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Cette semaine, nous avons visité Sovereign Hill, un musée vivant sur la ruée vers l’or australienne. Nous y avons découvert un évènement très important dans la fondation de l’Australie : la révolte d’Eurêka. Avant de t’expliquer notre visite dans ce musée vivant, attardons-nous sur ce véritable tournant dans l’histoire d’une démocratie naissante. Cet évènement fut un
Revenons un peu en arrière. Nous sommes en 1850, les premiers colons anglais se sont installés à Sydney, il y a un peu plus de 60 ans. Melbourne n’a été créée, depuis rien, qu’il y a 15 ans. Tu trouveras plus d’informations sur l’histoire de l’Australie dans l’article qu’on y a consacré…
1850 : On a découvert de l’or dans le Victoria
Le Victoria, et Melbourne particulièrement, s’est principalement développé grâce à cette ruée vers l’or.
L’immigration, tout comme la découverte de nouvelle richesse, a été (très) importante. La population de l’état est passée de 70.000 à plus de 500.000 personnes en 10 ans (200.000 personnes sont arrivées les 2 premières années), en majorité des Chinois et des Irlandais.
À l’époque, immigrer pour devenir orpailleur, c’était espérer devenir riche, avoir une vie meilleure et un rang. Dans la réalité, quelques un devenaient très riches, mais la majorité trouvait juste de quoi (sur)vivre.
Rapidement, pour gérer l’afflux de population et organiser tout ça, le gouverneur de la colonie a mis en place une commission de l’or. Elle était, tout naturellement, dirigée par les aristocrates et les premiers orpailleurs. Elle gérait la police et les permis de concession, avec l’aide de la garnison de l’armée britannique présente sur place.
La vie de mineur en 1850
Pour avoir le droit de chercher l’or, il fallait acheter un permis (miner’s licence) qui autorisait l’exploitation d’une surface d’un peu moins de 4 mètres carrés. Le document, qui servait d’autorisation, renouvelable tous les mois, était cher et ne dépendait pas de la quantité d’or ramassée.
Les gens vivaient dans des abris de fortune. Il y avait de petits commerces pour se procurer le minimum nécessaire à vivre, mais avec l’augmentation constante de population, les produits n’étaient pas disponibles en quantité suffisante.
Le travail était très dur et les bagarres d’ivrognes régulières.
Le favoritisme et la corruption étaient fréquents.
La cohabitation de cultures très différentes issues de l’immigration était parfois difficile.
Tout cela, en plus du danger, pour chacun, de se faire voler, car certains avaient compris qu’il était plus facile de prendre l’or des autres que de l’extraire soi-même.
En bref, l’espoir d’une énorme richesse, mais en attendant, une vraie vie de misère. Sous un soleil torride, sans jamais savoir si on pourra manger demain ou si on ne se fera pas racketter par ceux qui sont censés nous protéger !
Le salaire de chercheur d’or était, bien sûr, beaucoup plus attrayant que celui de policier. La commission a trouvé la solution d’utiliser des forçats comme policier. Leur rôle était de maintenir l’ordre, mais surtout de contrôler les permis.
Comme tu t’en doutes, cela n’a ni amélioré la situation ni fait apparaitre un semblant d’ordre.
À partir de ce moment, il commence à y avoir différentes versions de l’Histoire. La commission se plaignait du nombre de concessions sans permis alors que les mineurs se plaignaient d’abus de pouvoir depuis la police. Sous prétexte d’une vérification de permis, il était facile de déchirer ce dernier pour forcer le mineur à repayer la taxe.
Les tensions de plus en plus fortes sont apparues entre les mineurs et les représentants de l’état (à Ballarat, mais aussi dans les autres villes aurifères, comme Bendigo). Il faut rappeler qu’à cette époque, à Melbourne, 2/3 des représentants étaient élus par le peuple (une partie des hommes seulement (c’est mieux que rien…)) alors que les personnes responsables des villes minières avaient été désignées par le gouverneur.
Les prémices de la révolte d’Eurêka
En octobre 1854, deux procès ont lieu.
Le premier était celui de l’aide de camp d’un prêtre, infirme et ne parlant pas anglais, qui fut arrêté et condamné pour l’agression d’un mineur.
Le second est celui du propriétaire corrompu et peu populaire de l’hôtel Eurêka, qui lui est arrêté, mais acquitté, pour le meurtre d’un mineur.
Les jugements rendus semblent injustes à la foule et celle-ci s’est embrasée.
La situation s’envenime et l’hôtel Eurêka est brulé par la population en furie.
La commission de l’or, sentant venir les malheurs et afin de ne pas se laisser déborder, demande des troupes supplémentaires dans l’idée de donner une leçon aux mineurs.
Ce sera le début de ce qu’on appelle la révolte d’Eurêka.
Tentative de négociation
Différents rassemblements ont eu lieu dans les jours suivants. Les conclusions sont un désir d’abolir le permis de mineur et une forte opposition à la commission. Des dirigeants qu’on ne choisit pas et qui imposent les taxes, ce sont des tyrans.
La révolte d’Eurêka est alors en marche.
Le camp gouvernemental est fortifié et protégé de peur d’une attaque en attendant les renforts de Melbourne.
