Ipoh : La belle coloniale oubliée ceinturée de falaises

Publié le 19 février 2016 par Franck Laboue

Multiculturelle, étonnante, fascinante : la Malaisie est mon pays fétiche en Asie ! Il y a quelque temps je vous parlais de l’étonnante ville de Kuala Kangsar, capitale royale de l’État du Pérak, aujourd’hui c’est une autre cité du Pérak que j’aimerais vous faire découvrir ! Ipoh est une des plus grandes villes de Malaisie … et elle est très souvent laissée de côté par les voyageurs. Cette ville m’a vraiment étonné, je n’y attendais à vrai dire pas grand chose, mais son architecture et son histoire m’ont vraiment surpris ! Suivez-moi on part à la découverte d’Ipoh : la méconnue de Malaisie !

C’EST PAR OU ?

Capitale administrative de l’état du Pérak, Ipoh se situe environ 200 km au nord de Kuala Lumpur, à mi-chemin entre la capitale et Georgetown au nord du pays. À vrai dire Ipoh est très rarement placé sur les itinéraires touristiques, mais vous aurez maintes fois l’occasion de vous y arrêter ! En effet, si vous vous déplacez par bus ou transport privatif depuis le sud du pays, Ipoh est quasi obligatoirement sur votre route, alors pourquoi ne pas en profiter ? La quatrième plus grande ville de Malaisie avec plus de 600 000 habitants est une ville carrefour entre la côte et le coeur montagneux du pays. Depuis Ipoh vous pouvez rejoindre en bus les fabuleuses « Cameron Highlands » ou encore Penang et Georgetown la belle coloniale. Pourquoi j’y suis allé alors ? En partant des Cameron Highlands, la route est longue pour atteindre l’île de Penang, en faisant des recherches je me suis intéressé à l’état du Pérak que nous allions traverser. J’avais repéré alors deux arrêts intéressants : Kuala Kangsar & Ipoh, à mi-chemin ! Vous commencez à connaître ma curiosité compulsive et ma passion pour les villes coloniales : Ipoh m’appelait, il fallait s’arrêter ! (Note : il y a un aéroport qui relie la ville aux principales villes du pays, mais il reste moins pratique que celui de Penang).

UNE VILLE CHAMPIGNON

Petite ville assoupie au bord de la rivière Kinta, Ipoh s’est développée rapidement à l’arrivée des Britanniques. Au milieu du 19ème siècle, l’exploitation du fer et de l’étain dans les gisements alentours firent de Ipoh une véritable ville champignon. La ville s’enrichit et devint une des trois grandes cités coloniales de Malaisie, après l’occupation japonaise pendant la seconde guerre mondiale, l’exploitation minière est en déclin, et Ipoh avec elle. La ville ne s’en remettra jamais … c’est ce qui a permis aujourd’hui de préserver ses bâtiments d’époque au contraire de villes comme Kuala Lumpur ou Singapour, grignotées par l’immobilier.

SAM POH TONG TEMPLE

Mon premier contact avec Ipoh : les imposantes falaises calcaires qui entourent la ville ! Arrivant des « Cameron Highlands », la route descend en lacets jusqu’aux falaises d’Ipoh, immenses formations qui remplissent l’horizon. Mais qu’est ce qu’il y a de si intéressant dans ces fameuses falaises ? Eh bien, un peu comme à Kuala Lumpur et ses fameuses « Batu Caves », on y retrouve des grottes ou des fidèles ont installé des temples ! Ces temples situés à 5km au sud de la ville sont les plus anciens temples bouddhistes du pays. À l’image du pays tout entier, chaque communauté impose son style et transforment les villes en un véritable melting-pot architectural. À Ipoh … c’est bien différent ! Ici la majorité de la population est d’origine chinoise ! Si aux Batu Caves vous trouviez des temples hindous, ici les grottes sont remplies d’images bouddhistes !

A peine descendu du bus, le climat tropical m’assaille, un soleil de plomb et une étouffante chaleur m’écrase … la Malaisie au cœur de la journée est un véritable four et tout votre corps est humide en un rien de temps ! Le temple de Sam Poh Tong est le dernier d’une série de trois temples creusés dans la falaise … et le plus intéressant du tas ! Les grottes auraient été découvertes vers 1890 par un moine chinois, puis aménagées par la suite en lieu de culte, enfin dans les années 1950 les immenses façades colorées y ont été construites. Ce qui va me frapper pendant tout le reste de ma visite c’est l’architecture colorée et surtout très « Kitsch » des temples qui rappelle fortement ses racines chinoises !

À l’entrée l’immense temple coloré en impose, le charme opère. Depuis un petit pont de pierre on observe également un grand bassin de poissons ainsi qu’un jardin de bonsaï. Un panorama coloré, entre falaises, temples multicolores et jardin chatoyant : plutôt inusité !

Une fois passée l’immense portail digne d’un « Chinatown », on accède à la grotte, quelques statues de Bouddha sont disséminées, et des fidèles allument des lampions dans un coin de la grotte.

En parcourant un long tunnel creusé dans la falaise, on accède au joyau caché de ce temple : un sanctuaire disséminé dans une aire ouverte de la grotte ! La lumière de midi perce à travers la falaise et illumine les plantes qui couvrent le temple, rendant l’endroit véritablement serein, et propice à la méditation.

