Thursday Thunder: working period

Publié le 03 mars 2016 par Pomdepin @pom2pin

Une colère du jeudi un peu spéciale, j’ai beaucoup hésité avant d’en parler et encore plus avant de publier, ça peut être mal compris…Attention, ça va saigner, littéralement. Une entreprise à Bristol a décidé d’une nouvelle politique des ressources humaines pétaradante, concernant les règles. Je veux dire celles des femmes tous les mois, si. Parce que c’est évident, c’est à l’entreprise de se mêler de ce genre de chose. Alors donc, la directrice explique gentiment (article en anglais ici) que pour promouvoir un environnement sain et joyeux, tout en améliorant la productivité,  les femmes seront invitées à ne pas venir travailler quand elle ont leurs règles,  pendant leur « période hivernale » . Il parait que de toute façon, elles sont beaucoup moins efficaces à ce moment là, alors que leur créativité explose juste après les règles, pendant la « période printanière ». Rien que ce vocabulaire de Bisounours post soixantehuitard me tape sur les nerfs. C’est quoi cette histoire de saison? 

  
Toujours d’après cette directrice attentionnée, il faut aller au delà des règles (comme Buzz Lightyear, to infinity and beyond), parce que c’est quelque chose de naturel. On est bien d’accord, alors pourquoi en parler en utilisant un charabia débile? Je cite toujours:  Pendant la période hivernale, la femme doit se recentrer sur elle-même, rester au chaud et nourrir son corps et son esprit…non mais, ça va pas mieux?  Il faut arrêter de fumer ses tampons, c’est plein de produits toxiques ces trucs-là. Rassurez-vous, pour les cyniques obtuses comme moi, il y aura une conférence d’une psychologue pour apprendre comment améliorer son bien-être spirituel pendant les règles. WTF? Déjà en temps normal, je  ne supporte pas qu’on me parle comme ça et qu’on se mêle de mes affaires, alors si ça tombe pendant mes règles, je risque carrément de mordre.  Les femmes seront encouragées à célèbrer leurs règles sur leur lieu de travail et à en parler avec leurs collègues. Youpidoo….et après on fait un feu de camps à côté de la machine à café et on tresse des fromages de chèvre avec les orteils ? J’avais déjà du mal à dire bonjour poliment à certaines collègues un chouïa crispantes, il ne me serait pas venu à l’idée de leur parler de mes règles! 

Attention, les règles douleureuses, je connais. Avant d’avoir des enfants, il m’arrivait même d’en tomber dans les pommes tellement je les célébrais (dont une fois en terrasse d’un restaurant, je me suis affalée avec grâce directement sur la table d’un couple de touristes americains, qui ont failli en faire une attaque). Je manquais effectivement le lycée pratiquement une fois par mois. Mais je me soigne et j’ai appris à gérer.  Comme le disent beaucoup de femmes dans les commentaires de l’article,  on prend sur soi, merci et on n’a surtout pas besoin que notre employeur s’en mêle. Je suis tout à fait d’accord pour faciliter la vie de celles qui ont vraiment un problème. Il est scandaleux qu’elles ne puissent pas prendre un jour maladie si besoin. Mais justement, elles le peuvent déjà, comme tout le monde. Et je trouve ça insultant pour elles de toutes nous mettre dans le même panier. Comme si les douleurs atroces de certaines étaient comparables à la légère gêne des autres. C’est ridicule, à lire l’article on a l’impression qu’être une femme et donc avoir ses règles, c’est une maladie ou un handicap et qu’on ne peut pas avoir une vie professionnelle normale à cause de ça. 

Le pire, c’est qu’au-delà du vocabulaire mystico-délirant, les intentions de cette dame sont sûrement très bonnes et motivées par une certaine forme de féminisme. Mais je trouve que c’est totalement perverti. Amenager le temps de travail pour celles qui en ont vraiment besoin c’est bien,  mais là , nous réduire à de pauvres petites choses fragiles que la société doit protéger au moins une fois par mois, je ne suis pas sûre  que ça  fasse  avancer le droit des femmes dans le bon sens. Encore un peu, et elle va nous dire qu’on est impure pendant les règles! Sérieusement, j’ai l’air d’une petite chose fragile? Non mais.