Les visites de Staffa et Iona, deux petites îles sur la côte ouest aux profils complètement différents, font partie des incontournables à visiter quand on se rend sur Mull : des excursions à la journée au départ d'Oban sont d'ailleurs proposées, preuve de leur haut degré touristique. Nous nous sommes retrouvées également à combiner les deux le même jour, nos soucis de ferry ayant complètement chamboulé notre programme initial. Bilan ? La meilleure journée de notre séjour !
Au programme :- Fionnphort- Staffa- Iona- Scenic RouteFIONNPHORT
Première étape, rejoindre Fionnphort (à prononcer
fin-a-fort), à l'extrême sud-ouest de l'île. Depuis Salen, il faut compter entre 1 h 15 et 1 h 30 de voiture. Ce village côtier est le seul à proposer la liaison avec l'île de Iona grâce à un ferry faisant régulièrement l'aller-retour (jusqu'à un toutes les demi-heures) pour moins de £4. Très mignon avec sa plage qui est recouverte à marée haute, et qui m'a fait furieusement penser à la Bretagne sous la lumière poudrée du matin, il n'en est pas moins tout petit : une rue, une boutique, deux trois endroits où se restaurer et le terminal du ferry tout au bout. Sans oublier les habituels moutons qui se promènent où bon leur semble... jusque dans les endroits les plus insolites ! Si vous avez un peu de temps devant vous, il y a également
une balade à ne pas manquer le long de la côte.
STAFFA
Fionnphort est également l'un des ports qui proposent des départs pour Staffa (il est également possible de partir depuis Iona et Ulva Ferry). C'est la compagnie Staffa Tours qui assure l'excursion, avec généralement deux départs par jour (le matin et vers midi). La sortie dure trois heures pour £30. Nous avions longuement hésité à l'insérer dans notre programme : vu le prix, nous voulions nous assurer qu'il ferait beau pour en profiter un maximum. Nous en sommes revenues enchantées ! C'est cher, certes, mais c'est quand même une excursion formidable. À réserver néanmoins aux jours cléments, l'accès à Staffa se résumant à une simple jetée de pierre.
Le paiement s'effectue au retour, sur le bateau, et la compagnie accepte les cartes bancaires.Vue sur Iona, à à peine deux kilomètres des côtes de Mull.La meilleure place durant la traversée ? La plate-forme d'observation !Staffa est une île d'origine volcanique : les orgues basaltiques, ces immenses piliers rocheux semblant plonger dans la mer, en ont fait sa renommé. On se sent tout petit en les voyant ! Si le nom de l'île lui a été donné par les Vikings, ce n'est qu'au XVIIIe siècle qu'elle commence à intéresser le monde moderne, après la visite du naturaliste Joseph Banks. Dans les décennies qui suivirent, de nombreuses personnalités se rendirent sur l'île, parmi lesquelles la reine Victoria, mais surtout plusieurs artistes, comme John Keats, Robert Louis Stevenson ou même Jules Verne. Elle appartient au National Trust for Scotland depuis 1986 et est complètement inhabitée depuis le XIXe siècle (ça semble complètement fou que des gens aient pu y vivre).
La visite sur place dure à peine une heure. Même si Staffa n'est pas très grande (1 km de long sur 500 m de large environ), il ne faut pas trop traîner ! Après avoir grimpé quelques escaliers plutôt escarpés, on arrive sur le plateau herbeux. L'été, on peut avoir la chance de voir les macareux en pleine migration. En avril, l'île était plutôt déserte, si ce n'est une poignée d'oiseaux et d'oies. La balade n'en reste pas moins très agréable et un peu magique : ce n'est pas tout les jours que l'on a la possibilité de marcher sur de la lave vieille de plusieurs millions d'années ! C'est également une bonne occasion de voir d'un peu plus près le relief ô combien particulier.
Le plus spectaculaire est peut-être Fingal's Cave, rebaptisée ainsi d'après Fionn mac Cumhaill, un guerrier de la mythologie celtique irlandaise (on le dit également responsable de la Chaussée des géants en Irlande, dont les ressemblances géologiques sont frappantes). Pour y accéder, on emprunte les marches naturelles formées par les colonnes basaltiques. Les propriétés acoustiques de cette grotte naturelle sont connues depuis des siècles : son nom premier était en effet
An Uamh Bhin, "la grotte mélodieuse" en gaélique. Le bruit si particulier des vagues pénétrant dans la grotte a d'ailleurs inspiré Felix Mendelssohn pour son œuvre
Les Hébrides.
La fameuse grotte de Fingal : il est possible d'accéder à l'intérieur, toujours en suivant les marches formées par les colonnes de basalte. Mais prudence ! C'est plutôt glissant.Avant de repartir, le bateau s'est approché d'une poignée de macareux tranquillement posés sur la mer, peu effarouchés par la présence de ces humains curieux. Une rencontre très émouvante !IONA
Ne faites pas la même erreur que nous : le bateau fait un détour par Iona avant de revenir sur Fionnphort et si vous avez prévu de visiter les deux, c'est un bon moyen pour économiser quelques sous sur le ferry. Nous, nous n'avions pas voulu nous charger avec nos affaires de pique-nique, résultat nous avons perdu du temps à faire l'aller-retour. Heureusement, la traversée dure à peine dix minutes.
