Pantomime

Publié le 04 janvier 2016 par Pomdepin @pom2pin

Beaucoup d’anglais ont profité des vacances pour aller voir une Pantomine, ces spectacles de Noel  assez particuliers, que je ne supporte pas. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les pantomimes ne sont pas muettes, mais extrêmement bruyantes. Les pantos, pour faire court, sont officiellement des spectacles familiaux, plus ou moins inspirés de contes de fées et qui prolifèrent à l’approche de Noël. Les anglais reconnaissent que c’est particulier, mais ils n’hésitent pas non plus à prétendre que ce serait un heritage de la commedia dell ´Arte italienne  qui n’en demandait pas tant et qui se serait égarée après la Manche. Ce serait passé par la France (il faut toujours qu’on nous accuse de quelques chose!) et aurait débarqué ici  sous forme d’arquelinade au 17 eme siècle. Ça avait alors l’intérêt d’être mimé, et non pas hurlé comme maintenant. Mais les victoriens sont passés par là,  et c’est apparement à eux qu’on doit les pantomines telles qu’on les connaît aujourd’hui. C’est pas malin. 

  
J’y ai échappé cette année, les filles y sont allées avec l’école. Mais ce n’est pas toujours le cas, malheureusement. J’en avais déjà parlé. J’attends toujours le dernier moment pour prendre des places, avec le secret espoir qu’il n’y en aura plus. Donc je me retrouve toujours coincée, avec mes filles entre la sortie de secours, qui permet aussi d’aller aux toilettes ( je rappelle que le public à une moyenne d’âge de 4 ans) et le poteau avec l’extincteur. Ça commence fort. Avant même le lèver de rideau, on se rend compte que certains sont venus en famille, avec le ban et l’arrière ban des cousins, ils sont une petite cinquantaine. C’est pratique, ils avaient réservé 4 rangées entières, sauf 3 places, les nôtres donc. Pendant 1 heure, ils se parlent par dessus nos têtes, s’échangent leurs fauteuils, leurs sandwiches, leurs boissons, leurs bébés….qu’est ce que on rit! Mais toute la salle participe: Il y a bien sur le retardataire de service , qui fait se lever tout le monde. Ceux qui reconnaissent un copain à l’autre bout de la salle, et décident d’entamer des tractations, de rangées en rangées pour changer leurs places, ceux qui doivent absolument téléphoner à leur grand mère là de suite, pour leur raconter la varicelle du petit (avec multiples détails sur le niveau de purulence des boutons ), celles qui se recoiffent la choucroute, en vous flanquant un coup de peigne dans les côtés et un coup de laque dans l’œil….Le spectacle durant à peine plus d’une heure et demi , d’autres éprouvent le besoin d’amener un pique nique capable de nourrir une colonie de vacances pour 3 semaines. On sent qu’ils jeûnent depuis des jours et se réservent le temps au théâtre pour s’empiffrer. En 30 seconde, l’odeur de chips oignon-vinaigre emplit la salle, s’incruste dans les vêtements, les cheveux…les filles couinent parce qu’elles veulent aussi des chips…bref c’est familial et convivial.

  
Avec tout ça, on en oublierait presque que le spectacle est sensé avoir lieu sur la scène. Les costumes sont somptueux, les décors éblouissants…l’histoire, très librement adaptée de cendrillon, beaucoup moins. Car je rappelle que ça se doit d’être festif et d’avoir un vague rapport avec Noël. Si vous vous souvenez de l’histoire de Cendrillon, vous avez du remarquer qu’on n’y voit pratiquement pas le père Noël, ni ses rennes, qu’il n’y a pour ainsi dire aucun sapin décoré, et que la marâtre chante très peu « we wish you a merry Christmas ». Qu’à cela ne tienne, dans la version pantomime, il y a tout ça! Plus des tableaux avec chansons et danses, et participation du public, style guignol: où est la méchante marâtre? She ´s behind you! C’est là qu’on découvre que cette malheureuse Cendrillon est aussi un peu dure d’oreille, car il faut lui répéter trois fois. Les postillons de chips oignons-vinaigre pleuvent littéralement dans toute la salle, c’est palpitant. D’autant que les pantos sont l’apanage de vagues célébrités oubliées qui essaient de se refaire, mais n’ont pas forcément connu leur 5 minutes de gloire en étant acteurs. Leur jeu est donc inversement proportionnel à l’exubérance de leur maquillage, où le rose fluo abonde. Puisqu’on vous dit que c’est festif!

D’après la BBC (les photos viennent de là), la Pantomine est un art intemporel qui sera toujours apprécié parce qu’il s’adapte à son époque et embrasse tout ce que le public aime. C’est un point de vue.