8 jours à Vienne en 8 photos

Publié le 28 juin 2016 par Ailleurstoujours @TjsEtreAilleurs

JOUR 1

C'est la troisième fois en un peu plus d'un an que je pose le pied en territoire autrichien. Cette fois, ce séjour n'a rien de vacances : j'y viens avec des objectifs bien précis en tête, dont le principal est de préparer mon expatriation en août prochain. Trois fois, donc, que je prends la ligne Genève/Vienne. Pourtant, c'est la première fois que je vois la campagne autrichienne depuis le hublot de l'avion. Ces champs au découpage géométrique seront l'une des images les plus marquantes que je ramènerai de mon voyage. C'est toujours le même émerveillement que de découvrir la Terre d'aussi haut, se rendre compte comment l'homme a modelé son environnement, suivre le tracé des routes, la disposition des villes... Une nouvelle perspective qui permet une première compréhension du pays où l'on arrive.

JOUR 2

J'ai l'impression d'avoir déjà couvert Vienne en large, en long et en travers lors de mes deux précédents séjours mais je ne me leurre pas ; il me reste encore tant de nouveaux endroits à visiter, de quartiers à explorer sous un nouveau jour, de détails à repérer. Je suis dans une sorte d'entre-deux : la ville m'est familière, j'y ai déjà mes habitudes, mais elle ne s'est pas encore laissé apprivoisé totalement, elle se dérobe encore, garde ses secrets et ne se dévoile qu'au fur et à mesure. Si je peux désormais rayer le Prater de ma liste des lieux à voir, je sais que je reviendrai. Quand j'aurai trouvé assez de courage pour monter dans la grande roue, l'un des emblèmes de Vienne.

JOUR 3

Première visite d'appartement, première déception. Dans le tram retour, je broie du noir, je réfléchis à ce que je peux faire de ma soirée. Je ne veux pas rentrer m'enfermer, il fait beau, j'ai besoin de me changer les idées. Je sais où aller. C'est l'été ; le pavillon Otto Wagner sur la Karlplatz, peut-être ma place préférée à Vienne, est ouvert. Il ferme dans trente minutes, qu'importe : je ressors avec un nouveau projet de balade pour dimanche et le moral regonflé à bloc. Ne pas se laisser abattre. 

JOUR 4

Le week-end est enfin là, deux jours complets pour jouer aux touristes dans Vienne. Je n'ai pas hésité longtemps sur comment j'allais occuper mon temps. Première destination : le Kahlenberg, cette colline située dans le 19e arrondissement, dont les pentes sont recouvertes de vignes. Une belle balade de près de quatre heures, récompensée à mi-parcours par une vue imprenable depuis le point culminant, à près de 500 m d'altitude. Je contemple pour la première fois Vienne d'aussi haut. Émotion.

JOUR 5

Le dimanche je pars sur les traces d'Otto Wagner. J'ai connais déjà la Kirche am Steinhof, ce petit bijou d'art nouveau. Mais Vienne regorge d'infrastructures et de bâtiments que l'on doit à cet architecte de génie, dont le plus flagrant est peut-être son réseau de métro aérien. J'ai ma petite liste sous la main, qui m'amène dans différents arrondissements. Mon coup de cœur absolu ira à la villa qu'il se fit construire dans le 14e, à l'époque un village de la banlieue viennoise. Il abrite désormais le musée Ernst Fuchs. Je ne comprends pas comment j'ai pu passer à côté de cet endroit. Je ne voudrais jamais repartir.

JOUR 6

Journée noire. De ma balade dans le Kahlenberg je croyais avoir ramené qu'une petite piqûre d'insecte. Je me réveille ce matin avec la cheville gonflée et ce qui ressemble à une vilaine infection. La panique me gagne. La pharmacienne, peu rassurante, me conseille d'aller voir un médecin. Heureusement, les listings du consulat m'apprennent qu'il y en a un pas loin de mon appartement qui parle français. Deux heures et demie d'attente et 40 € de consultation plus tard : je cumule une infection ET une réaction allergique. J'ai le moral dans les chaussettes, ma cheville est une torture, j'imagine les pires scénarios catastrophe ; à cela s'ajoutent des mauvaises nouvelles concernant ma recherche d'appartement. Cette journée marque le début de la fin de mon idylle viennois. Je m'endors en larmes, épuisée et découragée.

JOUR 7

Toute la journée j'hésite à sortir. J'ai le cœur lourd. J'ai l'impression que je vis ma dernière journée à Vienne et que je ne reviendrai pas. C'est stupide, j'essaye de combattre ces idées noires en rationalisant mon semi-échec mais rien n'y fait. Je trouve quand même le courage de mettre le nez dehors en fin de journée, pour aller travailler dans un café, profiter de ma dernière soirée. Entourée de l'effervescence de la ville, j'oublie mon blues. Assise devant une part d'Apfelstrudel, mon péché mignon, je retrouve le sourire. Tout dans cette semaine a confirmé mon envie de venir habiter ici. J'essaye de me raccrocher à ça. Le soleil commence à se coucher. Un dernier passage par le Volksgarten, pour admirer les roses en fleur. Le retour à l'appartement marque le retour de mes doutes. Je veux rentrer.

JOUR 8

Dernière vue sur Vienne depuis l'avion. Je n'ai pas trop eu le temps de penser ce matin, tant mieux. La vie rattrapée par ses contingences : n'ai-je rien oublié en faisant ma valise ? Vais-je arriver à l'heure à l'aéroport ? Aurai-je assez de temps pour prendre ma navette à Genève ? Août ne m'a jamais semblé aussi inaccessible.