J'ai longuement hésité avant d'écrire ce billet. De coucher par écrit les pensées qui s'agitent depuis plusieurs mois. Depuis l'ouverture de mon blog en fait, en juillet 2013, si je veux être tout à fait honnête. Derrière ce titre racoleur se cache en effet une réflexion longuement mûrie. Ou du moins, en pleine maturation : je suis loin d'en avoir tiré une conclusion satisfaisante. D'où l'incertitude, l'hésitation : je me lance, je me lance pas ? Vais-je réussir à m'exprimer correctement ? Est-ce pertinent ? Ne vais-je pas tomber dans le pathos, alors que mon but est clairement ailleurs ? Qui sait, on réfléchit mieux à plusieurs, non ?
Je ne me suis jamais vraiment considérée comme blogueuse. Au-delà du fait de tenir un blog – effectivement, c'est mon cas –, quand les blogueurs parlent de leur activité, un dénominateur commun revient à chaque fois : le partage. Partager – avec les autres, des inconnus, une communauté – sa passion, ses bons plans, ses états d'âme, sa vision. C'est un moteur essentiel, un état d'esprit. Or, et je ne l'ai jamais caché : si j'ai commencé à bloguer, c'est avant tout pour moi. Pour garder trace de mes voyages. Pour m'astreindre à une activité m'obligeant à écrire, ce qui est primordial dans mon travail et me faisait – me fait toujours – cruellement défaut. Un début purement égoïste dont je n'ai pas honte : pendant je ne sais combien de mois, si ce n'est plus d'une année, je n'ai parlé de ce blog à personne.
J'écrivais dans mon coin, je bidouillais mes photos, rédigeais des articles sans grand intérêt car je m'en fichais d'être lue – pire, je ne voulais pas être lue, j'en serais morte de honte. Mon principal lecteur c'était moi et j'étais contente de ce que je faisais. Pas parce que c'était bien. Mais parce que ça remplissait les buts que je m'étais fixés : me forcer à écrire sur du factuel, affûter et fluidifier ma plume, et faire en sorte que mes photos ne dorment pas sur mon disque dur sans même avoir été triées. La preuve, que je faisais n'importe quoi ? Je n'ai même pas gardé les fichiers originaux des photos de mes premiers voyages. Je n'ai que des images recadrées, réduites, en mauvaise qualité. Je m'en mords les doigts aujourd'hui. Mais là n'est pas le sujet.
Et puis un jour, je me suis rendu compte que produire ce contenu uniquement pour moi commençait à me lasser. Je ne m'y retrouvais plus. Quel était l'intérêt de passer des heures à écrire un article qui ne serait lu par personne à part moi ? Je commençais à m'essouffler, à tourner en rond, à déplorer de faire tout ça pour "rien". Sans retour, sans interaction, cette activité me semblait vide de sens. Un gaspillage de temps et d'énergie. En parallèle, j'avais pris confiance en moi et en ce que j'écrivais, que je trouvais finalement plus si inintéressant, pire, je pensais même que ça pourrait être utile à des gens... Alors, peu sûre de moi, j'ai commencé à inscrire mon blog à droite à gauche, j'ai créé une page Facebook que j'ai fermée au bout de quelques jours, je me suis inscrite sur Instagram, j'ai décidé d'un planning de publication plus régulier, j'ai recréé une page Facebook, j'ai ouvert un compte Twitter... Petit à petit, je me suis lancée dans le grand bain de la blogosphère voyage, osant murmurer timidement coucou moi aussi je suis là. Plus de deux ans plus tard, il était temps on va dire.
Et depuis, le désenchantement ne fait que croître.
Je n'ai aucun ego, aucune ambition par rapport à mon blog. Même après trois ans, je suis toujours réticente à en parler, je ne distille l'information qu'au compte-goutte dans mon entourage, je blogue encore sous pseudo, j'ai une mini attaque de panique quand je reçois un commentaire et que je dois y répondre et je continue d'hésiter quand arrive le moment de publier un nouvel article en me demandant pourquoi est-ce que j'ai besoin d'aller polluer Internet avec mes bêtises. Dire que je ne suis pas sûre de moi est un doux euphémisme.
