Mon investigation débute en gare de Laval, à 1H40 de la capitale. Un minibus m'embarque à quelques dizaines de kilomètres de là, dans la Ferme du Grand Chemin de Madré (mia). Jean-Yves paysan, hôtelier et conteur à ses heures m'accueille dans sa ferme traditionnelle des années 1700 et m'envoie fissa cueillir des pommes. Chaussée de bottes de sept lieux en caoutchouc, je pars réaliser ma mission. Inutile de sortir l'échelle, la plupart des fruits m'attendent pépins en cœur sur le sol.
La récolte a été bonne. En témoigne le sceau de 10 tonnes et demi que je dois ramener - non sans fierté - à Jean-Yves. C'est désormais à Kaline de bosser. Solidement arnachée, la brave jument de trait doit tourner autour d'un gadage en granit ou les pommes de plusieurs variétés seront pilées par une grosse meule de pierre. Après une nuit de macération, le mélange sera ensuite disposé sur plusieurs couches (jusqu'à 25) dans le pressoir d'origine d'où s'écoulera le jus.
Puisqu'après l'effort (de la jument), le réconfort (des humains), la matinée se termine devant un déjeuner à base de pommes autour de Jean-Yves qui nous raconte qu' aucun vin n'est produit en Mayenne. Comme l'eau pouvait être impropre à la consommation, on conseillait au XIXème siècle à la population de boire du cidre. Pour leur bien-être, ça va de soit.
La Ferme du Grand Chemin - Le Chemin, 53250 Madré. Tél. : 02 43 08 57 03 . Un lieu hybride entre ferme donc, hôtel, resto, éco-musée et théâtre qui ouvre sa porte aux volontaires aux vendanges ou aux randos équestres.
Retour vers le futur avec la deuxième visite de la journée. Olivier me reçoit dans sa ferme des années 2000 à Andouillé (sans mauvais jeu de mot).
Pendant une heure, le jeune cidriculteur nous explique la fabrication manuelle de la boisson et de ses produits viticoles dérivés (pommeau, pommé, vinaigre...) en présentant les dernières innovations techniques et matérielles en la matière.
Ici, on récolte les fruits de fin septembre à fin novembre, voire début décembre. Si une machine fait une grande partie du boulot, on doit ensuite trier les fruits à la mano puis les plonger dans un bac épurateur pour se débarrer des pierres et autres déchets. Puis la rappe va prendre le relais. La pulpe obtenue est ensuite stockée pendant plusieurs heures en attendant son tour au pressoir. Le " marc " finira son voyage dans une cuve à 7/8°C où la magie de fermentation naturelle achèvera (presque) le travail, entre soutirage et surveillance de tous les instants, avant la mise en bouteille en janvier... Et de découvrir les nombreux point commun du cidre avec son cousin le vin.
Pour info, en exclu la réponse à la question-que-tout-le-monde-se-pose : la différence entre le brut et le doux dépend du taux de sucre résiduel dans le breuvage. Plus on laisse le liquide fermenter, plus le sucre ira voir ailleurs si elle y est. Pour info, le brut en contient moins de 28 g par litre, le cidre demi-sec entre 28 et 42 g le doux plus de 42 g par litre.
La journée s'achève autour d'un testé pour toi autour de plusieurs crus. Histoire de noter la différence entre un pommeau et un cidre brut. Mangez des pommes qu'il disait. Je confirme, c'est bon pour la santé.
La Ferme du Theuil - Le Theil, 53240 Andouillé. Tél. : 02 43 69 70 04 .