Saint-Jean-d’Acre : Partir sur les traces des Templiers

Marcher littéralement sur l’histoire : c’est ce qui vous attend à Saint-Jean-D’Acre ! C’est toujours un peu le cas en Israël, ou le moindre morceau de pierre a une histoire avec un grand H. Lorsque je préparais mon voyage en Israël pour la première fois, je savais que je découvrirai enfin Jérusalem, le centre du monde, mais je ne voulais manquer sous aucun prétexte une visite de « Akko ». J’aime profondément l’histoire, s’imprégner d’un lieu et se l’imaginer au temps de sa splendeur est toujours enivrant pour moi, je n’allais pas être déçu lors de ma visite, ici l’histoire a laissée de nombreuses traces, et la cité est indissociable des Croisades. Cité classée à l’UNESCO, la vieille ville des chevaliers n’a pas encore livrée tous ses secrets. Ville entourée de murailles, remplies de ruelles tortueuses, de pierres dorées au soleil, Acre est l’une des cités qui m’a le plus marqué dans ma vie de voyageur, s’y balader fut un moment magique ! Repartons ensemble à Saint-Jean-d’Acre, sur les vestiges des croisades, à la recherche des templiers :)

Saint-Jean-d’Acre : Partir sur les traces des Templiers

C’EST PAR OU ?

Saint-Jean-d’Acre ou « Akko » en hébreu est une ville israélienne située au nord du pays, à 150 km de Tel Aviv la métropole. Une petite heure de route sépare les deux villes, en prenant notre voiture de location à l’aéroport de Tel Aviv, la route de Saint Jean d’Acre s’offrait à nous. C’est une trois voies qui serpente pour sortir de Tel Aviv, on traverse des collines grillées par le soleil, on croise le site archéologique de Césarée sur la côte, puis vient la traversée d’Haïfa, la grande ville du nord, capitale spirituelle des Baha’i. Une route sans embûches donc, qui peut être faite en autobus « Egged » ou en train, avec de nombreux arrêts d’intérêt le long de la côte 😉 Pour se stationner à Akko, pas de soucis, il faut traverser la nouvelle ville de 50 000 âmes pour atteindre l’enceinte de la vieille-ville. Autour des remparts, un peu comme à St-Malo, on trouve de nombreux stationnements avec horodateurs sur place, et des petites boutiques tout autour si vous avez besoin de monnaie. Akko est beaucoup moins touristiques que ses consoeurs Tel-Aviv et Jérusalem, c’est une ville excentrée au nord, à quelques encablures de la frontière libanaise, peu de voyageurs font l’effort de s’y rendre, et pourtant elle mérite qu’on lui consacre une journée bien remplie !


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UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE

C’est ce qui fait toute ma fascination pour la ville d’Acre : son histoire ! Ville présente dans les archives depuis l’antiquité, elle sera de tous les empires et royaumes, égyptiens, romains, byzantins, arabes, puis … croisés ! La ville sera littéralement transformée par le passage des armées croisées, et rentrera dans l’Histoire. Lorsque s’achève la première croisade en 1099, avec la libération de Jérusalem, Acre n’est pourtant pas encore incorporée aux « États Latins d’Orient », elle le sera uniquement en 1104 sous le règne de Beaudoin 1er. À l’époque les croisés cherchent à contrôler des ports sur le littoral, pour s’approvisionner en armes, hommes, vivres et pèlerins. De nombreux marchands venus de toute la Méditerranée s’y installent. Après Jaffa, Acre sera donc le port principal des croisés, la ville est fortifiée, une citadelle militaire et des murailles sont érigées pour supporter les sièges ennemis. Suite à la chute de Jérusalem en 1187, elle sera prise par Saladdin, puis reprise par les rois de France et d’Angleterre. Après ces événements, la ville deviendra capitale des états croisés, et le principal port de Terre Sainte. En plus d’être une capitale et un centre militaire, c’est une aussi une ville intellectuelle qui recueille en plus des chrétiens, de nombreux juifs. L’ordre des Hospitaliers de Saint Jean (les ennemis des templiers) s’installe entre les murs de la ville, en fondant l’hôpital de la cité, ils lui donneront son nom : « Saint Jean d’Acre ». La prise de la ville en 1291 sonnera le glas du « Royaume Latin de Jérusalem ». On n’entendra à nouveau parler d’Acre qu’en 1799, lorsque Napoléon Bonaparte, lors de la campagne d’Égypte, tentera sans succès d’entrer dans la cité.


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UNE CITÉ FORTIFIÉE

Avant d’entrer dans Acre, il faudra d’abord franchir ses immenses murailles, un vaisseau de pierre imposant. En partie vestiges des croisés, certaines portions ont été érigées par les Ottomans au 18ème siècle, ce sont ces murs qui accueillirent Napoléon en 1799. Deux portes imposantes donnent accès à la vieille ville, à l’intérieur la circulation est limitée et les murailles se prolongent même sur le port, une partie seulement est accessible à pied pour un point de vue d’ensemble.


