A Scottish story


Vus les derniers événements je me suis dit que c’était le moment de revenir sur l’historique légèrement agité des relations anglo-écossaises. J’en ai déjà parlé, mais c’est d’actualité! Et puis j’avoue aussi que je n’ai toujours pas le moral. J’essaie de ne pas céder, mais la colère a fait place à la tristesse. Pour quelqu’un qui deteste l’incertitude comme moi, la situation politique délirante de ces derniers jours est insurportable! Les incapables qui ne sont même pas fichus de nous gouverner trop occupés qu’ils sont à se rejeter la faute de la merde noire dans  laquelle ils ont plongé le pays, n’ont strictement aucune  idée pour la suite…sauf en Écosse où Nicola Sturgeon (qui a succédé à Alex Salmond… pour exercer le pouvoir en Écosse, il faut avoir un nom de poisson) , la First ministre s’éclate. Elle, elle sait ce qu’elle veut ,et ça va barder pour les anglais! Parce que les écossais refusent de quitter l’union européenne, eux. Il va falloir que je me  renseigne, ça lui ferait combien de commute à Marichéri, Edinburgh-Londres? 

L’histoire entre les anglais et les écossais a commencé sous les romains, qui ont trouvé que les pictes et autres calédoniens, les écossais de l’époque, étaient tellement barbares qu’ils ne méritaient même pas d’être massacrés civilisés  comme les tribus du sud. Les romains ont même construit un joli mur, le mur d’Adrien ou Hadrian wall en v.o. pour empêcher les écossais de venir dans leur cour de recréation territoire, c’est dire à quel point ils refusaient de jouer avec eux!

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Comme ça, au premier abord, à part décourager un ou deux moutons rhumatisants, on ne voit pas bien comment ça a pu résister longtemps. Mais à l’état neuf, le mur d’Adrien était plus haut, avec des pieux en bois bien pointus et parsemé gaiment de forts où de malheureux soldats romains devenaient neurasthéniques à surveiller le paysage. C’est mortel. Ça ne s’arrange pas après la chute de l’empire romain. Il ne se passe strictement rien pendant des siècles. Les anglais et les écossais s’ignorent mutuellement, c’est d’un ennui… Et puis soudain, en 1296, hop, Édouard Premier d’Angleterre, qui ne savait probablement pas quoi faire pour s’occuper un peu, décide d’envahir l’Ecosse, comme ça, un beau matin. C’était peut-être un passionné de pêche aux saumons, ou alors il avait la peau fragile et cherchait un climat pluvieux… En tout ça, les écossais se sont vexés. Ils ne se sont pas laissés faire et ont carrément lancé Mel Gibson à la tête d’Edouard. C’est pas malin. Enfin, William Wallace, Robert d’Ecosse et leurs copains, mais on se comprend. S’en est suivie toute une série d’empoignades rigolotes, de massacres désopilants de part et d’autres, notamment autour d’un pont, le Stirling Bridge, la rivière empêchant les anglais de rentrer en Écosse. Franchement, je n’y connais rien en stratégie militaire, mais une bonne douzaine de bouée et quelques brassards, et ça réglait le problème des chevaliers anglais, non? A noter que selon certains historiens, qui n’ont peur de rien, William Wallace aurait en fait été un gallois d’origine française, le français aurait même été sa langue maternelle. On ne dira jamais assez combien historien, c’est une profession à risque.

Nos gentils petits amis continuent à se taper dessus, entre deux trêves et traités de paix désopilants jusqu’en 1328. Robert premier d’Ecosse et Édouard III d’Angleterre signent le traité de Edinburgh-Northampton qui reconnaît formellement qu’ils ne sont plus copains et ne joueront plus ensembles mais chacun de son côté, sans embêter l’autre. On remarquera d’ailleurs que les écossais sont beaucoup plus économes que les anglais, ils n’ont utilisé qu’un seul roi pendant que les anglais usait trois Edouards. Ou alors, l’Edouard se conserve moins bien que le Robert Premier…Tout se calme jusqu’à 1513, où les festivités reprennent à cause des français. Déjà, c’est gentil de tout nous mettre sur le dos comme ça. Je croyais que les écossais et les anglais n’étaient jamais d’accord, mais quand il s’agit d’accuser les français de se mêler de ce qui ne les regardent pas, tout de suite, ils se réconcilient. Cela dit, qu’est-ce qui a bien pu prendre aux français d’aller se mêler des histoires écossaises aussi? Un amour du tartan? Une envie subite de saumon? Ou plus simplement, à l’instar d’un supporter de rugby de base, le désir de s’allier avec n’importe qui du moment qu’ils sont contre les anglais. James IV, ses soldats écossais et leur petits correspondants français (je n’ai pas bien suivi, ça fait un peu échange linguistique, non?) se prennent alors une pâtée monstrueuse contre les anglais à la Bataille de Flodden. Même ce malheureux James y passe.