Contrairement à beaucoup – c'est apparemment la mode en ce moment d'ouvrir un blog de voyage pour voyager gratos, merci aux nombreuses reportages TV qui fleurissent et dont les discussions qu'ils engendrent ne font qu'ajouter de l'eau à mon moulin – je n'ai aucune envie de professionnaliser, à court ou long terme, cet espace. Je ne jette pas du tout la pierre à ceux qui le font ou qui veulent le faire : je trouve ça au contraire formidable de pouvoir vivre de sa passion (j'en sais quelque chose) et ma foi, c'est un métier comme un autre. Mais ce n'est clairement pas pour moi. Si ce blog m'a appris une seule chose en trois ans, c'est que je suis incapable de bosser sous la contrainte. Plus je me dis qu'il faut que j'écrive sur ci ou ça, plus je peux être sûre que je n'écrirai jamais une ligne. Il vous faut une autre preuve ? J'ai fait capoter la seule offre de partenariat qu'on m'ait jamais proposée car, le temps que je me décide à écrire ce qu'on me demandait, tellement de temps avait passé que ça n'intéressait plus la boîte. On repassera pour le côté professionnel...
Par contre, mon nouvel objectif n'a pas changé : être lue, susciter des réactions. Me rendre compte que ce que j'écris sert à quelque chose, à quelqu'un. Partager mon expérience. Bref, l'objectif de tout blogueur qui débuterait. Et c'est là que le bât blesse. [Attention, ce qui va suivre n'est pas un numéro de Calimero, je ne m'apitoie pas sur mon sort et je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières ; je ne veux pas de pitié, de réconfort ou qu'on me rassure.] J'ai l'impression que ma conception du blogging, et notamment lié au voyage, ne correspond pas aux attentes des lecteurs potentiels. Par conséquent, j'ai l'impression que ce que j'écris n'intéresse pas grand monde. Et donc je m'interroge sur la légitimité de cet espace, en dehors de mon bénéfice personnel.
C'est à la fois ma faute et mon choix et j'assume complètement la non-popularité de mon blog et sa croissance quasi nulle.
Ma faute, en partie, car j'avoue de grosses lacunes techniques (par exemple en référencement – en fait ça ne m'intéresse pas, pour toutes les raisons évoquées plus haut) ; je ne me donne certainement pas suffisamment les moyens, par exemple en n'investissant pas assez de temps pour arriver au niveau moyen des blogs actuels, que ce soit en terme de design ou de contenu (mais j'ai déjà un boulot très prenant à côté et bloguer est simplement une passion et... voir les raisons ci-dessus) ; enfin, en grande timide, j'ai beaucoup de mal à promouvoir mon travail. Tout ça n'aide pas à me faire connaître. Mais cela n'est que de fausses excuses et honnêtement je n'y prête guère d'attention.
Mon choix, surtout. Car je vais être honnête, encore une fois : je n'aime pas les blogs de voyage. Je ne trouve aucun plaisir à leur lecture. Sacré paradoxe pour quelqu'un qui en tient un elle-même, n'est-ce pas ? La raison est simple : lire sur une destination que je ne connais pas ou que je ne compte pas visiter n'éveille aucune curiosité. Jetez-moi la pierre si vous voulez, c'est comme ça. Les seuls articles que j'aime lire sont ceux qui parlent d'une destination que je connais déjà, pour confronter mon expérience et approfondir mes connaissances, ou d'une destination que je compte bientôt visiter, pour m'aider à organiser mon voyage. Et dans le deuxième cas, bien souvent, c'est la catastrophe : je ne me retrouve que très rarement dans le contenu proposé. Les "X choses incontournables à faire ici" ou les "Y raisons de visiter là"... Au secours. OK je caricature, il n'y a pas que ça, et heureusement. Mais ce n'est pas ce que je recherche. (Même si j'en ai écrit moi aussi.) (Et que ça fait partie de mes meilleures vues.)
En fait, je ne sais pas trop ce que je recherche – et c'est bien là le problème. Peut-être ce que j'écris laborieusement sur le mien. Des articles dix fois trop longs sur des zones géographiques limitées, bourrées d'anecdotes et de détails pas toujours très digestes, des itinéraires adaptables, des balades thématiques, une exploration approfondie d'un endroit pour avoir en main un maximum de données quand vient le moment de faire son choix. Une exhaustivité proche d'un guide de voyage mais arrangée différemment, de manière plus personnelle, avec un fil rouge argumenté plutôt qu'une succession de données.
