Rien ne m’attirait particulièrement à Nashville. Comme tout le monde, j’avais déjà entendu parler de cette ville du Tennessee, qualifiée de « music city » ou de « berceau de la country music », mais je n’avais jamais ressenti le désir d’y mettre les pieds avant aujourd’hui. C’est une opportunité professionnelle que nous avons décidé de saisir, sans pour autant déborder d’enthousiasme.
Un congrès à Nashville? Et pourquoi pas! Ce sera l’occasion de découvrir un nouveau coin de pays qui ne figure pas dans nos intentions de voyages…
Pourquoi Nashville?
Pour comprendre cet enthousiasme mitigé, il faut savoir que le congrès en question se tient annuellement, pendant le mois de février, en alternance entre la Californie, la Floride et le Tennessee. Nous avions profité de l’occasion, en 2013, pour découvrir San Diego en amoureux et savourer un week-end de vacances sur l’île de Coronado.
L’an dernier, c’est la Floride en famille qui était au programme, mais mon conjoint y est finalement allé seul en raison de la naissance prématurée de notre petite dernière et de mes craintes, dans les mois qui ont suivi, de voyager avec elle à l’étranger. Donc, cette année, je me suis dit intérieurement :
Pas de chance, c’est le tour du Tennessee!…
Soyons honnêtes, le climat du Tennessee est beaucoup moins attirant que celui de la Californie ou de la Floride pour des Québécois en manque de chaleur. On oublie le bikini et on prévoit plusieurs couches de vêtements, car même si on gagne quelques degrés, l’humidité est ici hallucinante. Si on laisse de côté le climat, la deuxième question qui se pose est : « Que faire à Nashville quand on est pas un grand fan de musique country? ». J’ai essayé de me renseigner sur le sujet, en posant la question sur la Page Facebook et les comptes Twitter et Instagram du blogue. Résultat : Silence radio. La plupart des abonnés m’ont souhaité « bon voyage! », mais personne n’avait une expérience à me partager sur cette destination (ce qui est plutôt rare!). Pire, impossible de trouver un guide de voyage digne de ce nom dans les librairies où j’ai l’habitude de dénicher le nécessaire pour planifier nos aventures à l’étranger. Tant pis. Nous sommes partis sans véritablement connaître le potentiel touristique de cette destination, avec des attentes peu élevées concernant notre séjour.
En route vers Nashville…
On pourrait croire que se rendre à Nashville à partir du Québec est une bagatelle… Et pourtant, ce n’est pas le cas. Après 200 kilomètres de route pour rejoindre l’aéroport de Québec, nous avons pris un premier vol en direction de New York. Une fois à New York, nous avons enchaîné avec un vol pour Atlanta, pour finalement arriver à notre destination finale : Nashville. Notre cocotte de 16 mois n’a pas fermé l’œil du voyage, multipliant les contorsions physiques pour faire des « coucou » aux nombreux passagers. Lors de chaque escale, elle a arpenté la salle d’embarquement de long en large, heureuse de nous regarder courir derrière elle. C’est au moment d’atterrir à Nashville qu’elle s’est endormie (elle a le sens du timing cette petite!).
Notre arrivée à Nashville…
Trop contents d’être arrivés à destination, nous avons récupéré nos bagages rapidement pour nous diriger vers un taxi.
Le préposé au taxi : Vous avez un siège d’auto pour votre bébé?
Nous : Non. Nous en avons besoin même dans le taxi? [petite voix intérieure : Zut, voilà qu’il faut acheter un siège d’auto pour nous rendre à l’hôtel…]
Le préposé au taxi : Non, pas en ville. Vous pouvez circuler en taxi sans siège de bébé [le gars est hilare, comme si c’était l’évidence même]. Mais pour quitter l’aéroport, c’est nécessaire [il reprend son sérieux, l’air solennel].
Bon… On vient de sortir de trois vols où nous n’avons reçu aucune consigne de sécurité pour notre bébé en cas de turbulence, mais le siège d’auto est indispensable pour quitter l’aéroport. Mais seulement le quitter, après il n’y a aucun problème pour s’en passer… Normal quoi! On ne se formalise pas de ce manque de congruence. Il fait froid et le gentil préposé nous propose de nous mettre sous la lampe chauffante le temps de trouver un siège pour notre fille qui, de son côté, commence à crier haut et fort qu’elle n’a pas eu sa dose de sommeil de la journée. On nous trouve rapidement une voiture bien équipée dans laquelle nous entrons précipitamment. Fort sympathique, le chauffeur est originaire de Milan. Nous parlons avec lui de notre séjour dans sa ville natale que nous avons adorée, pour ensuite lui demander ce qu’il y a à faire à Nashville.
Le chauffeur de taxi : Vous aimez la musique country?
Nous : Pas vraiment [un peu gênés de faire cet aveu en mettant les pieds à Nashville].
Le chauffeur de taxi : Moi non plus. À vrai dire, il n’y a pas énormément de choses à faire si vous n’aimez pas le country. Allez au musée et promenez-vous dans le centre-ville.
Voilà qui me confirme mon sentiment de départ : il n’y aura pas beaucoup de choses à faire dans cette ville…
Juste au moment où le taxi s’est arrêté devant notre hôtel, notre fille, qui avait été étrangement sage et silencieuse pendant le trajet, a commencé à vomir le contenu entier de son estomac à grands jets dans toutes les directions. C’est bien honteux que nous avons quitté le chauffeur de taxi, en lui donnant en pourboire tout l’argent liquide que nous avions sur nous en devise américaine… Pour finalement pénétrer dans le luxueux hall d’entrée de l’Omni Nashville Hotel, couverts de vomi. Avec notre fille qui hurlait, nous pouvions difficilement passer incognito… Même sans elle, nous n’étions pas vraiment au diapason avec ce lieu, où le brushing bouffant des dames s’harmonisait parfaitement aux chapeaux de cow-boy des messieurs…
Mais qu’est-ce qu’on fait ici?…
48 heures plus tard…
Après une bonne nuit de sommeil réparateur, nous sommes partis à la découverte de Nashville, une ville que nous avons pris plaisir à explorer au cours des dernières 48 heures… Moi qui croyais que la musique country se résumait à Dolly Parton et à Elvis sur le déclin, j’ai bien dû me rendre à l’évidence :
Je ne connais rien à cette musique, alors pas étonnant que je ne l’aime pas!
J’ai eu l’occasion de parfaire mes connaissances sur le sujet depuis mon arrivée à Nashville. Ma fille adore dormir dans les musées, alors nous avons décidé de les visiter tranquillement, sans nous presser. Après avoir visité le Country Music Hall of Fame et le Johnny Cash Museum, je dois dire que mon regard sur la country musique a complètement changé. J’y reviendrai d’ailleurs dans un prochain billet…
Mais le plus important, à Nashville, c’est l’ambiance et l’énergie que la ville dégage. Les gens sont gentils et accueillants et la musique est omniprésente peu importe le lieu, que ce soit dans la rue ou dans les pubs qui jalonnent Broadway Street. Ici, la musique n’a pas d’âge, de classe sociale ou de sexe. Enfants, hommes, femmes et aînés se rassemblent dans les mêmes lieux pour vivre leur amour du country tous ensemble. À Nashville, la musique est accessible à tous. Et, à mes yeux, ce simple constat justifie amplement de s’y attarder, que l’on soit ou non amateur de country musique.