Pacaya : Frousse sur les pentes d’un volcan spectaculaire

Publié le 06 avril 2016 par Franck Laboue

Il y a des expériences de voyage qui vous marquent au fer rouge : pour moi c’est l’ascension du volcan Pacaya qui est inoubliable ! Avant de découvrir l’île de Big Island dans l’archipel d’Hawaï, je n’avais jamais été en contact avec un volcan, et à l’idée de cette excursion nous étions réellement surexcités ! Le Guatemala est un pays d’une diversité hallucinante : villes coloniales, plages, montagnes, culture Maya, sites archéologiques, volcans … de quoi faire de ce pays une destination immanquable en Amérique Centrale. Notre excursion au départ d’Antigua a été à la fois exaltante, surprenante, riche mais surtout … dangereuse ! Retour sur une expédition pas banale sur les pentes du volcan Pacaya


C’EST PAR OU ?

Le volcan Pacaya se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud de la ville coloniale d’Antigua, au Guatemala. Il s’agit d’un volcan actif d’une hauteur de 2 552 mètres d’altitude, un de ces nombreux cônes volcaniques qui entourent la vieille ville d’Antigua. En préparant le voyage nous étions déjà convaincus : il fallait en profiter pour tenter l’expérience et, pourquoi pas, voir de la lave de proche … ! Oui on a de ces envies parfois ?! C’est un peu ça aussi les voyages, vivre des expériences, se lancer des défis, mettre du piquant Et du piquant on allait en avoir pour notre argent … Nous étions à Antigua pour 5 nuits, une ville majestueuse qui nous a déjà servi de base pour partir découvrir les marchés de montagne. Nous passons par la même agence locale pour organiser l’excursion du Pacaya.

– « Vous préférez l’excursion de jour ou de nuit ? »

– « Hey, me semble que de nuit ce serait cool ? Tu sais pour la lave et tout … ! De nuit s’il vous plaît ! »

Erreur … pourtant tout avait bien commencé. Depuis les fenêtres du petit bus scolaire qui nous emmena en cette après-midi vers les pentes du Pacaya, nous observions le paysage qui défile, les quelques villages éparses qui se raréfient au fil des kilomètres. Puis vinrent les hauteurs, le panorama prit forme, le bus monta difficilement les pentes, notre petite troupe d’une vingtaine de voyageurs fut bousculée par une route défoncée (Digne d’une route québécoise en plein mois de mars). Les nuages sont bas, et nous allions assister au coucher de soleil au début de notre marche, la lumière inonde les collines au dessous de nous, tout est superbe.



UNE ASCENSION ROCAMBOLESQUE

Le bus s’arrête, mais avant de sortir nous avons droit à un discours de sécurité plutôt effrayant … en fait c’est toute l’organisation de cette excursion qui a été foireuse ! Bref, rentre un homme dans le bus, chapeau de cowboy, allure burinée … avec un Shotgun à la main et des cartouches autour du torse ! On nous met alors en garde, il faut se rappeler que dans les années 1990 au Guatemala sévissaient des bandes armées, notamment sur les flancs du Pacaya … pour détrousser les touristes ! On nous rassure, tout est terminé, mais on prend tout de même des précautions ! Passé le petit coup de frousse, des enfants nous vendent des bâtons de marche à la sortie du bus, oui il y a quelques familles qui habitent encore sur les pentes du Pacaya ! Nous rencontrons un couple de français, on sympathise et nous ferons alors l’ascension ensemble, sage décision … une file se forme bon gré malgré derrière notre UNIQUE guide et l’excursion peut commencer ! On croise les excursionnistes de la matinée, éreintés …



La vue est superbe, les « Oh my god, why i didn’t took my camera ! » des américaines derrières nous ne viennent pas perturber le spectacle. À première vue c’est comme remonter des pentes de Mars, le paysage à des airs lunaire, une véritable montagne infernale. Les nuages mangent la montagne et nous empêchent d’apercevoir le sommet, imperceptible. Une ligne de randonneurs se forme sur les pente et ce qui ressemble plus ou moins à un sentier. Nous nous suivons l’un derrière l’autre, nos chaussures agrippant les roches volcaniques. Le noir et gris de la roche se transforme presque en jaune-orange à la lumière du soleil couchant, un véritable spectacle de la nature.