C'est en tout cas ce que j'essaye de transmettre dans mes articles car c'est ce qui m'intéresse d'écrire. Je ne sais pas faire autrement de toute façon. À chaque fois que je dévie, j'ai le sentiment d'être un imposteur. De mal faire les choses. Et surtout, je n'ai jamais été satisfaite du résultat, même une fois appuyé sur le bouton "publier".
Exemple avec cet article des Carnets de Traverse, qui représente la quintessence à mes yeux. En le parcourant, je n'avais qu'une idée en tête : voilà vers quoi je veux tendre, voilà ce que j'aurais aimé écrire. C'est leur premier article qui me fait cet effet. Et vous savez pourquoi ? Car je suis allée me balader dans la région peu de temps avant eux. Je suis comme ça, j'ai besoin de voir les choses pour me les figurer pleinement. Alors non, je n'irai pas copier : je n'ai ni leur talent ni leurs moyens... ni leur œil, tout simplement. Mais voir ce genre de billet plébiscité me dit que oui, c'est possible.Que je dois m'y prendre mal et qu'il me reste sûrement beaucoup à apprendre. Finalement, on touche du doigt le problème : qu'importe si je ne fais pas X dizaines de milliers de vue par mois. Je ne suis pas satisfaite, la plupart du temps, de ce que je mets en ligne. Ou alors, pas à 100 %. Et ça me gêne terriblement.
Si je lis très peu de blogs de voyage, c'est aussi parce que se pose la question de la légitimité. Ma légitimité. Je me sens toute petite à leurs côtés, avec mon blog niveau bac à sable. Je n'ai de cesse de me comparer, de disséquer, d'essayer de repérer ce qui marche, ce dont je pourrais m'inspirer... Mais ce regard analytique n'amène qu'une chose : j'ai l'impression de mal faire les choses ou de ne pas faire assez bien, et je repars souvent découragée quand je vais voir ailleurs. Cela semble si simple ! (Ça ne l'est pas, surtout quand on bataille pour que sonne juste la moindre phrase.) Pourquoi ne suis-je pas capable d'atteindre le même résultat ? Suis-je faite pour ça ?
Cette nouvelle professionnalisation (ou semi-professionnalisation, car tous les blogueurs ne vivent pas exclusivement de leur blog) met la barre très haut. On ne commence plus un blog maintenant comme il y a dix ans. Elle entraîne également une "standardisation" de l'offre. Je mets des guillemets, et je mettrais des doubles, des triples guillemets si je le pouvais. Ce n'est pas péjoratif. Je ne dis pas que tous les contenus se ressemblent. Je ne suis pas là pour créer le débat de l'uniformisation de la blogosphère ; cela ne reflète même pas mon opinion. Je dis juste que quand on ouvre un blog de voyage (ou quelle que soit la thématique) aujourd'hui, on s'attend forcément à un certain type de contenu. Et quand je dis "on" je parle du lecteur. C'est lui en définitif qui fait la pluie et le beau temps. Et je ne sais pas vous, mais moi j'ai beaucoup de mal à savoir ce qui l'intéresse, ce lecteur. Je crois qu'on n'a vraiment pas les mêmes goûts.
On en revient donc à la question de départ : suis-je une (bonne) blogueuse ? Conclure cet article m'est difficile car je n'ai toujours pas la réponse. Je pars avec des désavantages, certains voulus, d'autres subis. Je n'ai aucune ambition, si ce n'est donner le meilleur de moi-même, m'amuser et pouvoir cliquer sur "publier" sans appréhension ni remords. Je ne cherche pas à devenir le nouveau blog de référence. Je blogue de manière égoïste. Voilà, je l'écris noir sur blanc. Je ne me conforme à l'image du blogueur, telle que je m'en fais l'idée en tout cas ? Au final, est-ce si important ? Cette démonstration m'a rassurée sur un point : que je rentre ou non dans la case blogueuse, je continuerai à m'exprimer ici tant que j'en éprouverai le besoin et l'envie. Parce qu'écrire pour les autres, c'est important. Mais écrire pour soi me semble tout aussi fondamental. Et tant les deux sont là, je ne vois pas de raison d'arrêter !
