Se rendre au parc national de Tortuguero, ça se mérite ! Le trajet est une vraie expédition à lui tout seul et il faut s’armer de patience, car dans un sens comme dans l’autre, il faut compter une bonne journée pour s’y rendre en transports en commun. Mais une fois sur place, c’est une véritable récompense pour les yeux. Beaucoup disent qu’il ne sert à rien d’y aller si ce n’est pas la saison de ponte des tortues, qui se situe entre les mois de mars et d’octobre. C’est faux et archi-faux ! En tout cas, nous sommes bien contents d’avoir fait le déplacement dans ce parc qui s’apparente être le plus humide du pays. Tortuguero, qui signifie « là où pondent les tortues », est sans aucun doute un incontournable du Costa Rica, ne serait-ce que pour son ambiance de « bout du monde », puisqu’il est accessible uniquement par bateau ou par avion !
Faune et flore au rendez-vous d’une excursion au fil de l’eau
Comme nous venons de Cahuita, nous décidons de nous rendre à Tortuguero par bateau, via les canaux. De bon matin, nous voilà en compagnie d’un petit groupe de touristes sur le port de Moin, attendant d’embarquer sur le bateau de l’agence Tropical Wind. L’avantage de remonter les canaux de Moin à Tortuguero, c’est que si votre guide est sympa (la plupart du temps !), il va s’arrêter régulièrement pour vous montrer les différents animaux et oiseaux croisés lors du trajet. Aucun doute, cela permet d’allier l’utile à l’agréable, et ça change un peu du bus local comme moyen de transport !
Le trajet emprunté par le bateau est superbe, et surtout très riche en faune de toute sorte. Tout au long de la navigation, nous admirons entre autres des caïmans, des paresseux, des singes et des iguanes lézardant au soleil…
Ainsi que beaucoup d’oiseaux s’envolant à notre passage !
Un dépaysement assuré
Nous traversons d’immenses plantations de bananes, longeons des habitations faites de bric et de broc, et croisons de nombreux locaux se baignant dans la rivière (Eh oh, t’as pensé aux caïmans ??!). Le temps d’un instant, on pourrait presque se prendre pour des explorateurs s’enfonçant dans les lagunes denses et tortueuses de l’Amazonie…
Après plus de quatre heures de navigation, la chaloupe dépose tout son petit monde au milieu du village. Bienvenidos al Parque Nacional Tortuguero ! Nous voilà arrivés à l’intérieur d’une extraordinaire réserve de plus de 30 000 hectares sur terre et 520 000 sur l’eau, composée de 11 habitats différents, incluant des forêts humides, des marais, des plages et des lagons… Une chose est sûre, tortues ou pas, on ne va pas s’ennuyer !
Pas à pas dans le village de Tortuguero
Dès le premier regard, on ne regrette pas notre choix. L’endroit me fait penser à un village reconstitué ou à un décor de film, même leurs poubelles sont plutôt bien pensées et prennent tour à tour différentes formes : un toucan, un paresseux ou encore un perroquet ! Tout semble pensé pour les touristes. L’allée principale qui traverse le village est pavée et bordée de petites échoppes. On ne va pas mourir de faim
A noter que dès que l’on sort de cette « autopista de turistas », très animée en journée, on se rend vite compte que le village de Tortuguero reste authentique, et c’est là que l’on trouve les locaux.
Nous avions prévu de passer seulement une nuit sur place, mais totalement subjugués par l’ambiance du village, nous décidons sans hésiter une seule seconde de prolonger notre séjour d’une nuit supplémentaire (On s’apercevra d’ailleurs rapidement que vu tout ce qu’il y a à faire ici, c’est le minimum requis !). On pose donc nos sacs à dos à la cabina La Casona : l’extérieur ne paye pas de mine mais l’intérieur est mignon et doté d’un petit jardin tropical. Qu’est-ce qu’on y est bien ! Le charme continue d’opérer.
Vivre au rythme des locaux
En fin d’après-midi, la plupart des touristes qui dorment dans les « resorts » situés aux alentours repartent par bateau et vident ainsi les rues (Les hébergements proposés dans le village sont sommaires, mais tellement plus typiques !). La vie locale reprend alors son cours : les enfants sortent de l’école et jouent dans les rues, alors que les plus grands discutent à l’ombre d’un arbre.
La nuit tombe doucement, et c’est le moment où les photographes dégainent leurs appareils photo pour tenter de capturer l’instant lorsque des dizaines d’oiseaux magnifiques et colorés reviennent se poser sur les branches du village. Le challenge de cette fin d’après-midi : prendre en photo les fameux perroquets, qui sont d’ailleurs plutôt difficiles à dénicher !
A la rencontre des animaux nocturnes
Le soir même, on se lance dans un tour de nuit avec l’agence Costa Rica Roots, située dans l’allée principale du village. Habituellement animé par David et sa femme, nous avons rendez-vous ce soir-là avec Juan, un jeune costaricien qui travaille depuis peu avec eux. Chaussés de grosses bottes en caoutchouc, nous nous lançons à l’assaut de cette forêt humide, sombre et terrifiante, excités à l’idée de débusquer des animaux nocturnes de toute sorte.
