Il y a une semaine à peine, j’étais en Corée du Sud et j’ai le sentiment qu’une partie de moi s’y trouve encore… Comme au lendemain d’une soirée festive, des sensations contradictoires m’habitent. Je me sens à la fois fatiguée et pleine d’énergie, heureuse et nostalgique, lucide et étourdie, comblée et en manque de ce pays qui a tenu mes sens en éveil pendant deux semaines.
Je rentre profondément marquée de ce séjour de courte durée, mais tellement intense. En Corée, je me suis sentie gourmande comme jamais. J’avais envie de tout voir, de tout goûter, de tout essayer. En 15 jours, malgré nos obligations professionnelles et la présence de notre fille, nous avons enfilé près de 2000 kilomètres sur la route. Pourtant, la Corée du Sud est un petit pays, qui couvre une superficie équivalente à la région où nous habitons au Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Petit peut-être, mais un pays tellement diversifié! Que ce soit en termes d’architecture, de cuisine, de festivals, de paysages ou de croyances, chaque région se distingue et possède une personnalité bien affirmée.
Alors que je cherchais une façon de vous résumer notre itinéraire au « Pays du matin calme », une idée s’est imposée à moi. Je devais vous mettre en appétit en vous présentant nos découvertes culinaires à travers le pays. Au fil des dix grandes étapes de ce séjour, laissez-moi vous guider pour un festin aux saveurs variées aux quatre coins de la Corée du Sud!
1. S’initier aux bases de la cuisine coréenne à Séoul
Nos quatre journées à Séoul nous ont permis de nous initier aux bases de la cuisine coréenne en goûtant un éventail de plats qui nous étaient pour la plupart inconnus auparavant. C’était l’endroit idéal pour faire nos apprentissages, car il était plus facile de trouver une personne parlant anglais afin de nous fournir quelques explications. Voici donc les principaux apprentissages que nous avons faits à Séoul!
D’abord, il faut savoir que tout repas coréen s’accompagne de banchan (petits plats) et de kimchi. Le nombre de banchan est très variable d’un repas à l’autre, allant de trois (lors d’un repas ordinaire) à plus de 20 lors d’un jeongsik (buffet). Le kimchi est, pour sa part, présent à tous les repas, petit-déjeuner inclus! Il s’agit de légumes marinés et fermentés en saumure avec différents condiments et épices (ail, poudre de piment rouge, gingembre, etc.). Le plus courant est le baechu kimchi, à base de chou chinois, mais il en existe plus de 180 déclinaisons. Chaque famille ou restaurant possède sa propre recette qui est transmise de génération en génération. Trois condiments de base accompagnent aussi la plupart des repas coréens, à savoir : le ganjang (sauce de soja), le doenjang (pâte de soja fermentée) et le gochujang (pâte de piment rouge).
Comme c’est souvent le cas en Asie, on retrouve plusieurs plats à base de nouilles et de riz en Corée. De notre côté, nous avons beaucoup apprécié les soupes coréennes, généralement composées de légumes et de viandes dans un bouillon doux ou épicé. En été, certaines soupes sont servies froides, alors mieux vaut demander des précisions en cas de doute.
Les desserts ne font pas partie des traditions culinaires en Corée, mais certains restaurants offrent du sujeonggwa à la fin du repas, une boisson à la cannelle et au gingembre (je n’ai pas été convaincue!). Par contre, dans les cafés et les stands de rue, de nombreuses douceurs attendent les visiteurs. La cuisine coréenne de rue est très variée, allant des gâteaux de riz (tteokbokki) et des crêpes (hotteok) à des plats plus consistants comme le dakkocchi (brochettes) et les sundae (saucisses aux légumes et aux nouilles). On trouve partout de quoi se mettre sous la dent!
En ce qui concerne les boissons, tous les restaurants servent de l’eau (mul) ou du thé (servi froid ou chaud selon les établissements). En revanche, le café (keopi) peut être plus difficile à trouver à bon prix. De façon générale, il s’agit de café instantané beaucoup trop sucré, mais certaines chaînes coréennes (ex. Angel-in-us) et étrangères (ex. Starbucks) se multiplient un peu partout dans le pays. Il faut toutefois s’attendre à payer entre 4000 et 10 000 wons (4-10$) pour un bon café. Les boissons alcoolisées de prédilection sont le soju, un alcool fort, et le makgeolli, un breuvage laiteux à base de riz. On trouve aussi facilement de la bière (généralement blonde, légère et de grand format) un peu partout.
