Pour ce premier billet un peu plus détaillé sur mon deuxième séjour à Vienne, on quitte la ville (mais rassurez-vous, pas de beaucoup) pour rejoindre les faubourgs nord, direction l'impressionnant site de l'abbaye de Klosterneuburg, dans la ville du même nom. Vieille de neuf siècles, elle fut construite par le saint Leopold III. La légende raconte que, le jour de son mariage, le voile de sa femme Agnès fut emporté par le vent et que Leopold jura de faire construire un monastère à l'emplacement où il le retrouverait (ce qui fut le cas plusieurs années après). Depuis 1194, Klosterneuburg a bien changé, avec des modifications successives dues aux différents empereurs. Il reste l'un des lieux sacrés les plus importants d'Autriche et abrite même le plus ancien domaine viticole du pays.
La Sala Terrena, impressionnante pièce servant autrefois d'antichambre entre les appartements impériaux et les jardins, avec ses gigantesques statues d'Atlantes que l'on doit à Lorenzo Mattielli, sculpteur également à l'origine de certaines œuvres dans la bibliothèque impériale des Habsbourg. Elle ne fut jamais achevée.
Plusieurs circuits de visites guidées ou libres sont proposés toute l'année. Il est possible de visiter librement le musée du trésor mais le tour sacré, le tour impérial ou celui des vignobles doivent se faire accompagnés d'un guide. Les horaires varient suivant le circuit : le tour impérial n'a lieu qu'une fois par jour à 13 h ou 13 h 30 suivant la période de l'année par exemple alors que le tour sacré se fait à chaque heure pleine. Comptez 11 € pour un seul circuit, 17 € pour deux ou plus. À noter que les visites guidées se font généralement en allemand mais que des audioguides sont fournis ; de nombreux cartouches explicatifs sont également disséminés tout au long du parcours. Le site Internet, malheureusement, est assez parcellaire quant à ces informations pratiques.
Ci-dessus à gauche, une représentation idéale de l'abbaye : seule deux des neufs coupoles initialement prévues et un quart du complexe ont été construits. Par ailleurs, on remarque qu'à l'époque le Danube coulait littéralement au pied du bâtiment... alors qu'il se trouve à présent à plus de deux kilomètres.
Pour des commodités d'horaires, c'est donc le tour sacré que j'ai choisi de faire ce jour-là. Il permet notamment de découvrir la somptueuse église baroque du monastère. Si elle fut construite entre 1114 et 1136, c'est aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'eurent lieu les changements les plus importants. Malgré tout, elle garde toujours son plan originel, vieux d'il y a neuf siècles, avec ses trois nefs. Regardez ces ors et ces stucs ! On aperçoit d'ailleurs au plafond l'évolution de style, avec une disparition progressive de l'usage très chargé de stucs pour tendre vers une quasi-omniprésence des fresques, comme dans la coupole, caractéristique du baroque tardif. Attention aux torticolis !
L'orgue, avec ses 2 000 tuyaux de zinc et ses 35 registres.
On rejoint ensuite le cloître gothique, construit plus tardivement (entre 1250 et 1350) sur le modèle des cloîtres cisterciens français . Il entoure un jardin, censé représenter le paradis, que l'on aperçoit furtivement à la faveur d'une fenêtre ouverte.
Ce chandelier à sept branches en bronze fut réalisé au XIIe siècle à Vérone et fait partie du mobilier originel de l'abbatial. Situé à présent dans la salle abritant le puits (construite tardivement au XIVe siècle après un terrible incendie ayant nécessité la reconstruction partielle du cloître), il représente le buisson autour duquel, dans la légende, le voile d'Agnès s'était enroulé.
Les deux tours de l'église furent construites au XIXe siècle, dans un style néo-gothique.
L'un des points d'orgue de la visite (même si j'ai bien plus été impressionnée par l'église), c'est l'autel de Verdun, qui doit son nom à son créateur, Nicolas de Verdun. Il fut achevé en 1181, après dix ans de travail. Sur le devant sont représentées des scènes de l'Ancien (avant la loi donnée à Moïse sur la ligne supérieure et après la loi pour la ligne inférieure) et Nouveau Testament (au centre). Précédemment disposé sur une chaire, il fut sauvé in extremis du terrible incendie du XIVe siècle et six panneaux furent ajoutés ultérieurement pour se conformer à sa nouvelle configuration en retable à trois volets. Au dos sont représentés des épisodes-clé de la vie de Jésus, de la crucifixion à la résurrection.
Sur le devant de l'autel repose la tête de Léopold, habituellement conservée dans la salle du trésor. Le saint est enterré sous l'autel et ses reliques dans la châsse au-dessus.
Détail de l'Autel de Verdun, avec ses panneaux réalisés en émail.
On rencontre également d'autres trésors durant cette visite : tableaux, vitraux, incunables ou encore des statues du Christ et ses apôtres datant du XIVe siècle.
Au bout d'un peu plus d'une heure, la visite s'achève déjà et il est temps de rentrer... De par son emplacement, l'abbaye de Klosterneuburg s'avère être une escapade parfaite le temps d'une demi-journée... ou même d'une journée complète, si vous souhaitez enchaîner les visites (ce qui peut être judicieux vu le prix du billet). Je n'ai malheureusement pas pris le temps de visiter un peu la ville mais je sais que je reviendrais avec plaisir, pour découvrir les autres aspects du complexe.
Abbaye de KlosterneuburgStiftsplatz 1 A-3400 KlosterneuburgAutricheAccès : S-40 arrêt Klosterneuburg-Kierling, toutes les demi-heures depuis Spittelau ou Heiligenstadt (zone 2 – coût du billet : 4.40 € l'aller). Plusieurs bus s'y rendent également.