Tu es à Rome depuis 2 mois et demi, tu tentes de reprendre tes marques après la fantastique aventure d’un tour du monde, tu bosses dur sur un projet professionnel et tu entends ton homme te dire : « Tu devineras jamais où on part! Le Vanuatu! » Là commence un tourbillon incroyable! VA-NU-A-TU, tu rigoles!!???
Non, il ne rigolait pas! Un mois vient de s’écouler depuis l’annonce et nous y sommes, au Vanuatu! Déjà 3 semaines et un visa de résident tout frais sur nos passeports! J’ai toujours du mal à réaliser! Mon esprit est vraiment une mosaïque de sensations et d’images en vrac. L’envie me prend de poser par écrit toutes ces premières impressions qui m’ont assaillie depuis que j’ai entendu le mot « Vanuatu ».
L’annonce : « c’est une blague!? » puis « waouh! »
Franchement, c’est vraiment pas une destination à laquelle on pensait. La vie professionnelle de Benoit nous a habitués à beaucoup de changements et de rebondissements mais celui-ci, il nous a cueillis à froid! Lui, a été ravi tout de suite de se remettre en selle. Du travail dans un pays qu’il ne connait pas, c’est parfait! Pour moi, ça a été 24h avec le mot « Vanuatu » en travers de la gorge. Cela peut paraître fou mais je n’ai pensé qu’à mon projet professionnel et mon besoin crucial d’être connectée à Internet. Alors j’ai vu s’écrouler mes deux mois de travail intensif pour tout préparer et mes projets. Je n’allais pas pouvoir faire ce que j’avais prévu! Puis, comme toujours, après une nuit de sommeil et un peu de réflexion, je me suis dit que j’allais m’adapter comme à chaque fois! « Vanuatu » a quitté ma gorge et l’excitation de la nouveauté a pris le dessus! Waouuh, c’est dingue comme destination!
Vanuatu? C’est où? c’est quoi?
Honnêtement mes connaissances sur le Vanuatu étaient au niveau Bac moins 15. Oui, je sais que je ne suis pas la seule! Vous-même, vous devez pas être trop calé non plus, j’imagine! Moi, je savais juste que c’était dans le Pacifique et qu’ils avaient vécu un gros cyclone en 2015! That’s it! Un peu maigre comme info pour un endroit où tu es censée partir vivre les jours suivants! Une foule de questions s’est bousculée dans ma tête mais franchement la première chose que j’ai faite a été de taper » Vanuatu » sur Google Map et là: la claque! L’autre bout du monde au sens littéral! Plein de tout petits points dans le Pacifique! La Nouvelle Calédonie, c’est immense à côté! Tu ne sais même pas quelle est la capitale du pays ni sur quelle île elle se trouve. Alors tu fais appel à ton deuxième ami numérique: Wikipedia! Et en vrac, tu apprends plein de trucs : archipel de 80 îles. Pays indépendant depuis 1980. Ancien condominium géré par les Anglais et les Français. 3 langues nationales : Le bichlama, l’anglais et le français. Et là, les sueurs te reprennent!
Le Bichlama? C’est quoi cette langue?
Bon soyons clairs, j’aime apprendre des langues et apprendre en général mais là, je viens de passer 2 mois à essayer de retrouver mon italien qui a été légèrement étouffé-broyé par l’espagnol puis le portugais. Je commence à pouvoir dire 3 phrases correctes à l’épicière et là, vlan, le bichlama! Faut pas pousser! Mon cerveau lance déjà des signaux de surchauffe depuis quelques temps et je le sens pas pour se lancer dans une sixième langue dont il n’avait jamais entendu parler avant d’ouvrir Wikipedia! Oui, mon cerveau n’est pas très souple, parfois! Il râle! L’espoir renaît quand je lis que c’est une langue facile à apprendre qui tourne autour de 200 mots. Ce serait un dérivé de l’anglais prononcé à la française. En gros, tu parles un mauvais anglais avec un bon accent français à couper au couteau et c’est plié! Je fanfaronne en me disant que je vais mettre le bichlama sur mon CV dans un mois à peine! Super original comme truc, au moins! Oui mais ça, c’était avant d’arriver et de l’entendre, ce fameux bichlama…. Je vous en reparle plus loin!
