L'une des choses qui m'intéressaient le plus à Bristol est sa relation étroite avec le street art. Si j'en apprécie l'esthétisme, ma connaissance de ce mouvement artistique, de son histoire ou même des techniques employées reste assez parcellaire. Alors quoi de mieux que d'être dans la ville natale de Banksy pour en apprendre un peu plus ? Après de brèves recherches, nous avons appris qu'il existait un "street art tour" organisé par Where the Wall. D'une durée de deux heures, il est proposé plusieurs fois par mois (habituellement les samedis et dimanches) et promet une immersion dans la culture du street art et du graffiti. Il n'en fallait pas plus pour que nous réservions nos places.Le tour commence par le Naked Man de Banksy, en face du City Hall, du côté de College Green (et malheureusement vandalisé, comme en témoignent les taches bleues). Une localisation hautement symbolique quand on sait que la municipalité a longtemps lutté contre le street art... avant finalement de le tolérer et allant même jusqu'à inviter dorénavant des artistes du monde entier pour donner un coup de neuf à certains quartiers. Un emplacement stratégique et un sujet qui marque : les deux éléments indispensables pour qu'une œuvre fasse parler d'elle. Cette appropriation du street art par la ville est particulièrement notable sur Nelson Street, une rue autrefois banale et qui a vu sa côte grimper en flèche depuis que les street artists l'ont redécorée à leur manière, dans des styles très différents mais qui cohabitent parfaitement. Ces immenses fresques peintes sur les façades des bâtiments sont vraiment impressionnantes, et leur réalisation encore plus. Certaines ont été faites au pochoir (je vous laisse imaginer le nombre nécessaire et la taille desdits pochoirs...), d'autres avec projection du motif grandeur nature...Cette multitude de techniques que l'on retrouve sous l'appellation de street art se retrouve parfaitement illustrée dans Leonard Lane, une petite allée qui passe complètement inaperçue et qui offre un panel incroyable d’œuvres : pochoirs, mosaïques, bronze, graffiti... Vous ne saurez plus où donner de la tête ! C'est aussi ça le grand atout de cette balade guidée : avoir un bel aperçu de la ville et se perdre dans des endroits où on n'aurait jamais l'idée d'aller ! Un petit conseil, si ce tour vous intéresse, essayez plutôt de le prévoir en début de séjour. Cela vous permettra à la fois de faire un premier repérage de Bristol mais surtout d'éviter de revenir dans des coins où vous seriez déjà allés les jours précédents.À droite, un exemple de street art "inversé" : la pollution des murs est nettoyée pour faire apparaître les dessins... Ingénieux !Le tour se termine dans le quartier de Stokes Croft, haut lieu du street art dans Bristol, avec Southville et Bedminster. C'est une explosion de style, de couleurs, de motifs et d'inventivité... Une vraie galerie à ciel ouvert. Même si on en trouve de nombreux exemples disséminés dans toute la ville, c'est véritablement ici que le street art à Bristol s'exprime pleinement. Il faut se perdre dans les rues alentour, pousser jusqu'à Saint Pauls si vous avez le temps après le tour, pour s'émerveiller de l'incroyable diversité et dynamisme de cet art populaire en constant changement. Car la règle tacite, c'est que bien évidemment tout est éphémère et qu'on ne sait jamais où apparaîtra une nouvelle œuvre ou où une autre disparaîtra, recouverte ou englobée dans quelque chose de nouveau. Bristol change ainsi de visage chaque jour et cette balade guidée permet de s'en faire une idée : l'itinéraire évolue, les œuvres commentées ne sont jamais les mêmes et certains chanceux auront même la possibilité de voir des artistes à l'œuvre. Histoire de boucler la boucle, la dernière œuvre présentée est The Mild Mild West de Banksy. Deux heures plus tard, la promesse est tenue : nous quittons notre guide la tête pleine d'anecdotes sur le relation tumultueuse entre Bristol et le street art, le dynamisme de la scène locale et une multitude d'autres informations. Nous en avons ensuite profité pour continuer à explorer ce quartier très dynamique, qui propose la plus forte concentration de commerçants indépendants de la ville : l'énorme "Think Local, Boycott Tesco" résume parfaitement l'esprit qui règne à Stokes Croft. À lui seul, il mérite bien qu'on lui consacre plusieurs heures, même s'il me semble être une gageure de penser qu'on pourra tout voir. Pour les plus pressés, ou si comme nous le mauvais temps vous empêche de pousser la flânerie bien longtemps, prolongez votre visite le temps de déjeuner dans l'un des nombreux restaurants du quartier. Pour notre part, nous avons finalement opté pour The Canteen. Une ambiance comme à la cantine, des plats qui sortent de l'ordinaire pour des prix raisonnables, une soupe offerte... Et si vous revenez plutôt pour la soirée, des concerts sont proposés presque tous les soirs.Riz noir et calamars : pas tous les jours qu'on croise ça à la carte !The Canteen 80 Stokes Croft Bristol BS1 3QY