Comme de nombreux touristes vous passerez votre journée à Sultanahmet, faisant la queue sous de torrides chaleurs l'été pour accéder enfin au palais de Topkapi, au Palais englouti, à la mosquée bleue et que dire de la file d'attente de la basilique Sainte Sophie. Cependant, le soir, vous quitterez cette ambiance de découverte pour vous éclater à Beyoglu, le quartier branché d'Istanbul.
Beyoglu, c'est la ville moderne, le pendant occidental d'Istanbul. Heureusement que les pancartes écrites en turc nous rappellent que nous avons fait le voyage jusqu'à ce splendide pays. Ici, c'est décontracté. Plus de règles strictes à suivre comme enlever ses chaussures pour entrer dans une mosquée. On vient surtout pour boire un verre, manger et faire la fête. C'est le meilleur endroit pour partir à la recherche de l'effeverscente jeunesse stambouliote, pas plus sage qu'ailleurs. C'est l'explosion des contrastes entre les touristes saoudiennes en burka et lunettes de soleil et quelques couples homosexuels qui osent se donner la main (je n'en ai pas vu oser ailleurs en Turquie). Les pauses shopping, c'est aussi là que ça se passe. Bref, vous êtes au coeur de la ville mondiale entre Macdonald et H&M. C'est aussi là que vous allez pouvoir choisir votre meyhane, c'est-à-dire votre taverne, un endroit où on sert de l'alcool même si les cocktails ne sont pas fantastiques. On s'en fout, on s'éclate quand même. Beyoglu est donc l'endroit à suggérer à tous les oiseaux de nuit et je pense qu'il y en a un paquet parmi vous.
Mais c'est où Beyoglu? C'est de l'autre côté de la Corne d'or à l'opposé de la basilique Sainte Sophie. Vous y parviendrez par le pont de Galata, les yeux plein de surprise quand vous verrez qu'il y a des pêcheurs à la ligne, moins surpris quand vous serez accosté mille fois par des vendeurs à la sauvette mais sans eux Istanbul ne serait pas Istanbul. Autrefois, Beyoglu s'appelait Galata. C'était sous l'empire ottoman le quartier des Chrétiens et des Juifs où on trouvait plus d'églises et de synagogues tandis que les mosquées étaient principalement concentrées de l'autre côté. A Galata, on retrouvait les Gênois et les Vénitiens commerçants, installés bien avant la prise de Constantinople, les premiers ayant construit la tour de Galata en 1348 ci-contre, que vous pouvez monter mais la file d'attente est longue. Plus tard, les Français bénéficièrent des capitulations, c'est-à-dire des avantages commerciaux qui leur permettaient de s'installer à Istanbul grâce à l'alliance François Ier et Soliman le Magnifique. Aujourd'hui, encore ça reste le quartier le plus "européen" de la ville.
A force de marcher, on retombe sur la place Taksim qui me fait tout de suite penser aux manifestations de Gezi largement réprimées par la police en 2013. Les forces de l'ordre sont d'ailleurs très présentes sur cette place où la statue d'Atatürk, fondateur de la République turque semble encore veiller sur son peuple malgré les dérives du pouvoir actuel. Quand j'y suis allé, pas d'ambiance particulière mais sachez qu'elle peut aussi être le rendez vous d'événements joyeux comme le Nouvel An ou les victoires du club de footbal de Galatasaray. C'est une expérience assez glaçante que de se rendre sur une place où les gens se battent encore pour se faire entendre et de la voir redevenir un simple passage touristique.