Quand on pense à Avignon, les premières images qui nous viennent en tête sont le célèbre pont (merci la chanson) ainsi que le palais où résidèrent les papes avignonnais. Certes, ce sont deux passages incontournables pour mieux comprendre l'histoire de la ville mais ce serait dommage de réduire le patrimoine et la riche histoire d'Avignon à ces deux seuls monuments. La ville regorge de musées, sur des thématiques très variées et pour tous les budgets. D'ailleurs, il existe un pass très malin qui permet de faire un grand nombre de visites sans (trop) se ruiner : on paye plein tarif pour la première et les suivantes sont à un tarif préférentiel. Valable quinze jours, il inclut également les monuments à Villeneuve-lès-Avignon et se récupère à l'office du tourisme et dans les principaux musées de la ville.
Le Palais des Papes
On commence avec le must-see d'Avignon : le Palais des Papes. Véritable chef-d'œuvre de l'art gothique, mélange étonnant de forteresse et de palais résidentiel, il est bâti sur le rocher des Doms et, s'il fut construit en plusieurs étapes au XIVe siècle, il ne fallut guère plus d'une vingtaine d'années pour que le complexe sorte de terre. Neuf papes s'y succédèrent lorsque le siège de la Chrétienté quitta Rome puis durant le Grand Schisme d'Occident au tournant du XVe siècle. Une fois la papauté établie de nouveau en Italie, il continua d'être occupé par des représentants pontificaux, jusqu'à la Révolution française. S'ensuivit le déclin habituel consécutif à cette période de trouble : le palais devint au XIXe siècle une caserne militaire ainsi qu'une prison. Ce changement de fonction entraîna de nombreuses dégradations (statues brisées, nouvelles ouvertures percées n'importe où, fresques recouvertes, etc.) qui, conjuguées aux affres du temps, laissèrent le bâtiment dans un triste état. Il fallut attendre que le monument revienne entre les mains de la ville au début du XXe siècle pour que commencent les travaux de restauration et de réhabilitation.
Le complexe est gigantesque : le parcours nous fait découvrir 25 salles mais ce n'est qu'une infime fraction du palais. On traverse le palais vieux (édifié par Benoît XII) puis le palais neuf (œuvre de Clément VI), on visite tour à tour les cuisines, les salles d'audience et d'apparat, les appartements privés du pape avec leurs fresques murales sublimes... C'est l'occasion d'en apprendre plus sur les différentes étapes de construction du palais, l'exercice du pouvoir spirituel et temporel de la papauté mais aussi d'être témoin du rayonnement d'Avignon à cette époque. Une visite riche et dense, ponctuée de nombreux films et de panneaux informatifs très détaillés (pour ceux qui ne souhaiteraient pas prendre l'audioguide – en supplément) : il faut bien compter entre une à deux heures pour en faire le tour, suivant votre attention aux nombreuses explications disséminées ici et là. La seule chose que l'on pourra regretter, c'est le dénuement des pièces. Très peu de mobilier habille en effet des salles parfois gigantesques. Déambuler dans un édifice aussi grand mais complètement vide est assez étrange et n'en accentue qu'encore plus ses proportions démesurées.
Lors de ma visite, une exposition temporaire (qui s'achève en décembre 2015) sur les travaux de restauration complétait le circuit. Dans de nombreuses pièces, des photos avant/après impressionnantes montrent l'étendue des dégâts mais également les chantiers pharaoniques nécessaires pour redonner au palais son lustre d'antan. De nombreuses explications accompagnent les clichés, sur les techniques utilisées ou la méthode employée pour orienter les décisions de reconstruction. Tout au long de l'année, de nombreux événements sont organisés au sein du Palais des Papes : expositions temporaires, donc, mais également ateliers, visites alternatives et bien sûr des représentations théâtrales durant le festival d'Avignon en juillet.
L'une des fresques survivantes, signées Matteo Giovannetti.
