Anne Herzog : pour l’amour des volcans

Publié le 30 janvier 2016 par Vivreenislande @vivreenislande

Anne Herzog est une française qui vivait à New-York avant de s’installer en Islande en 2010. Ce qui ne l’empêche pas de chercher aux quatre coins de la planète de quoi nourrir son violon d’Ingres. Caraïbes, Océan Indien, Europe du Nord… Depuis plusieurs années, cette diplômée de la Sorbonne (en cinéma) et des Beaux-Arts de Nantes voue à l’exploration des volcans et de leur environnement désertique une passion quasi mystique qu’elle s’efforce de retranscrire à travers toiles et documentaires oniriques.

Étonnant cet engouement pour le centre de la terre si cher à Jules !

Anne traque avec obstination le « contact direct avec un autre monde » explique-t-elle. S’agirait-il du sien ? Faut-il y voir une forme de quête introspective ? De ces rencontres élémentaires jaillissent les vibrantes tonalités stendhaliennes de la lave. Du rouge, du noir, parfois l’orange et l’ocre. Et quand les compositions picturales ne suffisent plus, l’image animée, sombre, répétitive, mouvante, leur est substituée.

Anne Herzog expose jusqu’au 31 janvier

Après la Maison Nordique il y a deux ans, c’est dans la petite bâtisse du Musée ASÍ d’art contemporain que s’achèvera très prochainement (en fait demain !) l’exposition d’Anne Herzog. Si vous êtes à Reykjavik, profitez-en !

Pourquoi l’Islande ?
Quelle est votre histoire avec l’île ?

J’aime dessiner, peindre, écrire dans le désert. En Islande, l’hiver, dans le désert, il n’y a personne. Je réalise des peintures sur les volcans. Sommets et chaînes montagneuses sont considérés comme le lieu privilégié où peut s’instaurer le contact direct un autre monde.

Concernant les documentaires, j’utilise le paysage comme un élément sacré, les deserts de lave, le volcan, les formes anthropomorphiques, les mouvements des nuages surprenants autour du volcan… Ce sont des matrices liées à un imaginaire violent et hors du monde du réel. Je matérialise par le médium de la caméra des mouvements immatériels comme les tremblements de la terre, l’odeur du souffre, la pression accumulée par la chaleur du volcan, les ondes magnétiques, le contact
d’une île entropique en dehors du monde construite sur de la lave, une mémoire figée fugitive chargée d’énergie.

Mes documentaires n’hésitent pas à incorporer des éléments fictionnels pour faire naître la participation affective du spectateur. Je vais intervenir dans le film en tant qu’observatrice et interlocutrice. Le film s’apparente à un work in progress, à un documentaire sur le documentaire, et plus particulièrement sur l’action de l’artiste dans la circonférence du vortex magmatique.

La caméra à l’épaule, en auto-stop, au sommet du volcan, dans le désert, j’interroge les gens.
Je retrouve une unité entre la fiction et le documentaire, l’imagination et la réalité.

Votre exposition s’intitule « l’île infernale »; de quoi s’agit-il ?

Je présente des dessins et peintures concernant le volcan Snæfellsjokull. Ce sont des dessins à l’encre et des peintures réalisées avec de la cire. J’ai grimpé sur le volcan pour les réaliser.

Certains ont écrit que votre pratique artistique relevait du « Land Art »; partagez-vous cette qualification ?

Mon action sur le volcan relève de la performance.

Parvenez-vous à vivre de votre art ou avez-vous des activités à côté ?

J’étudie à Kennara Haskola à Reykjavik et j’enseigne les arts plastiques et le français.

Quels sont vos projets pour 2016 ?

Je vais exposer dans une galerie à New-York l’été prochain (Studio Vendome), et au musée du volcan à Stykkisolmur.