Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula

L’île de Malekula n’était pas du tout prévue dans notre programme. A la base, nous devions nous rendre au cœur des îles Rah, comme la plupart des touristes venant de Nouvelle-Calédonie. Oui, mais voilà, un imprévu s’est glissé dans notre planning, et nous nous sommes retrouvés sur l’île de Malekula, située au Nord-Ouest de l’archipel et anciennement connue sous le nom de Mallicolo. Le problème, c’est que nous n’avions pas du tout regardé à l’avance ce que l’on pouvait faire sur cette île dont nous avions d’ailleurs jamais entendu parler… Mais alors, l’île de Malekula, c’est comment ?!

Malekula

Un morceau de chair humaine, ça vous tente ?

Deuxième plus grande île du Vanuatu, Malekula s’étend sur 44 km de large et 94 km de long. Elle serait par ailleurs l’une des îles les plus riches d’un point de vue culturel et linguistique, puisqu’on y parlerait pas moins de 30 langues différentes ! Mais ce qui nous passionne le plus quand on obtient enfin quelques informations sur cette mystérieuse île, c’est son histoire.

La légende raconte qu’au Sud de Malekula vivaient Ambat et ses enfants qui avaient la particularité d’être blancs avec des cheveux longs et lisses. Un jour, malgré l’interdiction de leur père, les enfants mangèrent une pomme rose et devinrent noirs. On leur demanda alors comme punition de porter l’étui pénien et de s’isoler dans le Sud.

En 1774, le navigateur James Cook fut accueilli par les habitants de l’île en véritable héros en mémoire d’Ambat, car pour eux, l’homme blanc était un Dieu. Hélas, cette impression ne dura pas longtemps avec l’arrivée des recruteurs de main d’œuvre (blacks birding). Les relations se dégradèrent très vite. Les villageois, par mesure de répression, attaquèrent les bateaux, capturèrent les équipages et parfois les mangèrent.

Oui, oui, vous avez bien lu : « les mangèrent » ! Parce que ce qui fait la particularité de Malekula, ce sont ses habitants empreints d’une culture cannibale !

La culture Amel

Découverte de tribus uniques : les Nambas

Malekula est habitée par deux tribus distinctes : les Small Nambas (originaires du Sud et du Centre de l’île) et les Big Nambas (originaires du Nord). Le terme « Nambas » vient du nom de l’étui pénien, le « namba », porté dans l’ancien temps dans les tribus, (bien qu’apparemment, certaines tribus continuent de les porter encore aujourd’hui). Les noms Small et Big ont été donnés par rapport à la taille de leur étui pénien fabriqué avec des feuilles de pandanus. Chez les Small Nambas, vous l’aurez compris, ces étuis sont plus petits.

Voici un petit récap’ des différences entre ces deux tribus :

  • Les Small Nambas : Les hommes du village vivaient dans une maison appelée « le amel », séparés de leurs femmes et leurs enfants qui dormaient ensemble dans une autre maison. Les Small Nambas ont introduit l’élongation du crâne sur les jeunes garçons, une pratique strictement réservée à cette partie du Vanuatu.
  • Les Big Nambas : Ces tribus étaient réputées pour être très guerrières, et rares étaient ceux qui osaient les défier. A la moindre provocation, les Big Nambas partaient en guerre, et après avoir tué leurs ennemis, ils les consommaient lors d’une cérémonie. Il était naturel pour un chef de village d’avoir plusieurs femmes. Quant aux garçons, ils devaient pour devenir des hommes subir la cérémonie de la circoncision.

Malekula est une île hors des sentiers battus, qui vous permet d’approcher une culture singulière très ancienne : le cannibalisme. C’est donc pas vraiment rassurés que nous partons à la découverte des descendants de ces amateurs de chairs fraiches !

Au cœur des Small Nambas, chez Étienne et Lynn

Une fois déposés par avion au minuscule aéroport de Norsup, c’est Guénolé qui nous emmène chez Étienne et Lynn, nos hôtes qui habitent au Nord-Est de Malekula.

Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula

Si l’intérieur de l’île est plutôt montagneux et relativement hostile, le pourtour est constitué d’immenses cocoteraies dont on n’en voit pas le bout. On comprendra vite pourquoi : Malekula détient la plus grande production de coprah (albumen séché de noix de coco) du Vanuatu.

Une heure de route plus tard, on découvre un grand bungalow construit en bord de mer et disposant de plusieurs chambres pas vraiment isolées les unes des autres… Bon, pour l’intimité, on repassera, mais l’environnement est mignon comme tout !

Chez Etienne et Lynn

Le soir venu, on fait la connaissance de Sara et Christian, un couple d’Allemands, avec qui on partagera un délicieux repas préparé par Lynn (une cuisinière hors pair !). Ils ont prévu de visiter le lendemain un site cannibale, puis d’enchainer avec les danses coutumières des Small et des Big Nambas. Banco ! Notre programme est tout trouvé ! Bon, par contre, on se limitera aux danses des Small Nambas, les activités touristiques on aime bien, mais il ne faut pas non plus exagérer (et puis, c’est hors de prix, il faut bien le dire !).

Sur les traces d’un peuple cannibale

Direction l’ancien site cannibale de Amelbati et les tombeaux des Grands Chefs Guerriers, avec notre guide locale, l’adorable Erima. (Sans le savoir, nous allons passer tout notre séjour sur l’île en sa compagnie, et nous aurons d’ailleurs bien du mal à la quitter…)

Erima, guide locale

Situé à Rano, le site cannibale est accessible après une marche de 30 à 60 min en pleine forêt. Une balade plutôt agréable accompagnée par Erima qui nous donne de nombreuses explications sur les plantes que nous découvrons en chemin, et qui nous raconte les histoires les plus sordides de l’île. Elle finit d’ailleurs par nous avouer que la dernière fois qu’une personne a été mangée « officiellement » était en 1983… Est-ce pour amuser les touristes, ou est-ce vrai ? Je ne sais pas… En tout cas, j’imagine qu’ils ne se sont pas arrêtés du jour au lendemain, et que les cas de cannibalisme ont du perdurer bien après leur interdiction ! Mais bon, 1983, c’était hier quoi ! Pour couronner le tout, nous sommes accompagnés par « l’homme à la machette » qui nous suit sans prononcer un mot… Une fois enfoncés dans les bois, ont-ils prévu de nous découper en morceaux et de nous faire frire ?! Arrêtons la psychose !

Malekula

Le site funéraire de la tribu Amelbati n’est pas vraiment entretenu et il n’en reste plus grand chose. Très ancien, ce site fut abandonné par la tribu quand elle se déplaça vers les îles voisines. Sur place, seules quelques pierres funéraires sont encore entassées, indiquant le lieu où étaient enterrées les familles.

Site cannibale

Un peu plus loin, nous atteignons la « cuisine » des chefs cannibales. C’est ici que les guerriers vainqueurs d’une bataille « mangeaient » leurs ennemis, ou du moins, une partie. Parce que franchement se taper un poulet entier, c’est déjà gros, mais alors un humain, bonjour l’indigestion !

Site cannibale

Sur place, la mise en scène prête à sourire : des ossements de poulets humains sont disposés bien en évidence. Il reste néanmoins quelques traces de cette époque, dont des crânes humains, des trophées recueillis par les chefs, des armes, des coquillages…

Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula

Au-delà de cette mise en scène, ce qui fait le charme de la ballade, ce sont encore et toujours les anecdotes racontées par Erima. Soi-disant, les ennemis étaient enterrés assis, avec la tête hors du sol, afin de pouvoir l’emporter en cas d’attaque d’une tribu adverse ! Mais la plus croustillante est évidemment celle-ci: les bras des victimes étaient séchés puis utilisés comme des torches lors des cérémonies ! Allez, bon appétit bien sûr !

