Voilà, après 4 semaines de périple à travers l’Europe du Nord, nous voici revenus « presque » entiers !
Si vous lisez ceci, vous serez sûrement d’accord si je dis qu’il est toujours intéressant de voyager, quelque soit la destination. Pour une fois que nous n’avions pas choisi un pays « lointain », nous avions un peu peur de ne pas être rassasié « d’ailleurs », de ne pas avoir cette impression de voir vraiment autre chose, mais il n’en a rien été.
Nous avons traversé 10 pays, visité tellement de lieux, goûté beaucoup de spécialités et vu un million de choses, qu’il est difficile de savoir par où commencer… Une chose est certaine, le fil conducteur de cette aventure était l’Europe. Alors une question se pose maintenant que nous sommes rentrés et que nous avons repris nos vies, se sent-on vraiment européen lorsque l’on voyage en Europe ? Cette expérience, loin de nos nombreux « city break » européens nous permet de nous faire une première idée et d’apporter une réponse…
L’Europe, notre pays commun ?
Ce voyage c’était avant tout l’occasion de partir à la découverte de « notre pays ». Pas la France, non, mais l’Europe ! En tant que trentenaires, nous faisons partie de ce que l’on pourrait appeler la génération Schengen. Bien sûr, nous n’oublions pas notre beau pays, mais nous nous considérons avant tout comme des habitants de l’Union, tout comme un Texan est américain, nous sommes citoyens européens ! Utopique ? Peut-être… car nous avons traversé 10 pays, sans compter la France, et le moins que l’on puisse dire c’est que le sujet ne met pas tout le monde d’accord. L’Allemagne d’abord qui, historiquement, n’a plus rien à prouver quant à son appartenance européenne. puis quelques pays de l’est, qui après des années de dictature communiste, ont trouvé avec l’Union un nouveau souffle, notamment économique. Et enfin les pays scandinaves, relativement méfiants vis à vis de l’UE et qui n’ont pas adhéré à l’€uro (ce qui, pour le voyageur, est quand même un peu chiant :))
Alors après ce périple, peut on dire que l’on se sente chez soi en Europe ? Bonne question… disons, que dans ce périple, il y a eu deux voyages : l’aller, jusqu’à Helsinki, via les Pays Baltes et le retour, à travers les pays scandinaves.
L’€uro, la monnaie unique, trop pratique !
Et c’est bel et bien dans la première partie du voyage que nous nous sommes sentis le plus chez nous, malgré une différence culturelle certaine. Grâce à l’Euro déjà ! Car quel confort de partager la même monnaie, de comparer les prix sans avoir à sortir sa calculette toutes les deux minutes, de ne pas devoir attendre pour faire pipi car les toilettes publiques fonctionnent à pièces et que l’on a pas un denier local sur soi et surtout de ne pas confondre son porte monnaie avec un bureau de change spécialisé en petites piécettes… sans parler des frais bancaires, mais ça c’est une autre histoire ! Au final, force est de constater que l’on se sent toujours un peu plus étranger dans un pays qui ne partage pas la même monnaie.
Schengen, plus de frontières, mais….
Ensuite il faut l’avouer la libre circulation des biens et des personnes est aussi un confort et un gain de temps. Pas de frontière, pas de douane, l’unique indication que l’on passe d’un pays à un autre est un petit panneau européen sur le bord de la route. Certain diront que ça manque de charme, je le pense aussi, mais au final on y a plus trouvé notre intérêt qu’autre chose. Alors oui, j’en rajoute un peu, car les pays Scandinaves ont quand même adhéré à Schengen. Mais en arrivant en Suède, lorsqu’il faut faire la queue à la douane alors qu’on a douze cartouches de clopes dans le coffre (ben quoi, c’est pas cher dans les pays Baltes) et à peu près autant de litres d’alcool locaux dont de l’Absinthe Tchèque, de la Vodka polonaises, j’en passe et des meilleures, on a un peu serré les fesses en passant devant les douaniers :D. Bon, au final ce sont surtout les voitures Russes qui sont contrôlées hein… Mais n’empêche qu’on a eu chaud… ou pas… :)
La Scandinavie : européenne, mais pas trop !
Ce n’est pas vraiment que nous avons eu l’impression de partager un je ne sais quoi de commun dans les pays de l’est, mais plutôt l’impression de ne pas partager grand chose avec les pays scandinaves. Les pays de Nord sont réputés pour leur mode de vie (presque) exemplaire, l’excellence de leur système éducatif, leur faible taux de chômage, ou encore la maitrise de leur budget. Il faut tout de même avouer que les pays du nord ont réussi à se créer un mode de vie confortable où tout est organisé de façon optimum et où chaque chose est bien rangée à sa place. Vous connaissez « le blond » dans les sketch de Gad Elmaleh ? Et bien la Suède ou le Danemark, c’est un peu ça… Des blonds qui emmènent leurs enfants blonds à l’école en vélo, tout en promenant un toutou blond qui ne fait jamais ses besoins ! Là-bas, on attache pas son vélo, non, on le dépose tout simplement dans l’un des immenses parkings prévus à cet effet. Là-bas, les enfants n’ont pas de devoirs et à l’école ils apprennent de façon ludique sur des Ipad, là-bas, chacun respecte tout le monde et personne ne jette un papier par terre.
Vous pensez que j’en rajoute ? A peine… Mais je vous rassure, personne n’est parfait, et même si cela ressemble à un monde idéal il y a, chez les scandinaves, quelques lacunes également : le Danemark, par exemple, est proportionnellement l’un des pays les plus pollueurs au monde, leur industrie ne tournant quasiment qu’au charbon. il en va de même pour la Norvège, qui après des années d’excellence fait désormais figure de mauvais élève en matière d’environnement, et oui… N’empêche que, dans bien des domaines, ils sont en avance sur pas mal de pays, ils le savent, et en sont particulièrement fiers. D’où leur méfiance vis à vis d’une adhésion entière à l’Union Européenne (le traité de Maastricht a été rejeté au Danemark, l’adhésion de la Suède ne s’est faite qu’en 1995, tout comme celle de la Finlande et la Norvège, quant à elle, ne fait carrément pas partie de l’Europe), de ses obligations, auxquelles ils ont plus ou moins adhérés et surtout de la monnaie unique, rejetée par tous.
Les danois investissent 8,5% de leur PIB dans l’éducation nationale par exemple (contre 5,5% en France et 4,8% en Allemagne), ce qui est énorme et on comprend qu’ils souhaitent garder un minimum d’indépendance vis à vis de Bruxelles au risque de devoir revoir ce pourcentage à la baisse.
Enfin bref, vous l’aurez compris, tout cela est compliqué et cette méfiance vis à vis de l’Union dont la France est l’un des pays fondateurs, met clairement une barrière. Rien n’empêche cependant de passer un super séjour et d’apprécier la beauté des paysages, la quiétude des grandes villes et la mentalité nordique, froide au premier abord, mais extrêmement respectueuse et d’une grande générosité. Le latin français se sentira peut-être un peu perdu au milieu de tous ces grands vikings, dont nous avons il me semble, tellement de choses à apprendre en terme de qualité de vie et sera sûrement plus à son aise dans les pays de l’est.