De façon générale, à Séoul comme ailleurs dans le pays, on mange plus souvent assis au sol que sur une chaise à l’occidentale. Il faut alors bien penser à enlever ses chaussures! Lorsque la table n’est pas mise, on retrouve une boîte contenant des baguettes et des cuillères à l’une de ses extrémités. En Corée, les repas sont perçus comme une activité sociale et certains plats sont proposés pour un minimum de deux personnes. Certains règles s’appliquent aussi lors des repas. Il faut éviter de toucher la nourriture avec ses doigts (à l’exception des ssam), de se moucher à table ou de tenir son bol de riz à la main, ne pas laisser ses baguettes ou sa cuillère dans un bol de riz (un geste tabou en Corée), servir à boire aux autres et pas à soi-même, ainsi que verser la boisson et tenir son verre à deux mains. Malgré tout, les Coréens sont très tolérants envers les faux pas des étrangers et font tout leur possible pour simplifier la vie des parents qui voyagent avec un enfant. Par exemple, dans plusieurs restaurants, les serveurs pensaient à donner une fourchette à notre fille ou proposaient de lui faire cuire des œufs lorsque le menu était très épicé (sans même charger de supplément!).
2. Découvrir le célèbre bibimbap de Jeonju
Jeonju est célèbre pour sa spécialité traditionnelle, le bibimbap, probablement la plus populaire de la Corée (après le kimchi). Il s’agit d’un plat qui paraît fort simple à première vue, mais pouvant nécessiter plus d’une trentaine d’ingrédients différents selon les recettes. De façon générale, ce plat est composé de légumes, de viande et de riz, le tout coiffé d’un oeuf au plat. Lorsqu’il est servi, les ingrédients sont bien séparés dans l’assiette de façon à rappeler les cinq couleurs primaires de la gastronomie coréenne, à savoir : le blanc, le jaune, le vert, le rouge et le noir qui représentent les cinq éléments (bois, feu, terre, métal, eau). Comme son nom l’indique (bibim – mélanger; bap – riz), il faut mélanger tous les ingrédients avant de le déguster, en ajoutant plus ou moins de pâte de piment fermentée (gochujang) en fonction des goûts.
3. Goûter les nouilles au thé vert de Boseong
Boseong figure parmi mes plus beaux souvenirs de la Corée du Sud. C’est dans cette ville que nous avons eu la chance de visiter la plantation de thé Daehan Dawon. Avec ses millions de théiers à flanc de colline, le lieu est d’une beauté à couper le souffle et nous y avons fait une balade fort agréable. Au-delà de l’aspect photogénique des théiers qui s’alignent à perte de vue, Boseong offre l’occasion parfaite pour goûter le thé vert du pays, puisque la région est responsable de 40 % de sa production. C’est juste avant l’entrée du site, au restaurant Heaven, que nous avons goûté les nouilles au thé vert qui constituent une spécialité régionale, de même que le bibimbap cuisiné au thé vert. Le restaurant de la plantation propose aussi de goûter au jajangmyeon, un plat à base de nouilles au thé vert accompagné d’une sauce aux haricots noirs. Sur le site, plusieurs autres produits à base de thé vert sont proposés, allant de la traditionnelle tasse de thé en passant par le glace, le milk-shake et les biscuits.
4. S’offrir un banquet de fruits de mer à Suncheon
Nous avons adoré la Baie de Suncheon et ses paysages aussi magnifiques que variés. Après plusieurs kilomètres de marche dans cette réserve naturelle, nous étions affamés. Nous avons donc pris la décision de nous arrêter au premier restaurant que nous avons croisé sur la route, alors que nous repartions en direction de notre hôtel situé à Yeosu. Une fois sur place, une serveuse nous a indiqué une table en nous pointant du doigt son menu qui était affiché au mur. Le problème, c’est que ce menu était écrit en hangeul, le système d’écriture coréen. En utilisant différents signes, nous avons fait comprendre à la serveuse que nous ne comprenions pas le menu, mais elle ne parlait pas anglais et nous étions les seuls touristes du restaurant. Nous avons finalement décidé d’essayer les plats qu’elle proposait, sans toutefois comprendre ce que c’était. Nous n’avons pas regretté ce choix qui nous a permis de goûter à un jeongsik à base de fruits de mer, c’est-à-dire un buffet de plusieurs plats (poissons, soupe, coquillages, crustacés, riz, nouilles, œufs) et de banchan. Un véritable festin!