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LA CITADELLE DES CROISÉS

L’immense complexe de la Citadelle se situe au nord de la ville, collé aux fortifications, avec ses dimensions vous ne pourrez pas le louper ! Le billet d’entrée coûte 62 shekels par adulte, et comprend l’entrée du tunnel des templiers, un peu plus loin en ville. Une belle court nous accueille à l’ombre d’arbres magnifiques. Le bâtiment extérieur est une construction ottomane, mais comme nous allons le découvrir, toutes les fondations et pièces en sous-sol sont d’origine croisée. La citadelle de défense à été fondée au 12ème siècle par l’ordre Hospitalier, qui ne construisait pas que des hôpitaux ! En effet, comme les templiers, les Hospitaliers furent un ordre monastique « Militaire », défenseurs des pèlerins en Terre Sainte.


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Les croisés furent des bâtisseurs hors normes, encore aujourd’hui les vaisseaux de pierre construits un peu partout dans la région fascinent le voyageur du 21ème siècle. L’un des plus beaux exemples de cette architecture se trouve aujourd’hui à Belvoir, mais surtout en Jordanie à Kerak, le château du chevalier Renaud de Châtillon qui contrôlait la route entre Le Caire et Damas. Pour en savoir plus sur ce château, je vous invite à lire la chronique d’Ève sur son site « Nos Racines sur 4 continents » en Cliquant ICI. L’architecture des châteaux-forts ramenées par les croisés Francs en Terre Sainte est superbe, arches de pierre, voûtes, structure massive réalisée avec soin, un travail que l’on peut encore apprécier aujourd’hui, un millénaire plus tard.


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La visite commence, les anciennes pièces et leurs massifs piliers de pierre nous dominent. De salle en salle nous oublions progressivement que nous sommes au Moyen-Orient, peu à peu nous retrouvons l’architecture et le savoir-faire de l’Europe de l’ouest, un sentiment étonnant. Le complexe est vaste, les pièces souvent immenses, certaines d’entre elles furent des lieux de rendez-vous pour les Hospitaliers, d’autres servirent à stocker les marchandises arrivées par bateaux, et certaines de salles de repos ou d’hôpital lors des nombreux sièges. Effacés par le temps, quelques petits détails arrivent pourtant encore à être entrevus, fleur de Lys et autres signes croisés des Francs n’ont pas totalement disparus. La plus belle pièce reste la « Pièce des Piliers » ou se trouvent 15 piliers massifs en arches d’une hauteur de 8 mètres. Le tout mis en lumière avec soin, pour rendre toute sa majesté au travail des croisés. Vous pourrez parcourir toutes ces pièces munis d’un audio-guide en français, inclus dans le billet. Pour sortir le visiteur doit passer par un étroit couloir de pierre qui rejoint la rue, loin de la citadelle. Une ambiance incroyable, ou l’on imagine mal un chevalier en armure passer dans cet étroit goulot 😉 Une visite à ne pas manquer !


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LE TUNNEL DES TEMPLIERS

L’expérience « Croisades » ne saurait être totalement complète sans la visite du « Tunnel des Templiers » ! Si vous optez pour un billet combiné avec la visite de la Citadelle, vous aurez donc accès au tunnel. Le tunnel fut construit comme lien entre l’ancien palais du gouverneur d’Acre au port de la ville. Les marchandises autant que les hommes purent utiliser ce tunnel qui passe sous le quartier Pisan. Lors du siège d’Acre en 1291, de nombreuses personnes purent fuirent la ville jusqu’au port grâce à cette construction. Laissé dans les oubliettes de l’histoire, le tunnel n’a été redécouvert qu’en 1994 ! Depuis 2007 l’ensemble du tunnel est accessible aux visiteurs. Une passerelle passe au dessus de certaines sections ou l’eau s’est infiltrée, des images projetées sur certains murs racontent l’histoire de la ville et du siège. Une visite interactive ! Si vous êtes claustrophobe vous n’allez pas beaucoup aimer la visite :( La plupart du tunnel nous oblige également à être plié en deux sous les voûtes. On a adoré !


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LA MOSQUÉE JEZZAR PASHA

On ne peut pas louper sa silhouette en rentrant dans la vieille ville, la mosquée Jezzar Pasha construite en 1781, porte le nom du gouverneur bosniaque-ottoman de l’époque. Il fut surnommé affectueusement « Le Boucher ». Construite le long de « Salah A Din Street », des petits cafés et autres restaurants jouxtent l’entrée principale, nous ne la visiterons pas, et suivrons le va et viens des fidèles devant l’entrée depuis notre café « Chez Abu Georges ». On y déguste un café à la turque, excessivement sucré !


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LE PORT PISAN

Si vous faites le tour de la ville en longeant les murailles, vous traverserez le port d’Acre. À l’époque un port florissant et vital pour les croisés, aujourd’hui il est reconverti en port de plaisance et l’on y retrouve de nombreux pêcheurs et baigneurs. Se balader le long des murs et des ruelles de pierre sous le soleil devient vite étouffant : mais quelle vue sur le port ! Les murailles presque blanches, les bateaux enlignés, la ville d’Haifa qui se détache à l’horizon, et la silhouette du clocher de l’église franciscaine Saint-John qui domine le port : superbe ! Dans le port on aperçoit même les vestiges des anciennes murailles croisées, seules au milieu de l’eau, fantômes du passé.