Quelques personnes ont décidé de louer des mules pour faire l’ascension, pauvres bêtes ! Ici rien n’est balisé, et avec le soleil couchant l’ascension jusqu’alors relativement tranquille se transforme en périple, nos bâtons de marche ne serons pas de trop. La grimpette sérieuse peut commencer, la pente est vraiment haute maintenant, on s’aide plus de nos mains que du bâton. Le terrain fait de roches coupantes et chaudes est un véritable calvaire. Au fur et à mesure de l’ascension la lumière commence à manquer avec la disparition progressive du soleil. Alors que nous entreprenons la montée j’entends soudain « Rock, Rock, Rock !!! », non The Rock n’est pas venu nous saluer, mais plutôt un gros rocher volcanique qui dévale la montagne ! Ce gros rocher descend la montagne le long des randonneurs, il roule sur lui même, nous laissant peu d’indices sur le trajet qu’il va prendre, et chacun est obligé de sauter sur le côté du sentier … une frayeur dont on se serait bien passés !



À notre arrivée proche de la coulée de lave (le but ultime de l’expédition), c’est un peu le chaos qui règne, une vingtaine de personnes s’agglutinant devant la lave. Aucune sécurité, un guide un peu paumé et bien seul face à cette horde qui souhaite se faire photographier devant la coulée, il n’a pour seule arme que son maigre sifflet ! Les gens sont inconscients, s’approchant un peu trop dangereusement de la lave, glissant sur des pierres et risquant de tomber dans la coulée … pour une photo. Cette vision de la lave, langue de feu sortie des enfers, en pleine nuit noire, marque l’esprit. Alors que la température du soir sur les pentes est fraîche, ici ce sont les flammes de l’enfer qui nous réchauffent ! Nous ne resteront pas longtemps devant ce spectacle hallucinant, il est temps de se lancer sur le chemin du retour, qui ne sera pas de tout repos … En pleine nuit, nous nous collons tous les quatre, munis de nos lampes et nos bâtons, plusieurs groupes se dispersent et nous nous perdons dans un bois. Par un heureux hasard nous tombons sur un petit groupe et son guide privé ! Ouf, la descente peu redescendre grâce à cette rencontre inespérée !  Il est maintenant près de 22h00, nous étions partis d’Antigua vers 14h00 et nous allons retrouvé notre hôtel, sur les rotules.



Avec le recul c’est bien évidemment un de mes plus beaux souvenirs de voyageur : les paysages volcaniques du Guatemala au coucher de soleil, la vue de cette coulée de lave … mais dans quelles conditions ! Je ne le recommande pas à tout le monde, ou alors si vous le pouvez prenez plutôt un guide privé pour arpenter le volcan. Lacunes de sécurité et dangers de la nature peut être, mais une excursion unique à vivre au Guatemala certainement ! Si vous avez du temps pendant votre voyage, le goût de l’aventure et des paysages à couper le souffle : embarquez-vous sur les pentes du Pacaya, la montagne de feu du Guatemala !




COTÉ PRATIQUE

  • Nous y avons dormi 5 nuits : Hostal El Montanes – Auberge familiale au coeur d’Antigua, propriétaires charmants !
  • Une saison à privilégier : Pour éviter la saison humide préférez notre hiver, de décembre à avril
  • Bon à savoir : Aucun visa n’est requis pour le Guatemala, attention à la taxe de sortie à l’aéroport
  • Un autre article à lire : « TOP 15 : Mes meilleurs souvenirs de voyage » – J’y évoque notamment le volcan Pacaya
  • Étape précédente de ce voyage : « Chichicastenango : Le marché de montagne Maya » – Excursion depuis la ville d’Antigua
  • Étape suivante de ce voyage : Route cahoteuse pour la côte du Pacifique en direction de Monterrico