5. Savourer un jeongol dans le Parc National maritime de Hallyeo
Notre itinéraire nous a ensuite entraînés vers les routes côtières des îles du Parc National maritime de Hallyeo. Nous avons eu l’impression de pénétrer dans une autre époque en roulant sur l’île de Namhae. De superbes panoramas défilaient sous nos yeux : rizières, vallées qui plongent dans la mer, villages de pêcheurs avec leurs jolies maisons au toit bleu. Tout était magnifique, sauf le temps qui était plutôt gris et pluvieux. Nous avons dû nos résigner à visiter sous la pluie. C’est au petit port de Mijo que nous avons décidé de nous arrêter. Quelques restaurants proposaient des produits de la pêche locale, bien mis en évidence dans des petits aquariums à l’entrée. Nous sommes entrés dans le premier que nous avons aperçu afin de nous protéger de l’averse qui faisait rage. Encore une fois, le menu était en coréen et le personnel ne parlait pas anglais, mais tout était divin. C’est là que nous avons dégusté notre premier jeongol, un genre de soupe épaisse ou de cassolette. Les ingrédients crus sont placés dans une poêle à même la table, puis recouverts d’un bouillon épicé.
6. Choisir son poisson et le déguster au marché de Jagalchi de Busan
Ville côtière, Busan propose une cuisine à base de produits de la mer. Nous avons adoré déambuler au marché de Jagalchi, où de nombreuses créatures de la mer sont vendues, fraîchement pêchées ou encore séchées (notre fille a adoré les petits poissons séchés qu’elle avalait comme des chips!). Au rez-de-chaussée, il s’agit de choisir la bête qui nous intéresse pour ensuite la déguster au deuxième étage. C’est à cet endroit que nous avons goûté le saengseonhoe (poisson cru en lamelles) qui est très populaire sur la côte et qui s’agrémente de chogochujang (sauce au piment rouge), de sauce soya, d’ail et de wasabi, le tout roulé dans une feuille de laitue, de sésame ou d’algue (ssam). Nous avons eu droit à une petite démonstration de la serveuse avant de nous lancer! Une fois l’assiette de poisson engloutie, le repas est complété par un bol de maeuntang (soupe de poisson).
7. Profiter de petites douceurs à Gyeongju
Étant donné que nous voulions visiter plusieurs sites dans les environs de Gyeongju, nous y avons passé trois nuits dans une maison d’hôtes. En pleine campagne, nichée dans les montagnes, cette maison disposait de grandes chambres dans lesquelles nous pouvions nous faire à manger. À l’extérieur, des tables étaient disposées dans une aire commune et chacune d’elles était munie d’un barbecue. Au cours de nos quatre journées passées à Gyeongju et ses environs, nous avons donc profité de ces installations pour faire une pause des soirées au restaurant et nous préparer nous-mêmes de petits festins à base de produits coréens. Malgré tout, nous avons goûté plusieurs plats à Gyeongju. Ma fille qui adore les plats sucrés était ravie de goûter le soboro (pain frit fourré d’une pâte à base d’haricot rouge) et l’incontournable Gyeongju bbang (une petite pâtisserie ronde farcie de haricot rouge). Près du parc des Tumuli, quelques restaurants permettent aussi de goûter le ssambap (riz et viande enveloppés de laitue) et le kalguksu (plat à base de nouilles faites à la main), deux spécialités locales. Mais notre repas préféré fut dégusté dans le petit village traditionnel de Yangdong, où nous avons mangé un bulgogi, de fines tranches de boeuf marinées. J’ai compris trop tard (en voyant les assiettes d’autres touristes) que l’endroit servait aussi des plats à base de lotus. Ce sera pour une prochaine fois!
