Why we don’t go back…

Publié le 14 janvier 2016 par Pomdepin @pom2pin

Une blogueuse que j’adore et que j’ai rencontrée virtuellement grâce aux réseaux d’expatriés (on est une vraie mafia, c’est bien connu), Blue est « rentrée » en France depuis peu, et ça n’a pas l’air d’être la joie (bon courage à toi). Ça m’a ramené aux questions qu’on entend tout le temps, en tant qu’expat. Marichéri et moi avons quitté la  France depuis…pfff, ça va faire 20 ans cette année. Mais bon, on était très, très jeunes. J’ai toujours eu envie d’aller voir  ailleurs, par curiosité pas du tout par rejet de la France, j’ai même fait des études de commerce international pour partir. Marichéri était lui aussi prêt à saisir l’occasion, ça tombe bien. On n’a jamais pensé que cet « ailleurs » serait mieux que la France,  mais juste différent. On n’a pas fait de calcul, les impôts, c’est quoi ça? La sécu, euh….je ne sais , c’est mon père qui s’en occupe… Un plan de carrière? Ahaha, ça se mange? Quand je vous dis qu’on était très jeune! On était juste curieux, c’est tout. On a eu la chance de ne partir pas contre un pays mais pour un autre. 

  
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Au début la question qui revenait le plus (avec celle sur la nourriture…) c’était : vous rentrez quand? Sous entendu, en France bien sûr.  On ne rentre pas. Mais si, vous verrez, avec des enfants, vous rentrez. Ah non, encore moins.  Nos enfants sont nés ailleurs, ils ne sont pas français, même si ils ont la double nationalité. Ils essaient avec plus ou moins de succès de parler français, mais ils sont britanniques, d’origine française certes, mais  pas plus. Pourquoi  voulez-vous qu’on les force à aller vivre dans un pays, un environnent qui n’est pas le leur alors qu’ils sont très bien chez eux? On ne peut pas nous reprocher de renier notre pays d’origine (chose qu’on ne fait absolument pas, vous entendriez mon accent en anglais, mais ça n’empêche pas les reproches) et nous demander de faire subir la même chose à nos enfants. Un peu de logique. Quand ils seront adultes, libres à eux de décider de leur  vie, de rester ici ou de s’intaller en France ou ailleurs (je dis ça comme ça mais  j’ai des idées , si ça les intéresse. Non, parce qu’à choisir, je préférais aller rendre visite à mes enfants à New York ou Madrid, qu’à Bagdad ou Novossibirsk). En attendant, on essaie justement de leur offrir deux cultures, deux langues, de la curiosité et  une ouverture d’esprit. C’est un début, pas besoin de « rentrer en France » pour ça.  

Aujourd’hui, on nous demande : pourquoi vous n’aimez pas la France? Allons bon…On a une vision très édulcorée et toute jolie de la France , qu’on essaie d’ailleurs de transmettre à nos enfants. La France, pour nous c’est une belle image d’Epinal, un doux mélange de bonne bouffe, de plages ensoleillées, de jolis villages, de repas familiaux et de vacances tranquilles…alors, on n’aime pas la France? Non mais. Cela dit, on sait pertinemment que ça n’a strictement rien à voir avec la réalité.  Pourquoi aller ternir cette image parfaite et totalement désuète au contact d’un quotidien beaucoup moins  rose? Laissez-nous nos souvenirs déformés! De toute façon, notre nostalgie (si nostalgie il y a, ce qui n’est pas non plus évident, c’est sympa d’être adulte aussi!)  est temporelle, pas géographique, rentrer en France n’y changerait rien. On s’est rendu compte lors des attentats à quel point  on se sentait français, physiquement. Évidement qu’on aime la France, mais on n’a absolument pas besoin d’y habiter pour ça, et on n’a pas du tout envie de « rentrer ». 

D’ailleurs, on ne dit plus rentrer en France pour les vacances, mais aller en France et rentrer en Angleterre à la fin des vacances. La première fois, en revenant à Dublin après une semaine en France où je me suis dit que je rentrais à la maison, ça m’a fait tout drôle. Plus du tout maintenant. Bon d’accord, d’après Marichéri je commence à reprendre l’accent du sud-ouest (enfin encore plus que d’habitude ) à partir de Poitiers, arrivée à Bordeaux, je suis à fond. Mais là aussi, c’est du domaine des souvenirs d’enfance.  La France, c’est d’où on vient, mais ce n’est plus chez nous,  on n’y comprends plus rien. On ne  connaît pas les débats qui agitent la société, ce qui est important ou pas dans l’actualité, dans la vie de tous les jours. On en  entend parler mais on sait très bien que c’est déformé, comme ce que les français connaissent de la vie  et des News britanniques. Ça nous convient, mais ça veut  dire aussi qu’on est incapable de savoir comment gérer le quotidien en France. Évidemment,  il n’y pas de différence énorme entre l’ Angleterre et la France, niveau choc culturel, c’est moyen. Mais on n’a jamais eu d’enfant en France, on ne sait pas y acheter une maison, on ne connaît plus le système scolaire, encore moins le système de santé, on n’a jamais eu à y faire des démarches administratives (je rappelle, on est parti très jeune!) et franchement, ce qu’on en voit à l’ambassade ne nous donne pas envie! 

Depuis peu, on a droit à « vous rentrez à la retraite alors ». Toujours pas . « Mais si,  quand les enfants seront partis ». Justement…j’adore mon pays d’adoption, c’est définitivement mon chez moi. Mais sans les enfants, on pourra aller voir ailleurs! Il y a 193 pays d’après l’ONU, on en connaît à peine une dizaine. Et la France, c’est bon, on a déjà fait. On ne veut pas rentrer, on veut découvrir.