Entre Ensuès-la-Redonne et Niolon serpente un chemin le long du littoral, reliant plages cachées, calanques tranquilles et panoramas incroyables. Quelques kilomètres suspendus entre ciel et mer qui permettent de découvrir la Côte Bleue au plus près de ses merveilles, un paradis pour les amateurs de nature, qu'ils soient randonneurs, plongeurs, baigneurs ou simple pique-niqueur dans un cadre enchanteur. Une randonnée peu difficile mais qu'il vaut mieux appréhender avec un minimum d'équipement, des bonnes chaussures et une bouteille d'eau car, même au printemps, le soleil cogne fort et l'air marin sait se faire discret.
Le point de départ de la randonnée se situe au niveau du port d'Ensuès-la-Redonne, la ville aux cinq calanques, en contrebas de la gare. De là, un petit panneau indique la direction de la calanque des Anthénors : c'est la première étape. Il suffit de quelques minutes de marche sous le couvert des arbres, au milieu des habitations, pour rejoindre le sentier qui surplombe la mer. Émerveillement garanti. Et ce n'est que le début. La première calanque et sa plage ne sont plus très loin. Le sentier est bien balisé, le bord de la falaise à distance respectable : aucune difficulté ici. Une fois arrivé au niveau de la plage, le sentier s'éloigne sur la gauche et, juste après le virage, s'élance à l'ascension d'une colline : attention à ne pas le manquer, il n'est pas spécialement bien indiqué. La terre se fait plus rouge, le chemin est encore une fois bien protégé par rapport à la falaise. Pas de passage dangereux. La brise marine vient rafraîchir agréablement l'atmosphère et, de loin en loin, une superbe demeure perdue dans la végétation se découvre à la vue. Ça doit être chouette de vivre là, non ? Prochaine étape : la calanque des Figuières.La descente jusqu'à la calanque et son petit port est un peu plus périlleuse, cette fois pas d'escalier. Les pierres ont tôt fait de glisser sous les chaussures (ou est-ce juste moi et mon sens de l'équilibre désastreux ?). La plage est prise d'assaut, à l'autre bout de la crique un promontoire promet une jolie vue sur la mer mais je crains le passage les pieds dans l'eau : ma simple paire de baskets n'apprécierait guère. Pour rejoindre la calanque suivante, on emprunte les escaliers, sur la gauche. Le chemin s'éloigne du littoral sur quelques centaines de mètres, on traverse un lotissement : à la première intersection, prendre à droite puis continuer tout droit (rien n'est indiqué). Un des viaducs du train de la Côte Bleue se dessine au-dessus des maisons, vertigineux. Puis, au détour d'un virage...La calanque suivante est en fait une succession de deux d'entre elles : le Petit Méjean et le Grand Méjean. Il est d'ailleurs possible de venir en voiture jusqu'ici, pour qui souhaiterait sauter la première étape de la randonnée et n'emprunter que le sentier des douaniers. Car à partir d'ici, plus moyen de continuer en transport terrestre : il vous faudra soit rejoindre Niolon, soit revenir sur vos pas ! Le Grand Méjean est très fréquenté, il y a d'ailleurs un restaurant les pieds dans l'eau. C'est également un spot prisé par les plongeurs. Le sentier des douaniers commence ici tout comme les choses sérieuses. Cela fait 1 h 30 que je suis partie et pour le moment, ça a été les doigts dans le nez. Ça va bientôt changer : un panneau rappelle quelques mesures de sécurité (équipement, respect de l'environnement, etc.) et informe de la distance à parcourir.Le chemin devient un peu plus sportif : les dénivelés sont plus importants, les flancs de falaise se rapprochent mais il y a souvent des barrières ou des mains courantes pour s'aider et se sentir en sécurité. L'air se fait plus lourd, l'ombre plus rare. Mais on est récompensé par des paysages à couper le souffle (sans mauvais jeu de mots) et cette étendue azur miroitante dont il est impossible de se lasser. Au bout d'un moment le sentier rejoint la voie ferrée, c'est toujours impressionnant de voir le parcours emprunté par le train. Il est d'ailleurs bon de rappeler qu'il ne faut pas s'amuser à longer les rails pour gagner du temps : de trop nombreux accidents ont eu lieu par le passé et des mesures ont été prises pour rendre plus difficile l'accès à la voie. Cela fait 2 h 30 que je marche, je pensais le plus dur derrière moi.Arrive alors la plage du Moulon. Une fois descendu sous le viaduc (il faut prendre sur la droite, c'est indiqué), en surplomb de la crique, les choses se corsent sérieusement... Le chemin à suivre est à peine discernable, une sente caillouteuse qui longe un pierrier, s'éloignant sur la gauche, que je n'ai réussi à deviner que parce que d'autres randonneurs l'ont emprunté en sens inverse. Je m'engage une première fois mais fais rapidement demi-tour : c'est sûr, ça ne peut pas être par ici tellement on longe l'à-pic sans protection. Mal équipée, fatiguée, sujette au vertige, je me vois déjà rester bloquée ici, ou être obligée de faire demi-tour, alternative catastrophique en regard des horaires de train. Mais on m'assure que si, si, le chemin vers Niolon c'est bien par là. Il reste une petite heure de marche. L'une des heures les plus longues de ma vie. Honnêtement, je n'ai pas du tout profité du reste de la randonnée. Honnêtement, il n'y avait pas grand-chose de difficile non plus : j'ai vu des enfants s'en sortir avec bien plus d'agilité que moi. Mais le danger est là, à chaque seconde, à chaque pas : main courante supprimée, pierres lisses, sol instable et caillouteux, précipice à deux pas... Pour moi, ce n'est clairement pas la conception que je me fais d'une randonnée "relativement facile", comme présentée sur le site TER de la région PACA, où j'ai appris son existence (mais les indications en fin de parcours ne correspondent en rien à celles que j'ai suivies : existerait-il un autre chemin ?). Surmonter des difficultés physiques, se surpasser, avec plaisir ; avoir le sentiment de mettre sa vie en danger à chaque pas et que la moindre erreur pourrait être fatale, non merci. Entre les passages vraiment délicats, le reste demande juste un peu de prudence : j'ai terminé le chemin les yeux rivés sur mes pieds, les mains agrippées à la végétation ou aux interstices rocheux, le cœur battant à la chamade. Et le soulagement, enfin, quand Niolon apparaît enfin, que je dépasse le viaduc surplombant la calanque du Jonquier, juste à l'extérieur du village, 3 h 30 plus tard.Je suis trop épuisée pour penser même à aller voir la calanque de Niolon. Les plus courageux continueront à longer le littoral jusqu'à Marseille : pour moi l'effort s'arrête ici, c'est en train que je retourne dans la cité phocéenne. Certes, la dernière étape de la randonnée était éprouvante pour mon niveau zéro de sportive : mais je ne regrette rien, la balade était trop belle ! Note : le sentier est accessible d'octobre à mai ; l'été, notamment les week-ends, l'accès est plus réglementé.