cadavres des dizaines de mille-pattes avec ma petite balayette !
- Quand j’étends du linge sur le fil à l’extérieur, je ne dois pas le laisser trop longtemps sinon, des toiles d’araignée apparaissent entre le fil et le plafond de la terrasse, en passant par mes vêtements propres !
- Je vérifie le lit tous les jours, dans tous ses recoins.
- J’enlève en permanence des toiles d’araignées, partout partout : les ouvertures de portes, les placards, tous les angles…
- Je nettoie beaucoup mais je dois accepter que notre maison semble négligée ! Contrairement à ce que pense Benoit, si j’avais vraiment des TOC de propreté, je ne survivrais pas ici !
Je suis sûre que vous vous dites : il n’ y a qu’à mettre des gros coups de bombe insecticide partout et c’est tout ! Une bonne fumigation et on n’en parle plus !
Pourquoi je ne les extermine pas
C’est vrai que c’est le réflexe !
Déjà, je dois vous dire que je ne suis pas du tout phobique des bébêtes. Quand j’étais enfant, j’aimais même beaucoup les étudier au microscope. A la fac, j’ai étudié la vie des fourmis et des abeilles en psychologie sociale et ça m’a passionnée !
Ensuite, j’évalue les risques. A part les scolopendres, on ne craint rien au niveau de la santé, donc, je relativise ! Je coupe les scolopendres en deux ! J’écrase les araignées parce que j’ai déjà eu une grosse infection à cause d’une piqûre et que j’ai essayé de les attraper vivantes pour les jeter dehors mais c’est impossible. Pour les autres bébêtes, j’ai plus de scrupules !
Des scrupules ? Vous devez me prendre pour une folle !
Rappelez-vous que ces bébêtes sont chez elles ! De leur point de vue, les envahisseurs, c’est nous ! Et en plus, on est gros !
Mon objectif est de limiter les nuisances, c’est-à-dire : protéger la nourriture et les ordinateurs qui sont nos outils de travail ( d’ailleurs si vous avez des trucs pour éloigner les fourmis des ordis, faites-moi signe !) Pour le reste, je n’utilise presque pas la bombe.
J’ai demandé à ma voisine Ni-Van si elle avait des trucs pour limiter l’invasion et elle m’a regardé sans comprendre ce que je voulais dire ! « Ils sont là. C’est tout. » Bonne réponse ! A nous de nous adapter à eux !
Quand j’ai laissé des miettes tentantes pour les fourmis et qu’elles sont super envahissantes, je pulvérise un peu de bombe sur le déchet qui les attire et je donne à la colonie de fourmis une chance de faire demi-tour. Elles sont intelligentes et communiquent entre elles ! C’est fascinant ! Quand elles se croisent, elles s’arrêtent, je suis sûre qu’elles s’échangent des infos cruciales du type: »fais gaffe, la folle a mis de la bombe, on a 35 victimes, fais demi-tour ! »
Honnêtement, ce sont les fourmis qui nous énervent le plus au quotidien mais en même temps, elles me fascinent et je les respecte ! Comment elles repèrent une mini-miette de si loin ? Comment elles s’organisent en si peu de temps ?
Je fous la paix aux lézards. Même s’ils me paraissent assez voyeurs, ils sont censé gober les petits insectes donc c’est des alliés.
Je laisse vivre les mille-pattes parce que leur vie est très courte. Je ne vais quand même pas les tuer : ils ont le droit de découvrir le monde ! En plus, ils ont la classe : quand ils sont en danger ou quand ils sont morts, ils se mettent en colimaçon. Franchement, c’est artistique !
Je suis sûre que vous devez me prendre pour une folle mais ma capacité d’empathie s’est étendue aux bébêtes et je n’ai pas envie d’être une génocidaire ! On fait tous partie de la communauté du vivant !
J’ai bien conscience que cet article ne va pas vous donner envie de nous rendre visite mais c’est une réalité de ce pays. Je précise toutefois que des mesures spéciales peuvent être prises pour les amis qui nous feront le plaisir de venir ! Les amis de longue date sont plus importants que mes nouveaux « amis à pattes »!
Alors, c’est sympa le climat tropical et la nature sauvage, n’est-ce pas ?
Ils vous plaisent nos nouveaux amis ? Vous voulez qu’on vous les présente en photo ?
Si vous êtes arrivés jusque là, ce ne sont pas quelques photos qui vont vous effrayer !
Petit échantillon :
Promis : la prochaine fois, je vous montrerai de belles photos avec plus de bleu et de vert !