Caen est une ville fort ancienne, jadis le fief de Guillaume, celui qu’on appelait le bâtard et qu’on surnomma le conquérant après sa traversée historique de la Manche à la tête d’une armée, en 1066. En effet, il a conquis l’Angleterre pour y établir la royauté normande. Ainsi, la langue des Britanniques reprit et intégra le vocabulaire des Normands, le français de l’époque. Depuis, l’anglais et le français sont des langues soeurs.
Les Boréales à Caen festival de culture…
À Caen, on fête la 24me édition des Boréales, une magnifique initiative, un festival de culture, vaste, ambitieux et grandiose, portant haut la littérature, le cinéma, la musique, la danse, le théâtre et l’art graphique des pays nordiques. Chaque année, un de ces pays est tout spécialement mis en exergue. Ainsi, l’Islande y fut fêtée de manière inoubliable il y a deux ans. Cette année, le Groenland et le Danemark étaient à l’honneur. On pouvait entendre du danois dans les rues de la vieille ville. Il y avait aussi quelques invités islandais, notamment les écrivains Jón Kalman Stefánsson, Eiríkur Örn Norðdhal et Árni Þórarinsson. Leurs lecteurs les ont accueillis à bras ouverts, et les échanges ont fusé, émaillés de rires et d’émotion.
Samedi se tenait à l’auditorium du Musée des Beaux Arts une table ronde littéraire et islandaise. Le titre un peu surréaliste en était: De glace et de lave. Les participants étaient Jón Kalman Stefánsson et Eiríkur Örn Norðdahl. Jón Kalman a parlé de son parcours atypique. En effet, il a abandonné l’école à l’âge tendre de quatorze ans pour aller travailler dans le poisson. Plus tard, il a repris ses études car il avait envie de devenir astronome, comme Carl Sagan. Il a également parlé de la magie et de l’influence indéfinissable de l’art en général, notamment de la poésie et du roman, sur la société contemporaine. Eiríkur Örn Norðdahl, dont l’ouvrage Illska évoque le génocide durant la seconde guerre mondiale, a également évoqué le devoir de mémoire que chaque génération doit accomplir. Pour lui, il devait passer en revue ce sujet douloureux et le rappeler au souvenir de ce nouveau siècle.
Cette année, le festival a démarré le vendredi 13 de ce sombre mois de novembre. Il y a bien eu quelques annulations, mais l’ambiance était enthousiaste, malgré tout. La clôture, c’est aujourd’hui. Avec Hermigervill, un musicien islandais dans la lignée de Sigur Rós. Deux semaines de culture vive et vibrante auront illuminé le ciel de la Basse-Normandie.
Bravo, les Normands, pour cette fête de la culture au sens le plus large. Chapeau bas à toute l’équipe boréalienne qui organise avec élégance et tout en douceur cet événement, d’une grande complexité à tous les niveaux.