Notre première rencontre se fera avec… des fourmis ! Mais pas n’importe lesquelles ! Ici les fourmis portent sur leur dos de petits morceaux de feuilles vertes, à la « queue leu leu », ce qui rend le spectacle fascinant.
Ensuite commence une véritable expédition ! Juan nous explique comment détecter les animaux dans le noir total rien qu’en écoutant les sons émis autour de nous. Un exemple ? Si vous entendez des criquets, vous pouvez être presque sûrs qu’il y a des grenouilles à proximité… Logique, non ?! Encore fallait-il y penser !
Seulement voilà, le problème c’est que notre ami Juan, bien que très gentil, ne détecte strictement rien. Une heure plus tard, nous n’avons pas vu grand chose, si ce n’est des crevettes d’eau douce et quelques petites araignées. Heureusement, la randonnée en-soi est quand même plutôt sympa : encerclés par des bruits plus étranges les uns que les autres, on avance lentement sur un chemin avec de la boue jusqu’aux genoux !
Armés de notre lampe torche, nous décidons de nous mettre à l’affut du moindre insecte rampant par nos propres moyens… et heureusement ! Grâce à mon radar animalier très entraîné, nous avons pu observer une grenouille verte, une sauterelle et une araignée (OK, dis comme ça, ça ne fait pas rêver, mais regardez plutôt les photos !). Nous avons même fini en beauté puisque nous avons croisé deux serpents en chemin (Faut-il encore préciser que Juan n’y a pas été pour grand chose ?!).
Je vous avoue avoir été un peu déçue par cette randonnée nocturne. On sait que la nature sauvage n’est pas un zoo, mais on a quand même eu le sentiment que notre guide n’était pas expérimenté, et que du coup il ne savait pas véritablement observer les animaux en pleine nuit…
Dans les méandres des canaux de Tortuguero
Une fois la randonnée nocturne digérée et afin de changer d’agence (il y en a un paquet sur place !), le rendez-vous est pris à l’aube avec l’Asociación de Guias de Tortuguero. Objectif : arpenter les canaux du parc national et observer -une fois de plus- les animaux (Non, vraiment, on ne s’en lasse pas !). C’est donc Cristobal qui nous emmène sur son canoë ce matin-là.
Le jour n’est pas totalement levé, mais nous voilà déjà glissant doucement sur l’eau, à la lueur des premiers rayons de soleil. Encore un peu endormis, nous l’admirons se lever lentement sur les canaux de Tortuguero, illuminant la forêt humide de mille couleurs. C’est alors le meilleur moment pour observer les animaux, et on peut dire que Cristobal, il a l’œil !
En quelques coups de rames, Cristobal pénètre dans les canaux les plus tortueux et serrés de Tortuguero, bien loin des bruyants bateaux à moteurs contenant des dizaines de touristes. En toute intimité, nous aurons la chance d’apercevoir des caïmans, une loutre affamée, un iguane, des singes araignées, des tortues et toutes sortes d’oiseaux dont un magnifique héron tigre et une chouette. Et surtout, nous verrons enfin ce que l’on souhaitait observer depuis le début de notre séjour : le superbe basilic vert (Basiliscus plumifrons). Au premier abord on dirait un simple lézard, mais détrompez-vous ! Celui-ci possède l’incroyable capacité de courir sur l’eau grâce à l’agilité et la rapidité de ses deux pattes arrière, tout en déployant une grande crête sur sa tête. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est connu sous le nom de Lézard Jésus-Christ (Pas du tout présomptueux celui-là !).
Ce parc contient de quoi régaler les amoureux de la faune et la flore, puisqu’il compte une incroyable variété biologique, avec pas moins de 300 espèces d’oiseaux, plus de 110 espèces de reptiles, une cinquantaine d’espèces d’amphibiens, 60 mammifères, 400 espèces d’arbres, et approximativement 2 200 espèces de plantes. Rien que ça ! Il parait que des chanceux ont eu un jour la chance d’apercevoir un jaguar sur les rives des canaux… Je vous le dis tout de suite, ce n’était pas nous !
En plein cœur du parc national de Tortuguero
Nous puisons dans le peu d’énergie qu’il nous reste pour nous rendre ensuite au parc national de Tortuguero. Quelle mauvaise idée ! Non pas que ce lieu ne soit pas intéressant, bien au contraire, mais il est déjà 11h ! Il fait donc chaud, extrêmement chaud, ce qui rend cette balade d’une dizaine de kilomètres aller-retour assez longue ! Et en plus, à cette heure-ci, les animaux font la sieste…
Autant le dire tout de suite, nous n’avons rien vu de « notable » dans le parc. Déjà, nous n’avions pas pris de guide, et celui que l’on a essayé de suivre en douce pendant quelques instants, n’a rien indiqué de plus gros qu’une sauterelle à ses clients ! En tout cas ce n’est pas grave, cette promenade reste agréable, même si elle peut paraître parfois monotone puisqu’on longe continuellement la plage… Notez qu’il est déconseillé de se baigner à Tortuguero à cause des courants marins et des requins, alors pas moyen de se rafraîchir ! Et pour couronner le tout, on a trouvé le moyen de louer des bottes en caoutchouc qui nous tenaient chaud, alors qu’il n’y avait pas la moindre trace de boue sur le chemin ce jour-là… Enfin, il faut quand même savoir qu’il pleut énormément à Tortuguero, et qu’on a eu beaucoup de chance de ne pas avoir une seule goutte de pluie durant nos 2 jours sur place.
