J’ai eu beaucoup de coups de cœur au Vanuatu. Ce n’est plus un secret, je suis même tombée amoureuse de ce pays. (Comment ça vous en avez déjà marre que je vous bassine avec le Vanuatu ?!). Mais durant mon séjour, j’ai eu véritablement un coup de foudre. Comme si l’endroit où je me trouvais était une évidence. Comme si plus rien au monde ne comptait et que je ne voulais plus qu’une chose dans ma vie : rester là, ici, pour toujours ! Le petit village de Port-Olry m’a émerveillée, par sa beauté, son authenticité, sa simplicité, et surtout ses enfants. Le temps de deux petits jours, je l’ai senti, là, tout près… Un pur sentiment de bonheur et de légèreté.
Les cabanes en bois du « Little Paradise Bungalows »
Tout commence chez Tarcisius et ses cabanes en bois toutes mignonnes en bord de mer. Le pauvre a eu droit à tous les noms possibles et inimaginables, tellement on n’arrivait pas à s’en souvenir… « Stratorius ? Non… Spartacus ? Non… Stradivarius ? Non plus ! »… Tout y est passé. Et pourtant, Tarcisius est adorable. Ici, pas d’hôtel 4 étoiles, mais un lieu d’un charme fou, tout confort, la cabane de Robinson Crusoé parfaite en somme. Tout y est bricolé avec soin, de la douche extérieure avec pommeau « noix de coco », à la terrasse meublée de mobilier fait-maison.
Reçus comme des rois, Tarcisius nous emmène immédiatement voir les hommes du village qui, tous les jours en fin d’après-midi, préparent le kava pour alimenter le « Jungle Juice », le Nakamal du coin (bar à kava).
Un bol de kava en signe d’amitié
Pour ceux qui ne connaissent pas, le kava est une plante originaire du Pacifique occidental dont la consommation, vieille de plusieurs siècles, est ritualisée et régie par la coutume. Le partager est un signe d’amitié, le kava joue donc un rôle fondamental dans la vie religieuse, politique et culturelle de l’ensemble du Pacifique. Traditionnellement, le kava est préparé à partir du rhizome qui est mâché puis recraché sur une feuille de bananier. Laissée quelques heures au soleil, la pâte obtenue est ensuite diluée avec un peu d’eau puis filtrée et consommée dans la coque d’une moitié de noix de coco évidée. (Je reviens, je vais vomir !). Fort heureusement pour nous, la version moderne est un peu plus ragoutante, puisque le rhizome du kava est mis à sécher, réduit en poudre puis mélangé à de l’eau avant d’être filtré plusieurs fois dans, le cas présent, des dessous féminins tant qu’à faire ! Traditionnellement encore, les Nakamals sont réservés aux hommes car les femmes ne consomment pas de kava, mais comme je suis étrangère, j’y ai droit.
Je prends donc mon courage à deux mains pour avaler cul sec cette mixture dont je ne raffole pas, notamment parce que je sais d’avance ce qui m’attend… Le kava possède des propriétés anesthésiantes, myorelaxantes, stimulantes et euphorisantes… A chaque gorgée, j’ai l’impression que mes lèvres ont triplé de volume (Pamela Anderson, welcome back !), je sens de moins en moins ma gorge quand j’avale (à cause de l’effet anesthésiant), sans parler du goût qui est pour ma part, avouons-le une bonne fois pour toute, dégueulasse… Ô joie, bonheur ! Qu’est-ce que je ne ferais pas pour eux
Premiers pas dans une vie authentique
Le bol de kava traditionnel avalé, on se lance à la conquête de ce petit village de 4000 habitants. Et on va vite s’apercevoir que se promener dans Port-Olry, c’est comme remonter le temps. C’est la fin d’après-midi, les enfants sont sortis de l’école et jouent dehors, pieds nus, avec trois fois rien, au milieu des cochons, des poules et des chiens. Les mamies sont rassemblées sur des bancs fabriqués de bric et de broc à radoter discuter. Les maisons sont faites de tôles, ou de feuilles de noix de coco, les cuisines sont sommaires, on sent que les gens n’ont pas grand chose… mais ce qui frappe le plus, c’est le sentiment de légèreté qui règne. Ils ont l’air heureux. Quelle leçon de vie, une vraie claque.
Le crabe de cocotier sauce coco-curry
Tarcisius nous fait faire le tour du coin, et nous montre notamment tout un tas de crabes de cocotier vivants, pendant au bout d’une ficelle sous un abri de fortune… et nous demande si on veut qu’il nous en cuisine un pour le soir. Encore heureux qu’on veut !
C’est donc face à l’océan qu’on nous emmène à chacun un crabe entier complètement désarticulé, baignant dans une sauce au curry et à la noix de coco. C’est ici, au fin fond du Vanuatu, assis sur des tabourets de fortune en bois, au bord d’une superbe plage et face à l’océan, que l’on a mangé les meilleurs crabes de toute notre vie. Un plat 4 étoiles sous un faré qui ne paye pas de mine, au prix d’un bistrot parisien. J’en salive encore.
Quand je vous disais que Port-Olry, c’est le Paradis !
Aux alentours du village
Le lendemain matin, nous découvrons notre petit-déjeuner posé devant la porte de notre cabane. Au menu : pamplemousse, brioche, confiture de papaye maison, le tout accompagné d’un jus de coco encore dans la noix. Tarcisius, tu es parfait !
