Agir pour la protection de la nature islandaise (fin)

Publié le 04 juin 2016 par Vivreenislande @vivreenislande
PARTIE 3 SUR 3

La partie 1 est ici !
La partie 2 est là !

Comme promis, pour clore ce dossier consacré à la nature en Islande, voici une liste non exhaustive de conseils visant à préserver cette île à la fois forte et fragile qui accueille chaque année toujours plus de visiteurs.

Sur son site en ligne, le Ministère dédié à l’Environnement et aux Ressources naturelles islandais précise  que toute personne a le droit de voyager dans le pays à condition qu’elle respecte certaines règles. Rien de plus normal ! Mais en marge de ces règles, il y a aussi tous les petites choses qui ne sont pas obligatoires mais qui relèvent de notre bon sens ou plutôt de notre éthique.

Il est possible que certains d’entre vous connaissent déjà ces règles et recommandations. À ceux-là : n’hésitez pas à diffuser et à partager cet article sur les réseaux sociaux !

Je remercie à nouveau Árni Finnsson et son frère Einar Torfi Finnsson -qui est également le Directeur général de l’entreprise Icelandic Mountain Guides- pour leur aide.

1•Mangeons islandais, mangeons local !

Avec mon mari, nous avons été effarés de constater l’autre jour que l’ail que nous venions d’acheter provenait de… Chine. Une aberration qui fait franchement peur. Qui sait quelle quantité de carburant a été utilisée pour faire venir cet ail en Islande depuis la Chine, alors qu’il est possible de le faire pousser ici ?

Plusieurs fruits et légumes poussent sur le sol islandais grâce à la géothermie et aux serres. S’ils sont plus onéreux que ceux importés, ils sont aussi nettement meilleurs.

J’en profite pour ouvrir une parenthèse ; il y a quelques semaines j’ai eu le bonheur de visiter une serre islandaise près de Borganes. Je vous en parlerai plus précisément plus tard si ses propriétaires sont d’accord : je crois que j’ai rarement mangé des fraises aussi bonnes, et pourtant une partie de mon enfance s’est déroulée en Dordogne, non loin de champs entiers de fraises de toutes sortes -les meilleures de France. Vive les serres islandaises.

2•Buvons islandais, buvons « l’eau-cal » !

Savez-vous commet les islandais appellent les eaux en bouteille commercialisées sur l’île ? Des « pièges à touristes ». L’eau du robinet est exactement la même que celles de ces bouteilles. Et l’eau islandaise est l’une des plus pures au monde ! Ne nous faisons pas arnaquer comme à l’hôtel Adam.

3•Ne prenons pas la Terre pour une poubelle géante

A propos de bouteille et d’ordures… en Islande presque tout se recycle. Vous trouverez plusieurs centres de tri/consignes dans la capitale.

Sachez que chaque bouteille consignée –en verre et même en plastique !- ou chaque cannette vous rapportera 16 Isk. Une info qui pourrait séduire les gros consommateurs de sodas, de bières ou de vins très chers par exemple.

D’autre part : quelle horreur de constater d’année en année de plus en plus de photos qui montrent des déchets ou des mégots de cigarettes sur les sites connus. Quels crétins peuvent se laisser aller à jeter leurs ordures aux pieds de Skogafoss ? Les poubelles sont (heureusement) rares en pleine nature. Alors pensez à prendre avec vous un contenant qui fera office de poubelle.

Pour aller plus loin, on peut devenir randonneur « écomarcheur » ou « ramasseur volontaire » en s’inspirant de l’idée de l’association GreenTrek et de son sac : http://greentrek.fr/accueil-2/le-sac-green-trek/

Et puis faut-il le rappeler : la nature islandaise n’est pas une fosse septique.

Oui, vous m’avez comprise… Un panneau « interdit de faire caca » a du être mis en place pour freiner les ardeurs scatologiques de certaines personnes. Ça peut faire sourire, ou pleurer. Il y a de nombreuses stations-service en Islande. De quoi planifier la prochaine pause « besoins naturels » au cours du voyage. Déféquer dans des champs de lave vieux de centaines d’années et y jeter son papier toilette… C’est un crime. Et la turista est peu fréquente en Islande je crois… Donc pas d’excuse !

Fosse septique… Je pense aussi aux eaux usées, donc j’en profite pour faire un crochet par les sources d’eau chaude naturelles. J’ai déjà entendu cette question, mais non, on ne peut pas se laver dans les sources d’eau chaude. On peut s’y baigner, mais pas s’y laver. Si vous n’êtes pas à proximité de votre hébergement, vous pouvez aussi vous rendre à la piscine municipale du coin (quelques centaines de couronnes) et profiter de ses douches.

4• Préservons la faune et la flore islandaise !

Vous l’avez remarqué, hormis les oiseaux –surtout en été-, les renards polaires, les baleines, les poissons, les rennes, les chiens et les chats, la faune islandaise est rare.

Toutefois, la réputation de l’Islande n’est tout de même plus à faire dans le domaine ornithologique. C’est normal, car cette petite île est au carrefour de couloirs migratoires importants. Par exemple, on dénombre environ 14 espèces de canards en Islande, soit le plus d’espèces en Europe.

Quant à la flore, on a recensé environ 470 espèces indigènes en Islande. Incroyable, quand on réfléchit à l’immense part désertique du pays : la moitié du territoire est dépourvue de végétation. Selon moi, ces petites plantes délicates sont tout aussi impressionnantes que la puissante Dettifoss. Elles parviennent à pousser dans un environnement qui leur est totalement hostile.