En tout cas, je vous remercie infiniment si vous avez eu le courage de me lire jusqu'au bout. Si vous décidez de commenter cet article, comprenez bien que, ayant mis plusieurs mois à m'écrire, il est possible que je mette un peu de temps à vous répondre ! Mais je vous lirai avec grand plaisir :)
Je ne me suis jamais vraiment considérée comme blogueuse. Au-delà du fait de tenir un blog – effectivement, c'est mon cas –, quand les blogueurs parlent de leur activité, un dénominateur commun revient à chaque fois : le partage. Partager – avec les autres, des inconnus, une communauté – sa passion, ses bons plans, ses états d'âme, sa vision. C'est un moteur essentiel, un état d'esprit. Or, et je ne l'ai jamais caché : si j'ai commencé à bloguer, c'est avant tout pour moi. Pour garder trace de mes voyages. Pour m'astreindre à une activité m'obligeant à écrire, ce qui est primordial dans mon travail et me faisait – me fait toujours – cruellement défaut. Un début purement égoïste dont je n'ai pas honte : pendant je ne sais combien de mois, si ce n'est plus d'une année, je n'ai parlé de ce blog à personne.
J'écrivais dans mon coin, je bidouillais mes photos, rédigeais des articles sans grand intérêt car je m'en fichais d'être lue – pire, je ne voulais pas être lue, j'en serais morte de honte. Mon principal lecteur c'était moi et j'étais contente de ce que je faisais. Pas parce que c'était bien. Mais parce que ça remplissait les buts que je m'étais fixés : me forcer à écrire sur du factuel, affûter et fluidifier ma plume, et faire en sorte que mes photos ne dorment pas sur mon disque dur sans même avoir été triées. La preuve, que je faisais n'importe quoi ? Je n'ai même pas gardé les fichiers originaux des photos de mes premiers voyages. Je n'ai que des images recadrées, réduites, en mauvaise qualité. Je m'en mords les doigts aujourd'hui. Mais là n'est pas le sujet.
Et puis un jour, je me suis rendu compte que produire ce contenu uniquement pour moi commençait à me lasser. Je ne m'y retrouvais plus. Quel était l'intérêt de passer des heures à écrire un article qui ne serait lu par personne à part moi ? Je commençais à m'essouffler, à tourner en rond, à déplorer de faire tout ça pour "rien". Sans retour, sans interaction, cette activité me semblait vide de sens. Un gaspillage de temps et d'énergie. En parallèle, j'avais pris confiance en moi et en ce que j'écrivais, que je trouvais finalement plus si inintéressant, pire, je pensais même que ça pourrait être utile à des gens... Alors, peu sûre de moi, j'ai commencé à inscrire mon blog à droite à gauche, j'ai créé une page Facebook que j'ai fermée au bout de quelques jours, je me suis inscrite sur Instagram, j'ai décidé d'un planning de publication plus régulier, j'ai recréé une page Facebook, j'ai ouvert un compte Twitter... Petit à petit, je me suis lancée dans le grand bain de la blogosphère voyage, osant murmurer timidement coucou moi aussi je suis là. Plus de deux ans plus tard, il était temps on va dire.
Et depuis, le désenchantement ne fait que croître.
Je n'ai aucun ego, aucune ambition par rapport à mon blog. Même après trois ans, je suis toujours réticente à en parler, je ne distille l'information qu'au compte-goutte dans mon entourage, je blogue encore sous pseudo, j'ai une mini attaque de panique quand je reçois un commentaire et que je dois y répondre et je continue d'hésiter quand arrive le moment de publier un nouvel article en me demandant pourquoi est-ce que j'ai besoin d'aller polluer Internet avec mes bêtises. Dire que je ne suis pas sûre de moi est un doux euphémisme.