Là-dessus, le pape, à qui on ne demandait rien pourtant, décide qu’il veut jouer aussi et pond des tas d’encycliques. Ça n’arrange rien: les écossais protestants s’allient avec les anglais réformés, les anglais catholiques sympathisent avec leurs coreligionnaires écossais, c’est un bazar pas possible. Du coup, Mary, la reine d’Ecosse les laisse se dépatouiller entre eux et part se reposer chez François en France. On la comprend. Mais la pauvre fille est tête en l’air, elle y perd aussitôt son mari (le petit François II, mais je ne vais pas commencer à massacrer l’histoire de France aussi, je suis déjà débordée avec l’histoire britannique). Du coup, Mary rentre chez elle, et se dispute avec sa cousine, Lizzie plus connue sous le nom d’Elisabeth. Ce sont des choses qui arrivent dans les meilleurs familles. Elisabeth a un sale caractère, ça ne la fait pas rire. Elle décapite Mary d’un mouvement d’humeur, en 1587. Quand je vous disais que Mary était tête en l’air (je sais, c’est nul et vous sentiez la blague arrivée depuis 10 lignes, je m’amuse d’un rien). Après toute cette agitation débridée, qui n’est rien de plus qu’une sombre dispute familiale, on décide de souffler un peu. C’est une chance, je n’en peux plus. En 1603, James VI d’Ecosse devient aussi James I d’Angleterre (en gros, ça nous fait du James VII, non?), un seul roi pour tout le monde et ça va bien comme ça….ahaha…c’était juste pour rire, à partir de maintenant, ça va encore plus se compliquer! C’est la guerre civile de partout. Ça se dispute dans tous les sens entre anglais et écossais, entre anglais tous seuls, entre écossais tous seuls…c’est épuisant. Même les irlandais participent aussi, dans la joie et la bonne humeur, et les français y mettent leur grain de sel. En résumé de 1638 et la mort de Cromwell en 1658, tout ce petit monde passe son temps à s’entretuer joyeusement, sans soucis de nationalité, n’importe quel passant, écossais, anglais ou javanais a le droit de se faire déchiqueter.

Après toutes ces émotions, une fois débarrassées Cromwell, les choses se calment un peu…il y a bien deux ou trois petites échauffourées, de vagues disputes de temps en temps, mais rien de bien méchant. On continue avec un seul roi pour les deux pays et voilà. Les écossais ont toujours le vague espoir de mettre un Stuart écossais sur le trône des Hanovre (déjà des allemands, ça doit faire plaisir à Lizzie II alias Elisabeth Saxe-Coburg und Gotha). Mais les anglais aiment bien que tout soit carré. En 1707, ils décident de sortir le best seller de l’été : the act of union qui proclame un seul pays, un seul roi et un seul parlement. C’est beaucoup plus simple comme ça, mais ça contrarie les écossais. James Stuart se revolte en 1708, avec, vous allez rire, l’aide des français. Et c’est reparti pour un tour, on se massacre encore, jusqu’en 1746 et la bataille de Culloden. Les écossais et les français y sont encore une fois ridicules et se calment pour un bon bout de temps, à charge de revanche lors du prochain tournois des 6 nations (c’est du rugby). C’est gentil de faire une pause, je suis épuisée.
Après tout ça, les relations anglo-écossaises perdent en intérêt, il y a de vagues révoltes sporadiques, apparemment l’élevage intensif des moutons et l’arrivée des machines à vapeur y sont pour quelque chose. Je ne sais pas trop, peut être que la vapeur dérange la coiffure des moutons, ou que la laine bouche les tuyaux….bref, après des débuts pétaradants, ça se traine en longueur…Les indépendantistes s’ennuient aussi, et ils décident d’organiser un référendum (c’est une manie dans ce pays!) pour se séparer de l’Angleterre, en septembre 2014 mais ça fait un flop. On pourrait en rester là.

Et paf, voilà que les nationalistes fachos anglais leur offre sur un plateau l’excuse parfaite pour remettre ça! C’est gentil de leur part quand même..la petite Nicola n’attendait que ça, elle est en ce moment même à Bruxelles. Elle. A lors  que Cameron s’est fait jeté et n’a même pas pu aller au petit dej avec les autres ce matin. La First Minister veut voir ce qu’on peut faire pour garantir  la place de l’Ecosse en Europe après le Brexit. Vraiment elle fait des efforts mais bon, si Bruxelles lui dit que ça va pas être possible dans l’état actuel des choses, ça ne sera pas sa faute à elle si on doit faire un référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Ça lui fend le cœur. Ou pas. Du tout. Et ça sera donc quand même grâce aux fachos nationalistes anglais  qu’un nouveau chapitre va s’ouvrir dans les relations anglo-écossaises, un  chapitre qui risque de faire passer tout le reste pour du pipi de chat. 

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