Bandar-e Anzali, Iran /37°27’N 49°28’E / 2008
Un Gardien de la Révolution, en pause, taquine l’esturgeon dans un bassin de ce port oublié de la Caspienne. La ligne va-t-elle bouger ?
Suite aux récents accords sur le nucléaire, de grandes attentes – surtout commerciales – sont nées dans les chancelleries occidentales. Un ouvrage paru récemment nous éclaire sur l’extrême complexité du régime iranien:
Mohammad-Reza Djalili, Thierry Kellner L'Iran en 100 questions Tallandier, Paris. 2016
S’il existe bien un parlement en Iran, l’assez formel Majlis, il y a surtout redondance d’organes de contrôles de tout et tous, aux appellations souvent surprenantes. Tel ce « Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime » (madjam-é tashkhis-é maslahat-é nezam). Et au final, tout est entre les mains du Guide de la révolution et de sa garde rapprochée. Dans l’ombre omniprésente, sur tous ces grands muraux, de l’ayatollah Khomeyni, figure tutélaire du régime.
Chiraz, Iran / 29°35’N 52°35’E / 2008
Nos impatients et impétueux ministres et industriels vont devoir faire le poing dans la poche avant de signer de juteux contrats.
Un chapitre traite, sans détour, du désastre écologique qui menace le pays : la raréfaction des ressources hydriques, la « grande catastrophe », (fajeh-e bozorg), et ses causes multiples. Pour le voyageur, deux sites majeurs risquent de perdre leurs fonctions, autant que leur attractivité.
Le système hydraulique historique de Shushtar
Shushtar, Iran / 32° 3’N 48°50’E / 2008
Ancienne ville-forteresse, traversée par le Karun, le fleuve qui irrigue l’aride Khouzestan. Des bras de rivières, des canaux, des ponts-barrages, des tunnels, des moulins à eau. Un vaste ensemble s’étendant sur 240 hectares, à la fois urbain et rural, créé, développé, par les civilisations qui se sont succédées dans la région. Darius le Grand aurait été l’initiateur de cet aménagement, au Ve. siècle av. JC. Sa forme actuelle remonte au IIIe siècle de notre ère. Site étonnant, « chef d’œuvre du génie créateur humain », selon l’UNESCO, qui l’inscrira au Patrimoine mondial en 2009. Le pont-barrage Band-e Kaisar / Pol-e Kaisar, long de 1’600 mètres dans son intégralité, présente de beaux éléments de ruines. On en a un pittoresque point de vue depuis la terrasse de la classique Mostofi House, typique de l’architecture fin ère Quajar (1785-1925). L’élément visuellement dominant des lieux, avec les déversoirs des canaux alimentant les moulins. Plus loin, au sud de la ville, des canaux irriguent 40’000 hectares de cultures et de vergers.
Cet aménagement sophistiqué et millénaire est menacé d’extinction par des projets de grands barrages en amont.
Ispahan, le parcours urbain du Zayandeh Rud
Ispahan, Iran / 32°39’N 51°40’E / 2008
L’un des rares cours d’eau permanent de l’Iran, le fleuve Zayandeh Rud traverse Ispahan d’ouest en est. Elément majeur du paysage de la ville, il est franchi par onze ponts (trois sont des icônes photographiques), reliant les deux parties de l’antique capitale des Safavides. C’est au fleuve qu’elle doit son agrément, sa verdure, alors que l’aridité règne alentour. Sur les rives, des parcs-promenades abondamment arborés sont soigneusement aménagés et entretenus, par des jardiniers en bottes de caoutchouc blanches. Ponts et rives, espaces urbains de qualité, et aussi d’urbanité.
Si le vital Zayandeh Rud s’assèche totalement, que devient la ville ?