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LE MARCHÉ

Que serait une ville orientale sans son marché local ?! Elle perdrait un peu de son identité 😉 Le petit marché au milieu des ruelles d’Acre est rempli des couleurs de ses produits. Sucreries aux teintes pastel, épices, hibiscus, piments, café, noix, sucreries … autant de tentations !


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DES RUELLES TORTUEUSES

Acre, en dehors de la rue du marché, est une ville tranquille. Sa plus grande richesse : ce sont ses rues. Plus que Jérusalem ? J’ai envie de dire oui, à Jérusalem on se bouscule, les pèlerins, voyageurs et locaux battent le pavé, les boutiques de souvenirs abondent, et malgré la beauté des lieux on s’y sent étouffés. Par contre, se balader dans les ruelles d’Acre, c’est tout le contraire ! Notre plus grand plaisir : s’y perdre ! Je n’ai jamais eu de plan pour m’y balader, comme à Venise, il faut presque s’y perdre volontairement, il y a toujours un petit panneau pour se remettre sur la route d’un bâtiment iconique. Acre ce sont autant de petits détails à l’ombre d’une ruelle, des voûtes croisées aux arches de pierre, l’ombre d’une muraille, une petite fontaine surmontée d’une lampe à huile, les courbes presque sensuelles des rues …


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Les clochers, minarets ou la tour de l’horloge se laissent parfois entrevoir. L’espace entre les ruelles est parfois si mince que la lumière y pénètre difficilement. Des petites ruelles formées en tunnels font le lien entre deux rues principales, les entrées sont ornées d’arcades de pierre. En levant la tête on retrouve parfois quelques arches de pierre croisant la rue, d’une bâtisse à l’autre. L’épaisseur des murs est impressionnante, le silence règne, on ressent presque le passage des siècles sur les pierres dorées qui ornent les murs, tous ces personnages qui ont battus le pavé dans cette ville avant nous.


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Corridors étroits, tapis étendus sous les fenêtres, subtiles blasons croisés gravés dans la pierre, petits passages surmontés d’une voûte en pierre, dénivelés, enfants courants entre les rues, les femmes se rendant au marché … c’est un peu tout ça l’ambiance de Saint Jean d’Acre.


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Entre deux rues nous croisons le « Kahn al-Umdan », ancienne place de marchands construite au 18ème siècle par les Ottomans. Par son architecture elle nous rappelle presque le style des croisés. Ici à Akko, tous les styles des siècles passés s’imbriquent avec une facilité déconcertante.


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Je ne peux que vous inviter à visiter la mythique « Saint-Jean-d’Acre » si vous voyagez en Israël ! Les passionnés d’histoire seront comblés, et les voyageurs curieux seront récompensés par une ville authentique qui respire l’Orient, remplie de ruelles aux charmes irrésistibles. En remontant la côte depuis Tel Aviv, c’est l’occasion de découvrir une autre région d’Israël avec les visites de Césarée ou encore Haiffa, et pourquoi pas un crochet par Nazareth en descendant sur Jérusalem 😉 Vous l’aurez compris j’ai Saint-Jean-d’Acre dans le sang, j’y ai retrouvé toute l’ambiance que je cherchais en me rendant en Israël, l’histoire y respire sur ses murs. Avoir vécu cette visite en duo avec mon père, entre passionnés des Croisades, ce ne pouvait être qu’un moment inoubliable ! La plus belle ville du pays avec Jérusalem :)

Connaissez-vous Akko ? Avez-vous envie de découvrir Israël ?




COTÉ PRATIQUE

  • Un film à ne pas manquer : KINGDOM OF HEAVEN (Ridley Scott – 2005) – Une belle retranscription de l’époque
  • Un livre à emporter : L’âme du temple (Robyn Young) – Le héros Will Campbell assiste au siège d’Acre
  • Nous y avons dormi 1 nuit : Isrotel Tower – Situé à Tel Aviv, à une rue de la plage, hôtel confortable et moderne
  • Un restaurant à essayer : « Chez Abu Georges » – Petit café à côté de la mosquée, un arrêt le temps d’un Kebab
  • Un souvenir à ramener : L’un des nombreux ouvrages disponibles sur les croisés à la Citadelle
  • Une saison à privilégier : les mi-saisons si possible, l’été est étouffant !
  • Bon à savoir : Pas de visa obligatoire, mais il faut se préparer à un interrogatoire sérieux aux douanes de Tel Aviv
  • Un autre article à lire : « Jérusalem Partie 1 : Ascension au Mont des Oliviers » – La grande ville d’histoire en Israël
  • Étape précédente de ce voyage : Le site archéologique de Césarée, sur la côte méditerranéenne (chronique à venir 😉
  • Étape suivante de ce voyage : « Nazareth : Sur les traces de Marie en Galilée » 

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