Préservons ce trésor et respectons la tranquillité de la faune et de la flore.

Si vous avez eu la chance comme moi de voir des groupes de phoques se prélasser dans l’eau ou sur les plages, vous avez certainement constaté qu’ils ne sont pas si farouches que cela. Il leur arrive même de sortir la tête de l’eau en vous regardant, car ils sont très curieux. Rappelons-nous de l’endroit où nous nous trouvons, réputé pour sa nature sauvage. Dans ce cas, soyons aussi discrets que possible pour laisser ces bons vivants profiter de leur habitat.

Idem pour les oiseaux qui aspirent à vivre en paix. La sterne arctique par exemple se montre souvent agressive, et non sans raison. Elle défend son territoire et parfois, c’est son instinct de parent qui lui donne des airs de folle furieuse façon Hitchcock.  Nous l’avons un jour compris quand l’un de ces oiseaux nous a clairement fait une danse d’intimidation, avant que nous apercevions des oisillons dans l’herbe.

Soyons donc prudents, respectons la fermeture des routes dans le but de protéger la nidification des oiseaux, ne dérangeons pas les phoques, ne donnons pas n’importe quoi à manger aux chevaux, ralentissons sur les routes et ouvrons l’œil car un mouton peut surgir à n’importe quel moment –les accidents sont fréquents-, évitons de marcher/rouler sur des oisillons, soyons inexistants dans les réserves naturelles ou près des falaises, laissons tranquilles les renards arctiques qui ne souhaitent pas nous approcher… Si nous aimons ce pays, alors laissons intact son côté sauvage.

Ne faisons pas de off-road (hors-piste)… ni en voiture, ni à pieds, ni autrement

La conduite hors-piste peut être punie d’une amende de 3500 €. En plus d’être dangereuse, elle est destructrice pour la flore islandaise qui est par définition une « survivor » ; elle parvient à pousser dans des endroits qui lui sont carrément hostiles. La mousse typique du pays, par exemple, a besoin d’une centaine d’années pour pouvoir se reformer après avoir été écrasée…

Le « hors-piste à pieds » est tout aussi néfaste : sur les sites les plus populaires, il est préférable de se contenter des passerelles ou chemin balisés prévus à cet effet. A deux ans d’intervalle, le point de départ principal du Landmannalaugar nous avait fortement choqués. Le sol était abîmé par les nombreux passages des gens. A certains endroits, l’herbe, piétinée, était défigurée. Il y a quelques jours encore, nous avons été désolés de constater que plusieurs passages à la sauvage avaient creusé d’affreuses tranchées près de Gljufurarfoss. Juste pour pouvoir aller plus vite de cette cascade à Seljalandsfoss…

Et quand quelqu’un constate que d’autres sont passés par là, la tentation du « alors pourquoi pas moi ?» surgit rapidement. L’effet Mouton de Panurge !

Lorsque vous ne pouvez plus avancer sur le chemin que vous aviez prévu de parcourir et que vous vous retrouvez face à l’obligation de faire du hors-piste, voici une solution simple : faites demi-tour !

Ne volons rien de ce qui est minéral / végétal

Il est interdit de ramasser tous les éléments naturels tels que pierre ou fleur. Pas plus qu’il n’est permis d’emporter un mouton pour le mettre dans sa valise. À défaut d’être tondu, le coupable risque une amende.

Alors, « bof c’est juste un caillou » ne fonctionne pas quand on pense aux autres millions de touristes qui passent chaque année.

En 2015, 1 289 140 visiteurs ont visité l’Islande en provenance de pays étrangers selon l’Icelandic Tourist Board. (Sachant que la population totale du pays est aux alentours des 320.000 habitants…).

La cueillette sauvage est gentiment autorisée à deux conditions : il faut qu’il y ait consommation sur place (les baies par exemple) et il faut qu’elle se fasse sans contre-accord de la part du propriétaire des lieux.

5•Evitons de squatter partout !

Obéissons au droit de visite et respectons les Islandais bien sympas qui nous reçoivent sur leur territoire, car c’est aussi respecter la nature.

L’État nous demande de respecter les biens des propriétaires qui nous acceptent sur leurs terres : laisser le bétail tranquille, ne pas circuler dans leurs cultures, refermer les barrières s’il y en a, ne pas passer les clôtures, suivre les sentiers destinés à cela, ne pas jeter ses déchets partout, faire preuve d’hygiène et de prudence etc. Je dirais que le mieux est de partir en laissant tout comme c’était avant.

Sachez qu’un propriétaire a le droit de vous refuser l’accès à ses terres, que vous soyez en voiture ou à pieds. Il peut aussi accepter votre visite à condition que vous respectiez certaines règles : ne pas circuler en véhicule motorisé, par exemple.

Par ailleurs il existe de nombreux campings existent en Islande à des prix accessibles. Le camping sauvage peut être toléré sous certaines conditions : il faut se placer le long des routes publiques et des régions peuplées. Si quelqu’un habite à proximité, il faut lui demander son autorisation dans le cas où l’envie serait de rester plus d’une nuit et/ou si le nombre de tente dépasse trois. De même, s’il s’agit d’une terre cultivée, il faut demander l’accord du propriétaire pour camper. Si vous ne savez pas où il habite… Préférez un autre endroit.

Pour ceux qui souhaiteraient agir :

  • en adhérant à des associations de protection de la nature islandaise non violentes telles que l’INCA, ou bien the Icelandic Environment Association,
  • en signant des tas de pétitions qui ont du sens telles que celle destinée à la nomination des Hautes Terres en tant que Parc national.