Bye bye, on part au Vanuatu!
Le moment de l’annonce aux amis et à la famille arrive très vite! Quelques jours à Genève pour se dire au revoir! On sait qu’on ne se reverra pas avant longtemps! On part vraiment loin, cette fois. Ça devient plus concret quand on voit le plan de vol : Genève-Londres-Sydney-Port Vila, le tout en 36 h. Si tu ajoutes à ça, le prix du billet, tu sais que tu n’auras pas de visites et que tu ne reviendras pas dire bonjour de temps en temps!!! Tu montres à tes nièces sur leur globe éclairé où est le Vanuatu et là, tu réalises que tu vas très loin et que tu seras bien décalée jour/nuit avec l’Europe. Tu commences à faire tes calculs de décalages horaires. En heure d’été, Vanuatu a +9h avec la France, +16h avec nos amis de Chicago et du Panama, +7h avec ceux de la Réunion…. Tu décides d’installer une application sur ta tablette car tu vas vivre avec cette nouvelle réalité… Nous serons les premiers à nous lever le matin, avant même les Australiens. On est tout proche de la limite de changement de jour! C’est assez dingue, non! Le moment des préparatifs est intense! Check-ups médicaux obligatoires, galère de valises ( chaud?, froid?, quel poids?), complication à l’aéroport car on n’a pas encore nos visas. Stop forcé à Sydney… Je vous passe les détails de ce long voyage et enfin, on arrive!
C’est ça, la capitale?
Nous arrivons à Port Vila, la capitale où nous allons vivre pendant 1 an. Ah oui, je vous ai pas dit, on vient pour un an! On retrouve la chaleur tropicale, le sourire et la nonchalance des gens qui nous rappellent la Caraïbe… On a l’impression d’arriver en vacances. Impression renforcée quand on se retrouve à l’hôtel pendant 6 jours, le temps de trouver un logement! Je n’arrive pas à croire qu’on va rester! Tout est petit. Port-Vila, c’est un village! Le premier jour, Benoit part déjà au boulot et moi, je fais le tour de la ville à pied en deux heures! Mon grand plaisir a été de pouvoir marcher seule sans être interpellée! Après nos années en Amérique Latine, j’avais intégré cette donnée : les mecs se déchaînent quand tu marches seule! Là, rien! Que des « bonjour » souriant de la part de tout le monde, hommes, femmes, jeunes, vieux! Super agréable! Je ne passe pas inaperçue avec ma peau blanche mais je me sens bien! Je passe devant les ministères qui franchement ne paient pas de mine. Certains bâtiments officiels sont même en sale état! L’ambassade française ressemble à un vieux gymnase… Aucun luxe ici! On est dans un petit pays pas riche du tout! Quand on voit le développement de la capitale, on imagine difficilement comment est le reste du pays. Par quelques lectures rapides, j’apprends qu’il y a seulement 2 villes dans tout le pays : Port Vila et Lougainville qui est sur l’ile de Santo. Seules 3 îles ont l’électricité. Les routes goudronnées sont rares. L’instabilité n’a pas aidé ce tout jeune pays à se développer et par-dessus le marché, le cyclone PAM a fait beaucoup de dégâts.
baie de Port Vila
Et l’île, c’est comment?
Quand j’ai commencé à imaginer la vie sur place, j’ai tapé sur Google Photos et là, je suis tombée sur des photos sublimes de lagon et d’autres montrant de grosses destructions! C’est la côte Est de l’île d’Efate ( où on se trouve) qui a eu visiblement le plus de de dégâts. On a fait le tour de l’île (130 km ) et on a vu de la végétation ravagée à certains endroits seulement mais quasiment pas de dégâts matériels. Les maisons ont tenu ou ont été reconstruites.
L’île est restée super naturelle, les constructions sont concentrées sur la capitale. A quelques kms de là, tu te retrouves dans une végétation luxuriante avec juste quelques maisons dispersées. La végétation est vraiment très belle. Moi qui adore les arbres, je suis ravie : les banians sont immenses, les plus grands qu’on aie jamais vus! La mer a tous les dégradés de turquoise! Magnifique!
