Me versus the garden


C’est peut être dû à une overdose de chocolat, mais dans un élan d’optimisme béât, je me suis risquée dans le jardin. Il y avait un beau soleil, entre deux averses torrentielles, ça m’a fait délirer. Je ne vois que ça. Parce que d’un coup d’un seul, j’ai décidé de sacrifier à la grande passion anglaise et de jardiner. Si. Avec de vrais plantes, alors que j’arrive à faire crever les fleurs en plastique. Je ne sais pas ce qui m’a pris, vraiment…ça m’inquiète. Prise dans mon élan, je me suis même achetée des accessoires, un sécateur, des jardinières et des gants de protection mauves. Il ne faut pas rigoler non plus, je suis en plein enthousiame horticole d’accord, mais je ne vais pas mettre les mains directement dans la terre. C’est répugnant, il y a des bestioles qui grouillent. Et des vers de terre. Je deteste les vers de terre, ils sont fourbes. La preuve, on ne peut pas faire  la différence entre l’arrière et l’avant du ver…

Comme je suis infichue de planter quoique ce soit novice, j’ai préféré commencer petit, avec l’aide de Marichéri, en achetant deux clématites (c’était marqué dessus : Clematis. Parce que honnêtement, je ne fais pas la différence entre un rosier et une laitue, alors…). Ça a commencé fort, les saletés de plantes ont essayé de s’enfouir à peine sorties du garden center, en profitant d’une rafale de vent pour s’évader de leurs petits pots en plastiques. Ahaha, c’est raté, elles n’ont pas dépassé ma chaussure droite. Elles ont ensuite tenté de se suicider dans le coffre dans la voiture en se pendant avec un sac du supermarché. Je ne veux pas être parano et le prendre personnellement, mais on sentait de suite qu’elles n’avaient pas du tout envie d’être plantée par moi…Ce n’est pas que je me sois vexée, mais bon, j’ai préféré laisser Marichéri s’en occuper finalement, c’était plus prudent. Mais j’ai suivi toutes les opérations, et j’ai mis mes gants mauves par solidarité. 

 Me versus the garden 
Cette première tentative de jardinage étant un échec, je n’en suis pas restée là…vraiment je ne comprends pas ce qui m’arrive. Comme je n’arrive pas à planter des trucs, je me suis dit que j’allais en arracher. Je vais laisser le jardin derrière à Marichéri, je vais m’occuper de celui devant.  J’ai décidé d’attaquer la jungle délirante,  la végétation hargneuse, le massif avec la haie. Notre maison a environ 150 ans, mais pas ce qui pousse là. Ça date au moins du jurassique. Même un jardinier expérimenté (oui, bon j’ai demandé à Marichéri…il réussit à planter des clématites lui, il est donc largement plus qualifié que moi) n’arrive pas à savoir exactement ce qui pousse dans ce massif, tellement c’est fouilli. Il est délimité par la haie de devant, elle même composée d’un joyeux entrelac impénétrable de fourrés divers dont des mûriers (je suis peut-être nulle en jardinage, mais je suis gourmande. Je sais reconnaître des mûres et en faire des tartes). Il y a ensuite une jungle impensable de végétaux non identifiés, avec des fleurs partout en bas. J’ai attaqué tout ça gaillardement au sécateur. Et je peux affirmer sans exagérer que les buissons ont tenté de me tuer. En moins de trois minutes, j’avais disparu dans la masse feuillue, et les mûriers. Mon gant mauve droit était à moitié arraché par une sorte de jonquille géante, probablement carnivore. Du houx Ninja s’est agrippé à mes cheveux, alors qu’un espèce de saule rieur tentait de me faire un croche pied en s’enroulant traîtreusement autour de ma cheville gauche. Je ne me suis pas laisser faire, et j’ai  bataillé à coup de sécateur, en mode derviche tourneur agricole. J’ai finalement réussi à me libérer. Enfin, je me suis affalée par terre, mais j’ai pu sortir du buisson, en rampant à reculons. C’est une bonne chose, ça m’a permis de constater qu’il y avait des pavés en fait à cet endroit du jardin, sous trois tonnes et demi de terre (et oui, il y avait des vers. Beuh). N’écoutant que mon courage, et légèrement agacée aussi par toute cette végétation hargneuse, j’ai attaqué la chose au balai brosse.  J’ai pu dégager une horreur magnifique sculpture (sur la photo), qui disparaissait jusque là sous du lierre. J’ai décidé de la  déplacer pour marquer mon territoire, l’emplacement où je devrais reprendre demain ma bataille contre les fourrés. Je me suis donc flanquée un tour de reins. Aie.

 Je suis couverte de griffures de ronce, j’ai mal au dos, aux épaules, aux bras et à la tête . J’ai des branches de je ne sais quoi irrémédiablement coincés dans les bouclettes. Mais j’ai nettoyé un quart de ce fichu massif. On y voit enfin les fleurs charmantes plantées par de précédants propriétaires plus doués que moi (en même temps, c’est facile). Je pense qu’on peut raisonnablement dire qu’après cette première rencontre, il y a match nul entre le jardin et moi. Deuxième manche demain. J’y crois. Taïaut.