The Queen Mum


Je crois que je vais laisser tomber les Thursday Thunders pendant les vacances…de toute façon, si je m’énerve ce sera encore à cause du Brexit, ça va vous lasser. Surtout si je me lance de grandes explications sur les taux directeurs, la déflation et tout ce genre de choses, qui captivent les foules. On coule, mais on préfére parler de la météo ou des Royals. Alors donc, je fais pareil, et puisque on parle de débris (l’économie britannique étant en train de sombrer dans la décrépitude totale, mais dans l’indifférence générale des politiques), je me suis dit que c’était le moment de s’intéresser à une Royale qui fut très populaire avant de finir à l’état de ruine charmante,  je veux parler bien-sûr de Elizabeth, la Queen Mum, la maman de Lizzie, reine consort de George VI.

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J’avoue que je ne connaissais strictement rien de la vie de cette brave femme avant ce matin, et que je l’ai choisi uniquement pour placer ma subtile métaphore légèrement capillotractée sur l’état de l’Angleterre au début. Et bien, j’ai eu tort de ne pas m’intéresser plus tôt à la Queen Mum,  elle est captivante cette Elizabeth! Déjà, elle n’est pas allemande, ce qui est remarquable dans cette famille. Surtout pour l’époque. La petite Elizabeth Bowles-Lyon est écossaise même si elle naît à Londres en 1900. Ou ailleurs, on n’est pas sûr. Il semblerait qu’elle est débutée en se faisant remarquer directement, en naissant dans l’ambulance tirée par des chevaux qui conduisait sa maman à la maternité. De suite, c’est pittoresque.  Lady Lizzie n’est pas franchement dans le besoin, c’est la fille d’un noble écossais et elle descend aussi d’une tripotée de premiers ministres par sa mère, c’est sportif. Ce n’est donc pas une Royale au départ, et elle n’a strictement aucune raison de le devenir. D’ailleurs elle est intelligente et fait des études brillantes pour son époque et son milieu, c’est dire. Elle a aussi un certain  caractère et décide pratiquement toute seule de transformer le manoir de son papa en hôpital pour accueillir les soldats blessés pendant la première guerre mondiale. Bref, elle a l’air assez sympa. Et puis paf,  en 1921, elle rencontre Bertie, alias le prince Albert. Il ne s’en remet pas, probablement époustouflé par le style capillaire canicho-hippiesque novateur de Lady Lizzie et ses sourcils qui ont plus de personnalité à eux tout seuls que Kate Middleton et son brushing.

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Le petit Albert s’empresse de demander Lady Lizzie en mariage. Ce qui la fait hurler de rire, hors de question. Se farcir d’interminables séances de coucous au balcon de Buckingham avec un sourire niais, ce n’est pas son rêve dans la vie, à Lizzie Senior.  Chacun ses ambitions, elle n’a pas l’intention de finir potiche reproductrice, elle. Je ne vise personne bien-sûr… Ah, pardon, j’ai déjà mentionné Kate Middleton plus haut…bon, c’est pas grave, on va continuer, comme Bebert qui insiste et revient à la charge en 1922. Un chouïa lourd ce brave garçon, surtout qu’il essaie d’amadouer Lady Lizzie en lui disant qu’il n’épousera  personne d’autre qu’elle. C’est son problème,  elle s’en fiche. Rien que l’idée de devenir  royale lui donne des boutons à Lizzie, alors… Il n’y a pas à dire, plus ça va, plus je la trouve sympathique. Mais Bebert est teigneux têtu et ne lâche rien. Lady Lizzie finit par céder en 1923,  mais bon ça devrait aller, c’est pas comme si le prince Albert allait devenir roi, ça sera pour son grand frère, le futur  Edward VIII. Elle se fait d’ailleurs remarquer directement, à peine sortie de l’église, en déposant son bouquet de mariée sur la tombe du soldat inconnu en mémoire de son grand frère et au mépris total du protocole. Elle ne va  pas s’embêter avec ça. Non mais. Lady Lizzie se dit aussi qu’on ne devrait pas trop l’empêcher de faire ce qu’elle veut, elle n’est pas assez haut dans l’échelle des Royals, et que de toute façon dès que Edward se mariera, on lui fichera la paix.  Ahaha, voilà comment cette  pauvre femme se retrouve reine consort en 1936, alors qu’elle n’en avait pas du tout envie, à l’abdication de son facho crétin de beau-frère. C’est ballot. 

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Mais c’est une femme  admirable de dévouement, elle joue donc la reine à fond. Déjà, Albert, qui devient roi sous le pseudo  de George VI bégaie et est infichu de s’exprimer en public, tradition charmante reprise par des Royals modernes, sans le bégaiement. Lizzie Senior est donc parfois obligée de parler pour lui, tradition charmante que la femme d’un certain Royal moderne serait incapable de reprendre. Parce que je le rapelle, cette Lizzie est loin d’être idiote, et elle a un certain caractère. Elle refuse mordicus de quitter Londres pendant les bombardements de la deuxième guerre mondiale. Au contraire, elle enchaîne les visites aux blessés et aux sinistrés. Elle se réjouit même quand Buckingham est bombardé aussi, ça la met à égalité avec les autres londoniens. Toujours pendant la guerre, certains lui reprochent ses tenues un peu trop luxueuses en pleine pénurie, Lizzie répond que c’est par politesse. Ceux qui viennent voir la reine mettent leurs plus beaux habits, la moindre des choses, c’est qu’elle en fasse autant. D’ailleurs c’est à cette époque qu’elle commence à porter des couleurs improbables, pour soutenir le moral chancelant des anglais, qui commencent à se lasser des bombardements, très peu festifs. Lizzie décide de se déguiser en arc-en-ciel de l’espoir. Si. Elle continuera toute sa vie d’ailleurs. Elle manie aussi très bien l’ombrelle qui lui permet de taper sur les gens qui l’ennuient un peu trop.

À partir de 1951, George est trop malade, et c’est Lizzie Senior qui fait tourner la boutique toute seule. Il meurt en 1953, et leur fille Lizzie II  devient reine. Lizzie senior prend le titre de Queen Mother, ou Queen Mum pour les intimes et continue à faire le job  jusqu’à sa mort à 101 ans. Elle était très populaire, une vraie mamie nationale, connue autant pour ses chapeaux improbables que son franc-parler et son amour immodéré pour le sherry…je ne veux pas critiquer, mais a côté, la femme d’un Royal moderne que je ne nommerai pas pour  ne pas vexer William-and-Kate, est assez fade.