8. Manger comme les moines à Haiensa
Après les plaisirs épicuriens de Gyeongju, nous avons vécu une expérience complètement différente en expérimentant un séjour à Haiensa, un temple bouddhiste, par le biais du programme Templestay. Nous avons choisi le programme Freestyle, qui permettait de vivre l’expérience avec moins de contraintes puisque nous étions accompagnés de notre fillette de 20 mois. Je vous reparlerai plus en détails de cette expérience unique dans un prochain billet, mais je voulais tout de même aborder la question de la nourriture. Avant de mettre les pieds à Haiensa, tous les Coréens que nous avions croisés et à qui nous avions confié ce projet étaient complètement hilares. Monsieur Moon, notre hôte à Gyeongju, nous avait mis en garde :
Attendez-vous à dormir au sol et à manger de l’herbe!
Certes, les repas pris au temple ont été plutôt simples, mais pas aussi épouvantables que ce à quoi nous nous attendions. Le plus difficile était sans contredit le fait de ne pas boire de café le matin et de manger la même chose à tous les repas, à savoir du riz, du kimchi, du tofu, de la soupe, des épinards et du thé hyper dilué. Heureusement, entre les repas, les moines offraient des fruits, des chocolats et du sikhye (boisson au riz avec des grains de riz) à notre fille qui en était rendue à hurler à la vue d’un bol de riz (pas l’idéal lorsque nous devons normalement manger dans le silence le plus complet!). En sortant du temple, je n’avais qu’une idée en tête : boire un grand café et manger un petit-déjeuner digne de ce nom! Nous avons fait un arrêt au premier restaurant qui semblait ouvert. Le propriétaire nous a accueillis avec un large sourire en nous servant des cafés (malheureusement très sucrés). Nous avions un peu l’impression d’entrer chez un ami. Il nous a désigné une table qu’il occupait manifestement avant notre arrivée, car plusieurs journaux y étaient empilés de même qu’une tasse de thé entamée. Il a gentiment proposé de nous cuisiner des pancakes. L’espace d’un instant, une image de crêpes inondées de sirop d’érable s’est logée dans mon esprit… Jusqu’à ce que je me retrouve devant ce plat de légumes et de mollusques, accompagné d’une soupe de poulet. Surprenant, mais aussi délicieux!
9. Se régaler de maquereau à Hahoe
La région d’Andong est réputée pour son ragoût à la viande de chien de même que les larves de vers à soie bouillies, deux plats que je n’avais définitivement pas envie de goûter lors de mon séjour en Corée du Sud. La viande de chien est un sujet sensible en Corée. Si certains dénoncent les conditions d’élevage et parfois d’abattage, d’autres continuent de consommer cette viande avec plaisir, surtout lors des fortes chaleurs estivales. On retrouve aussi de nombreuses soupes de chien, notamment la yeongyangtang, la bosintang et la sacheoltang. Heureusement, lors de notre journée à Hahoe, nous avons découvert que la région est également reconnue pour son maquereau, perçu comme le meilleur du pays, et ce, bien que la ville soit située à 70 kilomètres de la mer. Avant de visiter le village traditionnel, nous avons donc pris le temps de savourer ce poisson délicieux.
10. Faire l’expérience du barbecue coréen à Suwon
Dès que j’ai mis les pieds en Corée, j’ai été habitée par une envie irrépressible de manger un barbecue coréen, un concept que nous avions déjà expérimenté à Hawaii. Pour différentes raisons indépendantes de ma volonté, j’ai dû attendre notre séjour à Suwon pour goûter cette spécialité du pays. C’est dans cette ville que j’ai eu l’occasion de manger dans deux restaurants qui se spécialisent dans cette cuisine. Dans ceux-ci, chaque table dispose d’un petit grill, parfois carrément incrusté dans la table. On y retrouve de la viande de boeuf (galbi), de porc (dwaeji) et différents fruits de mer. Le principe est de préparer sa viande soi-même, mais les serveurs ont tendance à vouloir assister les étrangers. Une fois cuite, la viande est enroulée dans des ssam que l’on peut garnir d’ail, de poivron vert et de ssamjang (sauce au piment rouge et aux graines de soja).
Vous avez maintenant une idée des grandes lignes de notre itinéraire gourmand en Corée du Sud. D’autres articles suivront sur le blogue afin de nous parler plus en détails des différentes étapes de notre séjour.