Nous voilà installés au Vanuatu depuis 1 mois et demi et il est temps de vous parler un peu plus de ce pays peu connu et vraiment étonnant.
Chaque pays a ses particularités évidemment mais le Vanuatu est plutôt hors du commun. Jugez plutôt:
Plus de 120 langues dans un pays de 260 000 habitants
Incroyable, non? C’est un des pays du monde avec la plus haute densité linguistique! Certaines langues ne sont parlées que par une centaine de personnes! Seules 3 langues autochtones sont parlées par plus de 3000 personnes!
Un Ni-Van (un habitant du Vanuatu) parle la langue de sa communauté qui est sa langue maternelle (une des 130 du pays) puis il apprend le bichlama qui est la langue commune à tout l’archipel et ensuite s’il a la chance d’aller à l’école suffisamment longtemps, il apprend le français ou l’anglais. Il ne choisit pas, cela dépend si son village a une école anglophone ou francophone. Chaque Ni-Van est donc au minimum bilingue et en général trilingue dans les villes. Les plus favorisés parlent anglais ET français.
A Port-Vila, la capitale, la majorité des habitants parlent anglais, donc on a tendance à s’adresser à eux en anglais mais assez souvent après 10 minutes en anglais, les gens se rendent compte qu’on parle français entre nous alors ils passent au français. On ne sait jamais en quelle langue parler, c’est la première fois que ça nous arrive! Quand je ne veux pas être prise pour une touriste australienne, je dis quelques mots en français en introduction puis je parle anglais si mon interlocuteur ne parle pas français (je vous expliquerai plus tard pourquoi je ne veux pas être confondue avec une Australienne).
Et le bichlama, me direz-vous? A Port-Vila, ce n’est pas indispensable de le parler pour se comprendre. On a appris les mots essentiels de la politesse et on n’a pas beaucoup progressé depuis! Parfois, je crois que quelqu’un me parle en anglais mais en fait c’est du bichlama! Ben, oui, le truc assez étonnant de cette langue, c’est qu’elle a repris 85 % du vocabulaire anglais en transformant sa grammaire et sa prononciation. Ça ressemble vraiment à de l’anglais prononcé à la française : merci = « Tangkiou ». Il y a aussi quelques mots espagnols « mi no sabe » = je ne sais pas.D’autres mots sont communs à plusieurs pays du Pacifique, comme kaikai qui veut dire « manger ».
Consignes cyclone en 3 langues! ( Bichlama au centre)
Quelques bizarreries du bichlama :
- Ils utilisent le mot « long » pour plein de prépositions = à dans, sur, vers…. Tu sais pas? Tu dis « long »!
- Ils utilisent des mots différents selon s’ils s’adressent à 2 ou 3 ou plus de personnes: Par exemple, « halo Tufala » = « salut » à 2 personnes, « halo trifala » = »salut » à 3 personnes, « halo olgeta » = « salut » à plus de 3 personnes. Il y a aussi plusieurs mots pour dire « nous », selon le nombre de personnes incluses dans nous.
- Ils font aussi une différence si « nous » inclut la personne avec qui on est ou pas. Par exemple, il y a 2 manières de dire » nous allons à la plage » : la première, tu invites la personne qui est avec toi et la deuxième, tu la snobbes!!! Faut pas se tromper si tu veux pas vexer les gens!
Je me suis un peu vantée en disant que j’allais maîtriser rapidement cette langue mais franchement j’en suis beaucoup moins sûre aujourd’hui! Quand je reçois un sms de prévention, je ne comprends pas tout. Quand je vois « pikinini » (enfants), je sais que je ne suis pas concernée!!! Globalement, dans la vie quotidienne, ça va! Je crois que je vais plutôt essayer de conserver les langues que je connais déjà et vivre cette année avec mon petit répertoire de bichlama.
Vous avez deviné ce que veut dire la photo de Une de cet article » Welkam Vanuatu »? Pensez à l’anglais….. oui, c’est Bienvenue au Vanuatu!
Si le pays a 3 langues officielles ( bichlama, français et anglais), on observe que l’anglais est prédominant dans les instances administratives et officielles. Le bichlama est utilisé essentiellement oralement et les textes officiels sont traduits en français après-coup.
Un archipel de 83 îles sur 1300 kms de long
C’est un pays très dispersé. Chaque île a eu sa propre histoire. Aujourd’hui, chacune d’entre elles a une identité propre: langues, coutumes… On comprend mieux l’intérêt du bichlama pour unifier le pays.
