Thursday Thunder: are you French?


Je dois bien avouer que je ne suis pas du tout énervée aujourd’hui, c’est l’effet vacances sans enfant. Je suis reposée, primesautière, ravie, bref toute joyeuse. C’est inhabituel chez moi. Du coup, je me suis dit que j’allais bien retrouver un coup de colère quelconque dans les archives du blog. Ahaha. Il y en a beaucoup. Et comme on a eu la surprise de croiser un éboueur français ce matin (et très gentil en plus, lui) ici, au fin fond du Somerset, je vais reparler des relations colorées qu’on entrentient entre expats. Parce que forcement, on trouve de tout. Je ne parle pas des touristes, ni des hordes d’ados dégénérés qui ne font rien qu’à tout critiquer avec des rires de dindes asthmatiques au lieu d’admirer les thermes romains, petits cons béotiens. La prochaine fois, ils feront attention à ne pas bramer leurs traits humours acneiques comme des veaux, parce que j’ai peut être l’air d’une anglaise, mais je sais encore répondre en français : ta gueule, le Schtroumpf décérébré. Mais je m’égare. 

 Thursday Thunder: are you French? 

Il y a beaucoup de français à Londres, entre 300 et 400 milles selon l’ambassade, deux fois plus selon les statistiques britanniques, mais dans les petites villes, on est forcément moins nombreux. Et on ne peut pas s’empêcher de se retourner dès qu’on entend parler français dans la rue, au supermarché, chez le dentiste… Vous croyez distinguer un mot de français dans votre dos, et vous êtes prise d’une envie irrésistible d’accoster de parfaits inconnus et de lancer un retentissant «bonjour, are you French too? » C’est un classique dans la vie des expats, on ne peut pas y échapper.

Ça marche dans l’autre sens aussi, vous ne savez jamais quand quelqu’un vous tapotera sur l’épaule, avec un grand sourire, parce qu’il ou elle a reconnu un compatriote. Vous étiez tranquillement en train de jurer comme un charretier en français, mais avec un sourire poli en pensant que personne ne comprenait, à la caisse parce que cette imbécile devant n’est pas fichue de compter sa monnaie et que vous êtes déjà en retard….Vous consoliez votre fille, dans la cour de recréation, toujours avec un sourire poli à la ronde, en lui expliquant en français, que la petite peste qui l’a poussée, sans que sa mère ne réagisse, trop occupée à se recoiffer la choucroute, n’est qu’une sale gosse…..Vous encouragiez gentiment votre petit dernier à mettre un bazar monstrueux dans la salle d’attente du docteur, pour passer plus vite, (ça fait deux heures que vous attendez pour un renouvellement d’ordonnance automatique), tout en assurant en anglais, autour de vous, que vraiment , vous ne comprenez pas ce qui lui arrive aujourd’hui ( I am so sorry, vas-y renverse les legos, Oh, dear! )…et hop, « bonjouuuuur! Are you french too? »
Une fois établie que nous sommes French too, ( et après avoir ramassé les legos) s’ensuit un échange passionné. Il faut traiter obligatoirement les questions suivantes:
-vous êtes là depuis longtemps?

-vous venez d’où? (J’ai fait d’énormes progrès en géographie française depuis que je suis expat)

-vous pensez rentrer en France un jour?

-on peut se tutoyer?

On se retrouve rapidement à raconter sa vie par le menu à des parfaits inconnnus, sous prétexte qu’on vient de France. Et on devient très rapidement proches, bien plus que si nous étions restés en France. D’où ma mauvaise humeur du jour…parce que malheureusement, venir du même pays n’est pas forcément un gage d’amitié ou de sincérité… Cela dit, grâce à ce merveilleux « Bonjour, you are French too? » , j’ai aussi rencontré des gens formidables et qui sont de vrais amis (coucou M. et Tata F ! ). Mais il y en a d’autres que j’évite maintenant comme la peste bubonique. C’est d’ailleurs réciproque, et ce ne me vexe absolument pas plus. C’est extrêmement gênant, car les anglais s’imaginent qu’entre français, on doit forcément s’entendre, et donc ne peuvent pas s’empêcher de nous présenter des gens qu’on connaît très bien et qu’on ignore non pas par timidité, mais parce qu’on les trouve aussi sympathiques qu’un oursin hargneux et porteur de la rage. Je ne veux pas généraliser (ça se serait…est-ce que j’ai déjà fait preuve de mauvaise foi? Oui, bon ce n’est pas le propos…) mais ce sont les expats qui ne sont pas intégrés du tout, parcequ’ils ne le veulent pas, ceux qui critiquent toujours l’Angleterre et ne sont jamais contents parce que tout est tellement mieux  en France y compris la marmelade, les chapeaux melons et les scones avec qui j’ai du mal. Mais retrouvez-y en France, ça ira mieux pour tout le monde! Cela dit, je suis sûre qu’en vacances en France justement,  ils se plaignent parce que tout est moins bien qu’en Angleterre…Bref, des ronchons professionnels. Ce n’est pas parce qu’on partage le même passeport qu’on a des choses à ce dire.