Palais des Papes
Place du Palais
84000 Avignon
Possibilité de billet combiné avec le pont Saint-Bénézet (valable 48 h)
Le pont Saint-Bénézet
Situé en contrebas du rocher des Doms, sur les berges du Rhône, le pont Saint-Bénézet, aussi connu sous le nom de pont d'Avignon, est une prouesse architecturale. Il n'est pas aisé de le remarquer, maintenant qu'il ne reste qu'une poignée d'arches (seulement 4 sur les 22 qu'il comptait à son apogée) encore debout et les changements de lit du fleuve au fil des siècles, mais son édification au XIIe siècle a mis en échec de nombreux chercheurs... Ses mystères sont désormais levés et les résultats des missions de recherche interdisciplinaires débutées en 2010 sont visibles durant la visite du pont : on le voit ainsi reconstitué à différentes époques, accompagné des explications sur les techniques de construction.
Le pont Saint-Bénézet tient son nom d'un jeune berger, Benoît (Bénezet en provençal), qui reçut de Dieu l'injonction de construire un pont en Avignon. La légende raconte que, mis au défi par le prélat de la ville de jeter une énorme pierre dans le Rhône, le jeune homme n'hésita pas un instant et accompli la tâche, aidé par la grâce divine. Situé à un emplacement stratégique, reliant les deux berges du Rhône (le royaume de France d'un côté et l'état pontifical de l'autre), le pont fut un chantier permanent, durant de nombreux siècles : long d'environ 900 mètres et empruntant un trajet sinueux, il est mis en doute qu'il fut un jour achevé en pierre dans sa totalité. Le Rhône était impétueux à cette époque, les crues nombreuses, et l'ouvrage fut mis à mal plus d'une fois, malgré les reconstructions. Il n'était pas rare de devoir emprunter des bacs entre certains tronçons. Au XVIIe siècle, une énième crue emporta un grand nombre de ses arches, ce qui entraîna son abandon.
La visite (l'audioguide est compris dans le prix du billet) permet de revenir sur la légende de Saint-Bénézet, l'édification du pont et notamment de la chapelle dédiée au saint mais également de connaître une bonne fois pour toutes l'origine de la chanson qui rendit mondialement connu le pont. Le parcours est assez court (pas plus de trois quarts d'heure) mais c'est aussi l'occasion d'avoir un joli point de vue sur le Rhône ainsi que sur la cité épiscopale.
Pont Saint-BénézetBoulevard de la Ligne84000 Avignon
Le musée Louis Vouland
Parmi les nombreux musées que comprend la ville, mon choix s'était porté sur le musée Louis Vouland. Situé en bordure de la ville intra-muros, il prend place dans un ancien hôtel particulier du XIXe siècle, ancienne propriété de Louis Vouland, industriel avignonnais. Ce sont les objets de cet amateur d'art qui sont ainsi présentés, en une impressionnante collection permanente d'arts décoratifs : mobilier, vases, vaisselle, tapisseries mais également de nombreux tableaux d'artistes provençaux du XIXe et XXe siècle.
Au final, on a plus l'impression de déambuler dans la demeure d'un riche propriétaire du début du siècle dernier plutôt que dans un musée. Impression renforcée par la manière très peu pratique d'informer sur le contenu de chaque pièce : un simple cartouche avec toutes les caractéristiques est apposé à chaque entrée et il n'est parfois pas très commode de repérer les informations sur un objet en particulier. Si cela en facilite qu'un peu plus l'immersion, on pourra regretter le manque de mise en valeur de certaines œuvres particulières, comme un délicat coffret de voyage ou l'impressionnant lit à baldaquin chinois.
Musée Louis Vouland17 rue Victor Hugo84000 Avignon
Le palais du Roure
Pour terminer, une visite entièrement gratuite, à deux pas de la place de l'Horloge : le palais du Roure. De demeure gothique, construite au XVe siècle par les Baroncelli, elle fut transformée en hôtel particulier aux XVIIe et XVIIIe siècle et devint au XIXe siècle un des foyers du félibrige (mouvement pour la renaissance de la culture provençale). Vendu par la famille, il subit d'importants préjudices mais est racheté par Jeanne de Flandreysy, qui le restaure et le transforme en un lieu dédié à la culture méditerranéenne avant d'en faire don à la ville.
Quelques pièces sont en visite libre mais des visites guidées sont également organisées les mardis et samedis, permettant d'accéder à d'autres pièces du palais. Au-delà de découvrir l'une des plus belles demeures d'Avignon, on peut y admirer des objets d'art divers (mobilier provençal, peintures, etc.), l'importante collection de cloches de Jeanne de Flandreysy ainsi que des souvenirs de personnalités importantes de Provence.
Palais du Roure3 rue Collège du Roure84000 Avignon