On rejoint les îles en bateau mais il faut être très très patient. On reçoit sur nos portables les horaires des bateaux. Sinon, il y a de petits avions. Les îles les plus importantes ont une piste d’atterrissage. Pas une super piste! Il ne faut pas être étonné d’atterrir dans l’herbe! Un jour, la piste était en travaux ici à Port-Vila, alors l’avion de Benoit a atterri dans le champs d’à côté! Un problème? Nooon, pas de problème! Les vols sont fréquemment annulés et c’est très aléatoire de se déplacer en avion! Sans compter que c’est très cher (250-300 euros).
Seules 4 îles ont plus de 20 000 habitants. L’île d’Efate où se trouve la capitale est la plus peuplée ( 65 000 habitants) mais elle n’est pas la plus grande. Elle fait environ 30 kms sur 30. On en a fait le tour en 3-4h de voiture ( la route principale est goudronnée).
Le pays n’a que 2 villes
Le Vanuatu est très peu développé et le concept d’urbanisation n’est pas arrivé jusqu’ici et c’est tant mieux. Il y a 2 petites villes : Port -Vila et Louganville (sur la plus grande île de Santo). Seules 3 îles ont l’électricité et les routes goudronnées sont une exception!
A Port-Vila, tout est de petite taille. Pas de grandes avenues ni de grands immeubles. Cela nous change vraiment de Panama Ciudad! Ils viennent tout de même de construire un petit centre commercial avec un cinéma, quelques boutiques, des restaurants et une boulangerie française!!!!
Beaucoup d’habitants de Port-Vila sont originaires d’une autre île et sont venus ici pour le travail. Ils sont critiques vis à vis de la ville : trop bruyante, trop occidentalisée. Quand tu as l’habitude des grandes villes, tu vois plutôt Port-Vila comme un petit village tranquille. Une dame super gentille originaire de Santo m’a dit à mon arrivée « une fois par an, je vais chez moi et je peux me ressourcer au calme. Ici , c’est impossible avec tout ce monde »! Je l’ai regardée interloquée!
Il faut dire qu’il y a des ralentissements dans le centre-ville aux heures de pointe!!!! C’est pas le périph’ mais quand même!!!! Parlons des voitures: ici, il y a seulement 2 types de véhicules : les 4x4type pick-up et les mini-bus. Les 4×4, c’est par pour la frime ici, les routes sont boueuses et défoncées! Evidemment, tout le monde ne peut pas s’offrir un 4×4 alors les gens marchent beaucoup ( tous en tongs). Il y a souvent des files de piétons au bord des routes! Pour les plus grandes distances, on prend un mini-bus qui fonctionne un peu comme un taxi collectif. Tarif unique de 150 vatus ( un peu plus d’un euro) où que tu ailles et le premier monté est le premier déposé! Le jeu est de faire signe à un mini-bus pas trop chargé surtout quand tu viens d’aller acheter des produits frais (et qu’ils t’ont coûté un bras!!!). J’aime bien mes trajets en mini-bus. Il se passe toujours quelque chose, une discussion intéressante…
Le pays n’est pas pas du tout urbanisé et il a une richesse immense : sa nature. La végétation tropicale est luxuriante. Les arbres banians sont parmi les plus gros qu’on n’ait vu dans notre vie ( et on en a vu beaucoup!). Ils sont vraiment magnifiques, certains de la taille d’un immeuble! Franchement, ils inspirent le respect! On en a plusieurs autour de notre maison et je ne me lasse pas de les regarder! Et la mer…. elle est vraiment sublime, avec de magnifiques coraux et des poissons multicolores.
Plage de Eton, côte Est
Le pays le plus risqué au monde!
Avec ce que je viens de vous décrire, vous avez compris que je ne parle pas de violence urbaine! Non! Le pays est le plus à risques au niveau mondial pour les catastrophes naturelles : cyclones, séismes et volcans. Cet archipel est situé sur la ceinture de feu du Pacifique. Il a plusieurs volcans actifs et subit des séismes fréquents. On a d’ailleurs eu droit à quelques belles secousses depuis notre arrivée! Par contre, la saison des pluies se termine heureusement sans cyclone cette année! Aux risques naturels cumulés s’ajoute la grande vulnérabilité du pays par faute de développement. Eh oui, c’est un paradis de carte postale mais on sait bien que derrière l’image il y a beaucoup de pauvreté et des menaces sérieuses pour la survie de ses habitants. On n’est pas ici par hasard (pour ceux qui se posaient la question!). Suite aux ravages du cyclone Pam en 2015 qui a affecté la moitié de la population, de nombreux humanitaires sont venus au Vanuatu et on peut espérer que les programmes en place vont aller au delà de la simple réparation des ravages du cyclone.
Dans un prochain article, je poursuivrai avec les trucs étonnants du Vanuatu en vous parlant plus de ses habitants et de leurs coutumes mais aussi de leurs drôles de visiteurs!
coucher de soleil depuis notre terrasse
A bientôt!