Nous partons ensuite à la découverte des alentours de Port-Olry. Bien évidemment, nous tomberons sous le charme de son école avec les claquettes des enfants laissées devant la porte, de sa banque avec son antenne parabolique géante, son dispensaire, son épicerie et son église.
La plage est absolument superbe et donne envie de se baigner, mais il faut savoir que l’endroit est très souvent venté. Nous voulions louer une pirogue traditionnelle et pagayer jusqu’à une île en face de la plage, mais impossible vu le vent.
Nous sommes donc partis explorer une autre île, accessible à pied à marée basse via un banc de sable. Attention, paradis garanti ! Malheureusement, nous ne sommes pas encore les prochains Christophe Colomb, aucune découverte notable, si ce n’est un endroit superbe.
Coup de foudre à Port-Olry
Il est temps maintenant de vous parler de mon coup de foudre. Rien que de l’évoquer, j’en ai la gorge nouée !
Nous revoilà donc pour la énième fois à arpenter les chemins du petit village de Port-Olry : en long, en large et en travers ! On ne s’en lasse pas. Ici, pas de route bétonnée entre les maisons, mais des chemins de terre, et à chaque détour, chaque virage et chaque recoin se cache quelque chose qui nous émerveille. J’ai mal aux zygomatiques à force de sourire bêtement. Tout le monde nous salue, s’arrête pour dire un petit mot, quant aux plus timides, ils nous sourient tout simplement. En même temps, après avoir fait pratiquement dix fois le tour, les gens ont du commencer à nous repérer et à nous prendre pour des fous ! Mais moi je m’en moque justement, tout ce qui me vient en tête, en boucle et en boucle, c’est : « Je veux vivre à Port-Olry ! ».
Pour cet ultime tour, nous avons enfin pensé à prendre les paquets de bonbons qui s’écrasaient dans nos sacs à dos depuis la Nouvelle-Calédonie. J’avais totalement oublié le pouvoir des sucreries sur les enfants ! Tout a commencé tranquillement, sur la petite « place du village ».
Trois petits garçons jouaient avec une voiture en bois fait maison, l’équivalent de la dernière console de jeux vidéo version occidentale, tout le monde en a une ! Le plus téméraire se rapproche timidement de nous par curiosité. On se dit alors que c’est le moment de dégainer notre arme fatale… Commence alors un raz-de-marée !
En quelques secondes et plusieurs signaux d’alerte plus tard, voilà que rappliquent une bonne quinzaine d’enfants surexcités qui nous encerclent pour avoir eux aussi des bonbons.
Les enfants : « Two ! Two ! Two ! »
Moi : « Ah non hein, pas tout ! »
Ça se passe de commentaires ! J’étais pas sensée savoir qu’ils me parlaient en anglais, puisqu’à la base, Port-Olry est un village francophone du Vanuatu ! J’en connais un qui se moque encore de moi, ça va rester dans les annales !
C’est comme ça que pendant plus d’une heure, nous passerons un moment privilégié avec eux, à bien rigoler. Très intrigués par la GoPro, ils se sont prêtés au jeu des photos et vidéos, dans les rires et la bonne humeur. Certains se poussaient pour être devant tout le monde et apparaitre le mieux à l’écran, tandis que d’autres regardaient curieusement l’écran de l’appareil photo de l’autre coté.
Si vous avez raté la vidéo dans laquelle vous pouvez voir les enfants de Port-Olry, c’est par ici !
Retour émouvant sur Luganville
C’est le ventre noué que nous nous levons le lendemain matin, afin de grimper avec les locaux dans la benne d’un pick-up retournant à Luganville. Heureusement, Tarcisius doit également se rendre sur Luganville, et vient donc avec nous, ce qui adoucit – un peu – les aurevoirs avec cet extraordinaire village. Il nous a très gentiment emmené des bonbons à la noix de coco qu’il a fait lui-même dans son four traditionnel. Les meilleurs du monde, un vrai délice. Haribo peut aller se rhabiller !
Si vous venez à Port-Olry en quête de sensations fortes, vous vous trompez de destination. Port-Olry a beaucoup plus à offrir, notamment d’un point de vue humain. Ces gens vivent avec trois fois rien, et pourtant ils sont généreux et toujours souriants. Une chose est sûre, je n’oublierai jamais ce moment passé avec les enfants de Port-Olry. Et un jour, je reviendrai…
INFOS & ASTUCES
#1 : Nuit à Port-Olry : Au Little Paradise Bungalow, chez Tarcisius. Prix par nuit : 5000 vt, petit-déjeuner compris. Les bungalows sont vraiment trop mignons, authentiques, très bien équipés, et font face à la mer.
#2 : Si vous dormez et mangez chez Tarcisius, vous avez droit à une réduction de 50% sur le prix de la carte, ce qui rend les prix vraiment très intéressants ! Et en plus, c’est délicieux ! N’oubliez pas de tester le crabe de cocotier et la viande de bœuf (le Vanuatu est réputé pour sa qualité de viande exceptionnelle). Parole d’une presque végétarienne ;). Crabe de cocotier : 1500 Vt. Steak : 1700 Vt.
#3 : Pour retourner à moindre frais sur Luganville, il faut se lever très tôt vers 6h30/7h. Le matin, plusieurs personnes du village descendent sur Luganville et font également office de taxi. Il faut monter dans la benne du pick-up, et les cheveux au vent vous pourrez admirer le paysage assis à coté des locaux. Tarcisius s’est occupé de tout, ça ne coûte que 500 vt/pers, pour 1h de trajet !