Contrairement à beaucoup – c'est apparemment la mode en ce moment d'ouvrir un blog de voyage pour voyager gratos, merci aux nombreuses reportages TV qui fleurissent et dont les discussions qu'ils engendrent ne font qu'ajouter de l'eau à mon moulin – je n'ai aucune envie de professionnaliser, à court ou long terme, cet espace. Je ne jette pas du tout la pierre à ceux qui le font ou qui veulent le faire : je trouve ça au contraire formidable de pouvoir vivre de sa passion (j'en sais quelque chose) et ma foi, c'est un métier comme un autre. Mais ce n'est clairement pas pour moi. Si ce blog m'a appris une seule chose en trois ans, c'est que je suis incapable de bosser sous la contrainte. Plus je me dis qu'il faut que j'écrive sur ci ou ça, plus je peux être sûre que je n'écrirai jamais une ligne. Il vous faut une autre preuve ? J'ai fait capoter la seule offre de partenariat qu'on m'ait jamais proposée car, le temps que je me décide à écrire ce qu'on me demandait, tellement de temps avait passé que ça n'intéressait plus la boîte. On repassera pour le côté professionnel...
Par contre, mon nouvel objectif n'a pas changé : être lue, susciter des réactions. Me rendre compte que ce que j'écris sert à quelque chose, à quelqu'un. Partager mon expérience. Bref, l'objectif de tout blogueur qui débuterait. Et c'est là que le bât blesse. [Attention, ce qui va suivre n'est pas un numéro de Calimero, je ne m'apitoie pas sur mon sort et je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières ; je ne veux pas de pitié, de réconfort ou qu'on me rassure.] J'ai l'impression que ma conception du blogging, et notamment lié au voyage, ne correspond pas aux attentes des lecteurs potentiels. Par conséquent, j'ai l'impression que ce que j'écris n'intéresse pas grand monde. Et donc je m'interroge sur la légitimité de cet espace, en dehors de mon bénéfice personnel.
C'est à la fois ma faute et mon choix et j'assume complètement la non-popularité de mon blog et sa croissance quasi nulle.
Ma faute, en partie, car j'avoue de grosses lacunes techniques (par exemple en référencement – en fait ça ne m'intéresse pas, pour toutes les raisons évoquées plus haut) ; je ne me donne certainement pas suffisamment les moyens, par exemple en n'investissant pas assez de temps pour arriver au niveau moyen des blogs actuels, que ce soit en terme de design ou de contenu (mais j'ai déjà un boulot très prenant à côté et bloguer est simplement une passion et... voir les raisons ci-dessus) ; enfin, en grande timide, j'ai beaucoup de mal à promouvoir mon travail. Tout ça n'aide pas à me faire connaître. Mais cela n'est que de fausses excuses et honnêtement je n'y prête guère d'attention.
Mon choix, surtout. Car je vais être honnête, encore une fois : je n'aime pas les blogs de voyage. Je ne trouve aucun plaisir à leur lecture. Sacré paradoxe pour quelqu'un qui en tient un elle-même, n'est-ce pas ? La raison est simple : lire sur une destination que je ne connais pas ou que je ne compte pas visiter n'éveille aucune curiosité. Jetez-moi la pierre si vous voulez, c'est comme ça. Les seuls articles que j'aime lire sont ceux qui parlent d'une destination que je connais déjà, pour confronter mon expérience et approfondir mes connaissances, ou d'une destination que je compte bientôt visiter, pour m'aider à organiser mon voyage. Et dans le deuxième cas, bien souvent, c'est la catastrophe : je ne me retrouve que très rarement dans le contenu proposé. Les "X choses incontournables à faire ici" ou les "Y raisons de visiter là"... Au secours. OK je caricature, il n'y a pas que ça, et heureusement. Mais ce n'est pas ce que je recherche. (Même si j'en ai écrit moi aussi.) (Et que ça fait partie de mes meilleures vues.)
En fait, je ne sais pas trop ce que je recherche – et c'est bien là le problème. Peut-être ce que j'écris laborieusement sur le mien. Des articles dix fois trop longs sur des zones géographiques limitées, bourrées d'anecdotes et de détails pas toujours très digestes, des itinéraires adaptables, des balades thématiques, une exploration approfondie d'un endroit pour avoir en main un maximum de données quand vient le moment de faire son choix. Une exhaustivité proche d'un guide de voyage mais arrangée différemment, de manière plus personnelle, avec un fil rouge argumenté plutôt qu'une succession de données.
C'est en tout cas ce que j'essaye de transmettre dans mes articles car c'est ce qui m'intéresse d'écrire. Je ne sais pas faire autrement de toute façon. À chaque fois que je dévie, j'ai le sentiment d'être un imposteur. De mal faire les choses. Et surtout, je n'ai jamais été satisfaite du résultat, même une fois appuyé sur le bouton "publier".
