C’est la faute de FB. Je ne vois pas d’autre explication. A force de voir des posts de copines qui font des régimes, voire du sport pour rentrer dans leur maillot cet été et tout ça, je me suis dit qu’il fallait que je me bouge aussi. C’est de l’inconscience. Surtout que franchement, on va en vacances en Irlande cette année, je ne risque pas de me mettre en maillot. Ça sera plutôt doudoune polaire et ciré de marin (pour les bons jours)…mais bon, j’ai décidé dans un moment d’égarement total de faire du vélo d’appartement. On en a un dans le bureau. Je n’aurais pas dû.
En vrai, c’est le vélo de Marichéri. Ce qui est un problème. Pour pouvoir pédaler, il faut déjà que j’arrive à me hisser dessus, alors que Marichéri a bêtement pris un modèle à sa taille (6m08). Attention, le premier qui me dit que je n’ai qu’à régler la selle au plus bas je le mords. Déjà plus bas, sur ce vélo, ça m’arrive aux oreilles, à peu près. En plus, la molette pour bouger la selle a été coincée à vie serrée par Marichéri. Même en me démettant une épaule, je n’arrive pas à la faire tourner d’un demi millimètre. C’est pas grave, je vais attaquer la molette avec les dents. Ouille. Bon, c’est raté aussi… Je finis par taper comme une dératée à coup de poing sur la selle. En toute sérénité. Je crois que je me suis foulé le petit doigt en tapant un peu fort…Tout va bien, le sport, c’est la santé. Aha. Je n’ai toujours pas commencé, et je suis en nage. Impossible de monter sur ce fichu vélo. A la limite, je peux mettre un pied sur une pédale, et essayer de faire passer l’autre par dessus, avec ma grâce légendaire d’hippopotame avachi. Hop. Je reste donc avec une jambe coincée en l’air sur le guidon. Ça ne va pas du tout. En même temps, je travaille ma souplesse. Restons positifs.
J’ai trouvé! Je vais pousser le vélo jusque devant le canapé (il y a aussi un canapé dans le bureau. C’est captivant). Comme ça je monte sur les coussins et hop, je saute allègrement sur le vélo depuis là. Ça va le faire. Ou pas puisque ce fichu vélo pèse quinze tonnes. C’est en fonte, les vélos, c’est ça? On ne me dit rien! Ça fait 10 minutes que je me suis enfermée dans le bureau, après avoir annoncé très fière de moi aux enfants qu’il ne faut pas déranger maman, maman va faire son sport. Je n’ai toujours pas commencé. Je suis très calme. Si je m’appuie contre le mur et que je pousse avec les jambes contre le monstre vélo, ça peut marcher. Je sens un léger frémissement en direction du canapé. Ahah, plus que 78 cm et j’ai bon. C’est juste que là, je viens probablement de me pêter une rotule. Ça a fait crac. Ça risque d’être gênant pour pédaler. Mais je ne céderai pas. Pffff…c’est pas possible, en fait, il est vissé par terre ce vélo? J’ai progressé de trois millimètres. Il n’y a que mes vertèbres que j’arrive à déplacer comme ça. On va procéder différemment. Au lieu de bouger le vélo je vais faire du trampoline sur le canapé, ça me donnera de l’élan, et hop, je pourrais me jeter gracieusement dans les airs pour atteindre la selle. Ou pas. Aie…J’ai pris le guidon dans les dents. C’est pointu en plus…non mais je suis bête (en plus d’être défigurée ), pourquoi je ne suis pas allée chercher un tabouret? J’arriverai à monter sur ce vélo!
Évidement, il y a un troupeau de gamins qui m’attend derrière la porte du bureau, ils ont été attirés par les cris. Je souffle comme une locomotive asthmatique. Je suis en nage, écarlate, coiffée par butagaz et d’une bonne d’humeur très relative.
– maman bobo?
-non, mais ça va pas coin, tu fais quoi? Meuh, c’est carrement le bordel. Coin. Je m’entends plus jouer, là!
-tu fais de la boxe comme sport? c’est cooooool!
-si tu casses tout le bureau, papa y va pas être content…
Bon. J’empoigne un tabouret d’une main et ce qui me reste de dignité maternelle de l’autre et je repars dans le bureau. Je te préviens, vélo, c’est personnel maintenant. Ahaha. Je suis têtue. La première tentative d’escalade du vélo par la face nord à l’aide du tabouret est un échec. Le tabouret se désolidarise lâchement de mon pied droit en allant valser dans le canapé juste quand j’avais reussi à passer ma jambe gauche par dessus le cadre. Aie. Encore. Heureusement, le deuxième essai est le bon. J’ai gagné! J’ai les lèvres en sang, une épaule en moins, un genou râpé et le dos en compote, d’accord, mais je trône fièrement sur la selle du vélo. Et toc…c’est là que je me rends compte que je n’atteins pas les pétales. Et que je ne sais pas du tout comment je vais redescendre. Probablement en me laissant tomber sur le côté, style bouse de vache. J’aurais dû mettre les coussins du canapé par terre, ça aurait amorti ma chute…
Alors voilà, si j’exprime un léger agacement quand on me demande comment je fais pour avoir mal partout alors que je n’ai même pas pédalé trois kilomètres (en 42 minutes ) c’est normal. Parce qu’en plus d’être un instrument de torture, le vélo d’appartement est un petit rapporteur qui ne fait rien qu’à cafter, avec son écran moqueur. Il a tort. Dans le bureau, il y a aussi des outils pour bricoler des guitares électriques. Dont un fer à souder. Vengeance!