Aucune attaque n’est menée.
Les jours suivants, différents groupes sont créés, dont les plus importants sont la « Digging Right Society » (Société de droit des mineurs) et la « Ballarat Reform League » (Ligue des réformes de Ballarat).
En plus de l’abolition du permis, il réclame le droit de vote pour tous les hommes (non-aborigènes) et une réforme du droit de propriété.
Durant les semaines suivantes, plusieurs tentatives de négociations avec le gouverneur et la commission sont tentées par ces nouveaux groupes, mais elles restent infructueuses.
Au contraire, la présence policière a été renforcée et d’autres renforts demandés. Mais seuls des soldats blessés arriveront à Ballarat puisqu’ils seront attaqués en chemin par les mineurs.
Le lendemain de cette attaque, le 29 octobre 1854, l’échec des négociations est déclaré et, dans un acte de désobéissance civile ultime, une grande partie des mineurs déchire leur permis.
Le point culminant de la révolte d’Eurêka
Le 30 novembre 1854, le commissaire ordonne de reprendre les contrôles de permis, au moins, autour du camp gouvernemental. La foule empêche les arrestations et par défiance, prête serment à un nouveau drapeau le « Southern Cross Flag » (drapeau de la Croix du Sud).
Dans la nuit, des barricades sont érigées pour se protéger d’une attaque gouvernementale qu’on pense imminente. D’après les témoignages, ces défenses n’étaient rien de plus que quelques chariots renversés et ne servaient qu’à garder les hommes ensemble.
La barricade n’a pas été attaquée tout de suite et beaucoup de mineurs sont retournés à leur ouvrage. Seules les fortes têtes (en majorité des Irlandais) sont restées derrière les palissades.
Ce n’est que 3 jours plus tard, que le gouvernement attaqua la barricade avec plus de 270 hommes.
La révolte d’Eurêka fut vite matée, plus d’une vingtaine d’hommes tués et une douzaine blessés.
La victoire fut totale, l’autorité de la commission incontestable et les anciennes règles, remises en place avec encore plus de rigueur.
L’après-révolte d’Eurêka
Les meneurs furent jugés à Melbourne en janvier et février 1855. C’est à ce moment que la bataille qui semblait perdue a pris un tout autre sens.
L’opinion publique a été fortement choquée par la violence avec laquelle a été mise au pas la révolte d’Eurêka.
Sous sa pression, au fur et à mesure, des jugements, les verdicts furent de plus en plus cléments jusqu’à l’annulation des sentences et l’acquittement de tous.
Le peuple accusait le commissaire général de tyrannie et d’utilisation excessive de la force. Après les résultats de l’enquête, il fut muté au plus profond du Victoria et personne n’a plus entendu parler de lui.
Les réformes furent menées dans l’année qui suivit.
Le permis de mineur fut remplacé par une faible taxe d’exploitation ainsi qu’une taxe sur l’exportation.
L’Electoral Act fut voté en 1856. Il accorda le droit de vote à tous les hommes de plus de 21 ans (excepté les aborigènes).
Paradoxalement, à Ballarat, tout fut fait pour oublier la sanglante révolte d’Eurêka.
On n’est pas encore certains, aujourd’hui, de l’endroit exact où aurait été montée la barricade.
Le symbole de la révolte d’Eurêka
L’importance donnée à cet évènement a fort probablement été exagérée comparée à ce que les mineurs souhaitaient et la façon dont ils l’ont vécu.
Elle s’explique probablement parce que c’est une des deux seules révoltes armées qu’a connues l’Australie (avec la révolte du rhum au début siècle). La révolte d’Eurêka est surtout devenue pour beaucoup, le symbole de la révolte d’homme libre contre le tyran impérialiste, de la libre entreprise indépendante contre les taxes et du travail contre une classe dirigeante privilégiée.
J’ai lu quelques parts, qu’elle aurait été jusqu’à inspirer Ned Kelly, le célèbre Robin des bois australien.
C’est également un symbole qui participe à sa façon à la naissance d’un sentiment national australien, à la naissance d’une nouvelle nation !
Cette histoire nous a été racontée au musée vivant de l’or de Sovereign Hill à Ballarat. Mais le nom d’Eurêka ne nous était pas inconnu, puisque c’est le nom d’un haut gratte-ciel de Melbourne au-dessus duquel on peut monter.
Ayant beaucoup lu sur internet à propos de cette révolution, j’ai voulu en faire un article indépendant, même si tu t’en doutes il sera en lien avec notre visite de la semaine prochaine 😉 J’espère que tu as pris autant de plaisir à découvrir un peu plus l’histoire australienne (et à travers cela, la mentalité et les tripes du pays…) que moi à te la raconter ! !
Un film sur Ned Kelly, héros du Victoria, digne fils de la révolte d’Eurêka, avec Heather Ledger, Orlando Bloom, Naomi Watts, est sorti, en 2003, et raconte son histoire ainsi que celle de sa légendaire armure.
Que penses-tu de cette histoire ? Tu connaissais la révolte d’Eurêka ? Et Ned Kelly ? As-tu vu le film ?
Raconte-nous ! !
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