Petite parenthèse : les voitures sont interdites sur l'île, exception faite pour les résidents. Il vous faudra donc laisser votre véhicule à Fionnphort (il existe deux parkings, un gratuit à l'entrée du village et l'autre payant juste à côté du ferry) mais vu la taille de Iona, ce n'est pas du tout un problème.Finalement nous avons été récompensées par le temps qui se lève et cette très jolie vue pendant que nous déjeunions, pas mal hein ?Iona peut être découpée en trois zones : le nord, plutôt plat si l'on excepte Dùn I qui culmine à une centaine de mètres au-dessus du niveau de la mer ; le centre avec le village construit autour du terminal du ferry (ou l'inverse) : c'est ici que l'on trouve quelques commerces et l'abbaye ; le sud, avec un relief nettement plus accidenté et peut-être moins fréquenté. Après notre pause pique-nique et avoir un peu déambulé dans les rues, nous avons entamé notre visite de l'île par le nord. Le parcours est indiqué
sur Walkhighlands mais en fait il n'existe qu'une seule route : peu de chance de se perdre donc.
Les ruines de la nonnerie, fondée au XIIIe siècle et l'une des mieux préservées de Grande-Bretagne. La majorité des vestiges datent du XIVe siècle.Cette petite chapelle à côté de l'abbaye (et que l'on peut visiter gratuitement) est le plus ancien bâtiment encore debout de l'île : elle date du début du XIIe siècle. Mais le cimetière est lui beaucoup plus ancien car on y a retrouvé des tombes datant du VIIIe siècle. C'est d'ailleurs ici que furent enterrés nombre des premiers rois écossais, notamment Kenneth Ier d'Écosse, le tout premier roi des Scots.Quelques pierres tombales exposées à l'intérieur, délicatement gravées.L'île de Iona est notamment connue pour son abbaye, l'une des plus vieilles d'Europe occidentale : elle fut en effet fondée en 563 par saint Columba, qui joua un rôle important dans la christianisation des Pictes. On retrouve très peu de vestiges de cette époque : elle fut la cible de nombreux raids vikings à partir du VIIIe siècle et finit par être abandonnée au milieu du IXe siècle après avoir été incendiée. Au XIIIe siècle, un ordre bénédictin s'y réinstalla, avec d'importants travaux d'extension au XVe siècle, mais la Réforme écossaise de 1560 entraîna une fois de plus son abandon. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que des restaurations soient entreprises. Désormais, il est possible de la visiter.
La route continue encore un peu avant de s'interrompre. Une barrière invite à poursuivre directement dans les pâturages, au milieu des vaches et des moutons, qui ne prêtent aucune attention aux randonneurs. C'est à peine si ces derniers s'écartent placidement quand on s'approche d'un peu trop près. Mieux vaut quand même rester sur le chemin, pour ne pas abîmer l'herbe. Le but de la balade n'est plus très loin, plusieurs plages de sable blanc à l'extrême nord de l'île. Par manque de temps, nous nous sommes contentées de la première et n'avons pas poussé l'exploration plus loin, profitant de cette vue toujours aussi étonnante en plein cœur de l'Écosse avant de rebrousser chemin.
La croix de MacLean, érigée au XVe siècle, au pied de laquelle les pèlerins s'arrêtaient pour dire une prière, avant de poursuivre jusqu'à l'abbaye.De retour au village, nous nous engageons vers le sud, en empruntant une autre route que celle conseillée par la balade vu notre point de départ. Arrivées en vue de la côte ouest de l'île, au niveau du terrain de golf, nous décidons de rebrousser chemin, l'heure du ferry approchant. Un passage à Martyr's Bay, un restaurant juste à côté de la jetée, pour le thé le moins cher
du monde de l'Écosse (£1 !) et nous voilà sur le bateau, jetant un dernier regard sur la paisible Iona. Nous y avons passé environ quatre heures mais avec le reste de la promenade, nous aurions pu facilement occuper une ou deux heures de plus : une demi-journée, voire plus, ne sont donc pas de trop pour en faire le tour.
SCENIC ROUTE
Pour retourner à Salen, je ne peux que vous conseiller d'emprunter la
scenic route, que l'on récupère après Pennyghael (pas de panique, c'est indiqué par un panneau). Elle nous avait été recommandée par notre hôte du B&B et on ne peut rêver mieux pour terminer une telle journée, surtout quand on l'emprunte au moment de la
golden hour, quand les paysages et la mer revêtent de cette douce lumière dorée. Sur la première partie du chemin, on borde l'autre côté du loch : pas trop de surprises donc. Mais la route emprunte ensuite l'intérieur des terres, traverse une forêt complètement déboisée (du moins quand nous y sommes passées) et un peu lugubre... avant soudain que l'horizon se dégage, les montagnes faisant place à la mer, en contrebas. Les points de vue sont tous plus beaux les uns que les autres et je suis certaine que ma sœur m'en veut encore de m'être littéralement arrêtée tous les cent mètres pour prendre des photos !