îlot Ifira en face port Vila embarcation Vanuatu Havanah Port VilaLes gens vivent avec un confort très sommaire : parfois des maisons en dur mais aussi pas mal de petites maisons de bois ou de taule, cuisine au feu de bois à l’extérieur et lessive à la rivière. Les gens te saluent en souriant quand tu passes en voiture!
En route pour la messe!3 semaines sur place, c’est comment la vie?
C’est trop tôt pour avoir une bonne connaissance de notre environnement mais je vous livre mes premières impressions : Les gens sont super doux et souriants. Bon accueil. Par contre, c’est super bizarre de ne pas savoir en quelle langue commencer à parler. Parfois en anglais, parfois en français (c’est 60/40). Parfois en bichlama (la langue commune à toutes les îles) quand t’as pas le choix et là, c’est très comique! Je vais devoir étudier un peu, quand même! Franchement je comprends rien! Les dames du marché et les chauffeurs de bus se marrent bien avec moi! Impossible de savoir quelle langue parlent les gens! Alors tu essaies au pif: français/anglais
La vie est super chère, même pour le basique. On peut trouver plein de trucs importés mais c’est très peu accessible du fait du prix! Je vais devoir me mettre à la cuisine locale et changer pas mal d’habitudes. Ici, il faut aimer la nature avant tout! Amateurs de shopping et de vie culturelle, passez votre chemin! Nous, ça ne nous manquera pas! On va profiter de la mer et de la beauté de la nature! On va tester des trucs locaux mais avec prudence! Lors de notre soirée de bienvenue avec les collègues de Benoit, on a testé la boisson traditionnelle : le kava. C’est un jus extrait de la racine de poivrier. C’est hyper amer avec un aspect d’argile vert-marron. Franchement imbuvable! C’est un anesthésiant, en plus! Je n’ai pas pu avaler et j’ai recraché ma gorgée, la langue toute anesthésiée. D’ailleurs, autour de nous, plein d’hommes crachaient au sol, tous alignés!!! Ambiance bizarre, à la tombée de la nuit, devant des baraques en bois! J’ai appris ensuite que la tradition de bienvenue et de gestion des conflits autour du kava a mal évolué et qu’aujourd’hui beaucoup d’hommes et de femmes sont accros à ce truc! Je vais enquêter!
Un autre truc important , c’est qu’on retrouve le climat tropical dans une nature omniprésente. Traduisez : plein de bébêtes partout! Fourmis, araignées et chenilles sont absolument partout! Tu vis avec, tu te bats pour conserver ta nourriture! Ne t’avise pas de laisser quelques miettes de pain sur la table:10 min plus tard, des colonies de fourmis sillonnent la pièce et grimpent sur la table! Franchement, je suis partagée entre dégoût et admiration. Comment elles voient ou sentent ces quelques miettes et s’organisent pour débouler en nombre en si peu de temps? Je vais devoir enquêter! Les chenilles, elles, elles font semblant d’être mortes en se roulant en forme d’escargot quand tu cherches à les neutraliser mais elles ressuscitent ensuite! Un truc de fou! Phobiques s’abstenir! Notre maison est leur territoire, on est juste des invités!
vue de notre terrasse
On est installés à 5min du centre ville, sur une colline, au bout d’un chemin en terre bien défoncé. On a une vue magnifique sur la baie. Je travaille depuis la maison (nous avons Internet!!!) et j’ai le plus beau bureau du monde! Je me déplace à pied et en mini-bus local. On vit au rythme du soleil. Lever vers 5h30 et coucher tôt! On est encore en saison des pluies, il fait très chaud et il pleut pas mal! La météo rythme aussi les activités! Quand il pleut des trombes d’eau , tu restes abritée. Tu sors de préférence quand ça cesse et qu’il ne fait pas trop chaud…
Je pense que ça va être une vie simple et agréable! En retrait de la frénésie du monde!
J’ai hâte d’en découvrir plus! Je vous tiens au courant de notre découverte du Vanuatu! A bientôt!