Quand je n’y suis pas. En Islande (6)

Quand je n’y suis pas. En Islande. J’oublie.
Quand c’est à Paris. Que je suis. Je zappe.

Que de bruit dans la ville lumière.
Été comme hiver, la capitale hurle et vocifère.

Dans ce combat de sons qu’arbitrent les sirènes arrogantes,
Dans ce coeur sombre et métallique qui pulse sa technologie insensible,
Les voix, les chants et les rires ont fui la cacophonie indécente,
Même les froissements chlorophylle des brises éphémères sont devenus inaudibles.

C’est là-haut que j’y pense. Quand à nouveau j’y suis.
C’est sur l’île que je prends conscience. Du silence.

Reykjavik est une cité calme. Vous savez pourquoi ?
Parce que c’est la nature qui depuis toujours dit quoi.
Moi j’écoute ce qu’elle me dit. Et puis j’obéis.

Elle me dit écoute le souffle aérien s’engouffrer dans les rues du 101.
Elle me dit vois cette masse sombre et liquide surgir et danser au loin.
Elle me dit sens les flocons polaires chatouiller ton nez.
Elle me dit touche ma chair dure c’est pour t’aguicher.

Évidemment je fais, tout ce qu’elle me dit.
Écouter le vent, embrasser la vie,
Ça fait sourire les gens de me voir ainsi,
Caresser la terre, jouir du paradis.

Quand à nouveau j’y suis. À Paris.
Je n’entends plus le vent, ne sens plus la pluie,
Et n’aime guère câliner les pavés.
C’est parce que la ville braille.
Parce que la ville crie.
Qu’à l’Islande j’ai succombé.

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