L’architecture de cet autre temple est intéressante, mais on ne peut y rentrer. Ce qui retient le plus l’attention dans ce sanctuaire interne : le bassin aux tortues ! Véritable tradition chinoise, les visiteurs et les fidèles peuvent y relâcher une tortue afin « d’équilibrer son Karma » ;) Ce bassin est immense et le nombre des tortues absolument astronomique !!! La plupart se dorent la carapace au soleil, d’autres d’un certain âge se promènent à l’intérieur du temple …

LES AUTRES TEMPLES

Vient ensuite les deux autres temples, à mon goût beaucoup moins intéressants que Sam Poh Tong. Le temple central, « Nam Thean Tonh », muni d’une imposante façade creusée à même la falaise, propose au visiteur de gravir plus de 200 marches à l’intérieur de la grotte afin d’accéder à un point de vue sur la falaise.

Le portail d’entrée est composé de très nombreuses statues représentants dragons, carpes et autres personnages hauts en couleurs de la mythologie chinoise … attention ça peut brûler votre rétine c’est plutôt violent … ;)

À nouveau on retrouve un immense bassin rempli de carpes et autres tortues, le tout agrémenté de passerelles qui vous permettent de vous promener.

À la sortie du temple un agréable petit jardin a été aménagé, je n’en profite pas : il fait trop lourd ! Même les fleurs semblent souffrir de l’humidité et la moiteur de l’air : un vrai supplice !

Le dernier temple « Ling Sen Tong » clôture la visite. Là pour le coup c’était comment dire … étrange ! Une fois passé le petit portail coloré, on se retrouve devant une collection impressionnante de diverses statues. Toute la court est remplie de ces gravures et leurs couleurs tirant sur le fluo, digne de personnages tout droit sortis de Dragonball Z … on se croirait presque dans un mauvais parc d’attraction pour enfant :( Euh non je ne suis pas rentré … je sais tu es déçu cher lecteur:) (Si vous voulez compléter la visite il existe d’autres grottes moins connues aux alentours, notamment Perak Tong, agrémenté de dizaines de statues de Bouddha).

MAGNIFIQUE ARCHITECTURE COLONIALE

Mon plus grand regret à Ipoh ? Ne pas y avoir consacré assez de temps !!! Si j’avais su que l’architecture y était si belle, j’aurai consacré plus de temps à cette ville surprenante ! Une fois au coeur de cette grande ville, on découvre sur le square principal les imposants bâtiments coloniaux britanniques. Ipoh fut un des grands centres administratif pendant le règne colonial anglais, à ce titre elle fut gratifiée d’impressionnantes structures ! Le centre ville est parsemé de petites échoppes d’avant-guerre, typiques des communautés chinoises … on y retrouve aussi de plus en plus de « Street-Art » comme à Miami, malheureusement : je n’ai pas eu le plaisir de m’y promener ! Premier bâtiment de ce square : la grande mairie de style néo-classique. Un magnifique bâtiment d’un blanc immaculé, d’une grandeur surprenante !

Le joyau d’Ipoh : c’est la grande gare centrale ! Un bâtiment majestueux qui trône au bout de la grande artère principale de la ville, les locaux l’appellent affectueusement « Taj Mahal of Ipoh » ! La gare d’Ipoh faisait partie du réseau des trois grandes gares construites sur la péninsule par les britanniques : la grande gare de Kuala Lumpur (à ne pas manquer si vous visitez la capitale : un chef-d’oeuvre !), la gare Tanjong Pagar de Singapour, et enfin la gare d’Ipoh pour le nord du pays.

Inaugurée en 1917 d’après les plans d’Arthur Benison Hubback, la gare comporta également en son sein un hôtel appelé le Majestic. L’influence architecturale des Indes-Britanniques est claire, et comme de nombreux bâtiments coloniaux en Malaisie, la gare d’Ipoh fut construite dans un style dit « Néo-mauresque » avec également des éléments d’architecture baroque pour sa façade. Après des travaux de rénovation en 2000, la gare est encore aujourd’hui opérationnelle, n’hésitez pas d’aller la visiter !

Dans une rue parallèle se trouve l’institut St-Michael’s, immense bâtiment colonial qui abrite aujourd’hui une école. La bâtisse sert également pour de nombreux clubs sociaux, pendant la guerre les japonais l’ont utilisée pour en faire leur quartier général dans la région.

Les rues d’Ipoh sont absolument fascinantes, les cinéastes ne se sont pas trompés, et plusieurs films célèbres y ont été tournés, d’ailleurs la municipalité a construit de nombreux studios et souhaitent utiliser leur patrimoine afin de faire revivre la ville au cinéma. « Indochine » y a été tourné, ainsi que plus récemment « Anna et le roi » avec Jodie Foster pour l’utilisation de sa gare.

ON Y VA ?

Pour ma part j’y retournerai ! Ipoh a beaucoup à offrir pour le voyageur curieux, si vous avez du temps pour découvrir la Malaisie en profondeur, prenez une journée pour vous arrêter à Ipoh ainsi qu’à Kuala Kangsar, deux arrêts qui vous feront mieux connaître le Pérak. Sur la route de Penang et des Cameron-Highlands, Ipoh avec ses grottes bouddhistes et son architecture coloniale réserve une belle surprise au visiteur ! La Malaisie est remplie de pépites toutes plus surprenantes les unes que les autres, la ville discrète d’Ipoh, renferme de nombreux trésors d’architecture, faites un arrêt si vous pouvez : moi j’ai adoré !

Connaissez-vous cette ville ? Avez-vous envie de la connaître ?