Exemple avec cet article des Carnets de Traverse, qui représente la quintessence à mes yeux. En le parcourant, je n'avais qu'une idée en tête : voilà vers quoi je veux tendre, voilà ce que j'aurais aimé écrire. C'est leur premier article qui me fait cet effet. Et vous savez pourquoi ? Car je suis allée me balader dans la région peu de temps avant eux. Je suis comme ça, j'ai besoin de voir les choses pour me les figurer pleinement. Alors non, je n'irai pas copier : je n'ai ni leur talent ni leurs moyens... ni leur œil, tout simplement. Mais voir ce genre de billet plébiscité me dit que oui, c'est possible.Que je dois m'y prendre mal et qu'il me reste sûrement beaucoup à apprendre. Finalement, on touche du doigt le problème : qu'importe si je ne fais pas X dizaines de milliers de vue par mois. Je ne suis pas satisfaite, la plupart du temps, de ce que je mets en ligne. Ou alors, pas à 100 %. Et ça me gêne terriblement.
Si je lis très peu de blogs de voyage, c'est aussi parce que se pose la question de la légitimité. Ma légitimité. Je me sens toute petite à leurs côtés, avec mon blog niveau bac à sable. Je n'ai de cesse de me comparer, de disséquer, d'essayer de repérer ce qui marche, ce dont je pourrais m'inspirer... Mais ce regard analytique n'amène qu'une chose : j'ai l'impression de mal faire les choses ou de ne pas faire assez bien, et je repars souvent découragée quand je vais voir ailleurs. Cela semble si simple ! (Ça ne l'est pas, surtout quand on bataille pour que sonne juste la moindre phrase.) Pourquoi ne suis-je pas capable d'atteindre le même résultat ? Suis-je faite pour ça ?
Cette nouvelle professionnalisation (ou semi-professionnalisation, car tous les blogueurs ne vivent pas exclusivement de leur blog) met la barre très haut. On ne commence plus un blog maintenant comme il y a dix ans. Elle entraîne également une "standardisation" de l'offre. Je mets des guillemets, et je mettrais des doubles, des triples guillemets si je le pouvais. Ce n'est pas péjoratif. Je ne dis pas que tous les contenus se ressemblent. Je ne suis pas là pour créer le débat de l'uniformisation de la blogosphère ; cela ne reflète même pas mon opinion. Je dis juste que quand on ouvre un blog de voyage (ou quelle que soit la thématique) aujourd'hui, on s'attend forcément à un certain type de contenu. Et quand je dis "on" je parle du lecteur. C'est lui en définitif qui fait la pluie et le beau temps. Et je ne sais pas vous, mais moi j'ai beaucoup de mal à savoir ce qui l'intéresse, ce lecteur. Je crois qu'on n'a vraiment pas les mêmes goûts.
On en revient donc à la question de départ : suis-je une (bonne) blogueuse ? Conclure cet article m'est difficile car je n'ai toujours pas la réponse. Je pars avec des désavantages, certains voulus, d'autres subis. Je n'ai aucune ambition, si ce n'est donner le meilleur de moi-même, m'amuser et pouvoir cliquer sur "publier" sans appréhension ni remords. Je ne cherche pas à devenir le nouveau blog de référence. Je blogue de manière égoïste. Voilà, je l'écris noir sur blanc. Je ne me conforme à l'image du blogueur, telle que je m'en fais l'idée en tout cas ? Au final, est-ce si important ? Cette démonstration m'a rassurée sur un point : que je rentre ou non dans la case blogueuse, je continuerai à m'exprimer ici tant que j'en éprouverai le besoin et l'envie. Parce qu'écrire pour les autres, c'est important. Mais écrire pour soi me semble tout aussi fondamental. Et tant les deux sont là, je ne vois pas de raison d'arrêter !
En tout cas, je vous remercie infiniment si vous avez eu le courage de me lire jusqu'au bout. Si vous décidez de commenter cet article, comprenez bien que, ayant mis plusieurs mois à m'écrire, il est possible que je mette un peu de temps à vous répondre ! Mais je vous lirai avec grand plaisir :)