Envoûtés par les danses traditionnelles des Small Nambas

Tout juste remis de nos sensations fortes, et après avoir échappés à l’homme à la machette, on enchaîne par les danses coutumières des Small Nambas de la tribu Nemi Gordien Ser, qui souhaite conserver ses traditions, et dont les anciens continuent de les transmettre aux plus jeunes. Le village est organisé autour d’une grande place avec en son centre un tambour pour une tribu toujours prête à danser. Leur vie en communauté est basée sur une communion avec la nature, une agriculture de subsistance, et surtout un bonheur partagé du chant et de la danse.

Danse des Small Nambas

Au fait, si vous avez bien suivi, cette tribu possède les plus petits étuis péniens : entendez par là que les hommes sont quasiment à poil ! Bon, j’avoue que c’est assez bizarre au premier abord, mais finalement il y a pire que de voir des hommes musclés danser quasiment nus, non ?! 

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Plus sérieusement, tout est encore mieux organisé qu’un show à Las Vegas. Véronique, véritable maîtresse de cérémonie, dirige toute sa petite troupe d’une main de fer !

Véronique

Les hommes commencent par une série de danses coutumières très jolies, puis les femmes entrent en scène avec une belle danse des fleurs.

Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula Vanuatu #6 : A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula Danse des Small Nambas

Vient ensuite « l’entracte » ! C’est alors un peu gênés que nous assistons à des démonstrations de la vie quotidienne :

  • La cuisine du fameux lap lap, le plat traditionnel du Vanuatu à base d’igname et de lait de coco frais
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  • Le dessin sur sable, une tradition encore présente sur l’île qui leur permet de communiquer en se laissant des messages au sol

Dessin sur le sable

  • L’allumage du feu à la façon de Koh Lanta
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  • Le tressage de feuilles de pandanus qui permet de construire des toits pour les cases ou de confectionner des paniers et d’autres ustensiles de la vie quotidienne… C’est d’ailleurs comme cela qu’ils nous feront une superbe couronne de miss (?!)
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Nous aurons même le temps de déguster ce que les femmes ont préparé durant l’entracte : du manioc râpé, cuit et trempé dans du lait de coco. On ne dirait pas comme ça, mais c’est un véritable délice !

Plat traditionnel, le lap lap

Afin de conclure ce show hollywoodien, c’est ensemble que les hommes et les femmes entrent en scène afin de nous envoûter le temps d’une dernière danse…

Danse des Small Nambas

Peu importe l’aspect touristique de cette animation, on aura passé un excellent moment en leur compagnie, et surtout nous auront découvert plein de choses concernant leurs coutumes.

Small Nambas

Small Nambas

Après cette belle entrée en matière, nous décidons de faire davantage connaissance avec les habitants de l’île de Malekula et d’en apprendre encore plus sur leurs traditions. Nous partons pour deux jours qui s’annoncent émouvants et authentiques : direction le Village de Botco, où l’exceptionnelle et inoubliable Rachel nous attend…

INFOS & ASTUCES

#1 : Pour organiser votre séjour sur l’île de Malekula, contactez Zaza d’Espirit d’Aventure au Vanuatu. Je vous l’ai déjà dit, c’est gratuit et elle s’occupe de tout ! Il n’y a pas beaucoup de vols pour vous rendre sur l’île, et tout prévoir à distance me parait être le parcours du combattant…

#2 : Transfert A/R entre l’aéroport et l’hébergement : 3000 vt/pers. Comptez 1h de transport.

#3 : Nuit sur l’île de Malekula : Nawori Sea View Bungalows, chez Étienne et Lynn. Le bungalow est situé en bord de mer, mais il n’y a pas de plage. Par contre, la vue est superbe. Prix : 5000 vt/nuit. Repas : entre 500 et 1000 vt/pers, selon le repas que Lynn vous aura préparé. Confort sommaire, notamment les douches, mais c’est très propre !

#4 : La visite du site cannibale se fait avec un guide local, Erima. Comptez entre 30 et 60 min de marche dans la forêt pour atteindre le site. Prix : 2500 vt/pers.

#5 : Pour assister aux danses des Small Nambas, demandez à Étienne et Lynn, ils l’organiseront pour vous ! Pendant environ 2h, vous pourrez voir des danses et découvrir leurs traditions. Prix : 5000 vt/pers.