Retour à la civilisation, direction San José la capitale
4h30 du matin, nous sommes déjà à l’embarcadère, afin d’être sûrs d’avoir une place dans le taxi-bateau qui repart une heure plus tard en direction de la civilisation. Oui, c’est tôt, mais prendre le bateau à cette heure-ci est une expérience encore plus extraordinaire. L’embarcation glisse sur les flots des canaux de Tortuguero, en pleine nuit, avec comme seule ambiance sonore le bruit de la faune et de la flore. Peu à peu, alors qu’apparaissent les premiers rayons de soleil, la nature s’éveille, quelques animaux pointent le bout de leur nez… avant de retourner se cacher en haut des arbres ou dans la mangrove pour la journée. Un spectacle magnifique.
Après une heure de trajet, nous débarquons à La Pavona où il nous faut encore prendre 2 bus pour retourner à notre point de départ : San José ! Quand je vous dis qu’aller à Tortuguero, c’est une expédition !
Le problème ? C’est qu’une fois arrivés dans la capitale, nous ne savons toujours pas par où aller pour continuer notre périple au Costa Rica !
INFOS & ASTUCES
#1 : Pour vous rendre en bateau à Tortuguero, il faut aller embarquer à Moin. De Cahuita, prenez le bus de 7h30 à la gare routière en direction de Puerto Limon (35 km – 1h30 de trajet – 1210 Cs/pers), puis un taxi de Puerto Limon à Moin (10 min – 8000 Cs/trajet, essayez de le partager avec d’autres voyageurs !). Je vous conseille de réserver le bateau 1 ou 2 jours avant dans n’importe quelle agence, surtout si vous voyagez en hors saison, comme nous, car il n’y a pas beaucoup de bateaux disponibles. Prix d’un aller simple pour Tortuguero avec l’agence Tropical Wind : 40$/pers. Les bateaux partent de Moin vers 10h.
#2 : Le trajet est quand même un peu long (plus de 4h), donc pensez à prendre un casse-croûte pour midi ! Rassurez-vous, une pause « pipi » est prévue à mi-chemin sur le trajet !
#3 : Nuit à Tortuguero : Cabina La Casona, situé près du terrain de foot. Nous avions exceptionnellement réservé notre hébergement la veille par Internet pour être sûrs d’avoir un endroit où dormir sur place ! Nous avons donc pris une offre avec petit-déjeuner inclus. Prix : 18360 Cs/nuit.
#4 : La marche de nuit ou « Night Walk » est à faire au moins une fois lors de votre séjour au Costa Rica. A Tortuguero, nous sommes passés par l’agence reconnue Costa Rica Roots. Durée : 2h (de 18h à 20h). Prix : 22$/pers. C’est une agence qui jouit d’une très bonne réputation, mais je pense que notre guide n’était pas assez expérimenté, et ça compte beaucoup… Essayez plutôt de faire votre sortie avec David ou sa femme !
#5 : Pour ne payer qu’une seule fois l’entrée au parc national de Tortuguero, faites la sortie en canoë dans les canaux le matin (vu que l’on pénètre dans une zone du parc, il faut également payer l’entrée…), et enchainez avec la visite du parc l’après-midi. Entrée : 15$/pers.
#6 : Beaucoup d’agences organisent une sortie en canoë dans les canaux à la découverte des animaux. Nous sommes passés par l’Asociación de Guias de Tortuguero qui se trouve juste au niveau de l’embarcadère du village. Durée : 2h. Prix : 20$/pers. Une sortie exceptionnelle. Un autre conseil : ne faites surtout pas comme nous et prenez des jumelles, sinon les animaux dans les arbres vont vous paraitre trèèès loin !
#7 : Pour repartir de Tortuguero, nous avons pris le bateau de 5h30 en direction de La Pavona. Attention, il est vite plein ! (Rassurez-vous, il y en a deux autres en matinée : à 9h et 11h). Durée du trajet : 1h. Prix : 2600 Cs/pers avec 1 bagage inclus. Il vous faudra ensuite prendre le bus de 6h30 pour Cariari, puis un autre bus en direction de San José (ou toute autre destination)… Vous pouvez également reprendre le bateau en direction de la côte Sud-Est (Moin) ou l’avion pour une vue aérienne qui doit être inoubliable !