Mon top 10 Florence: N°3: Le Palazzo Vecchio

Michel Ange et Léonard de Vinci auraient du y auréoler la république de gloire. Mais ces deux génies et rivaux ne laisseront aucun souvenir impérissable et la bataille d'Anghiari de Léonard, si elle se trouvait effectivement encore derrière les murs des tableaux de Vasari, ne serait qu'une masse coulante abjecte. Le Palazzo Vecchio est grand, immense, aux allures de la Renaissance florentine mais qui vomit la république. Ici, c'est bel et bien le duché de Toscane qui veut à jamais marquer son empreinte.

P8170165

Du médiéval à la Renaissance

Pourquoi dans le top 3? Une oeuvre de propagande grandeur palais

On aurait en tête en pensant au Palazzo Vecchio les nombreux bourgeois de la ville qui dirigeaient la république, même s'il est vrai que les Médicis tels Laurent le Magnifique ou Cosme l'Ancien avant lui, avaient une assise sur la ville. Malgré tout, les Pazzi, les Strozzi, les Rucellai avaient encore leur mot à dire dans les joutes politiques. Même si parfois, l'affrontement pouvait aller jusqu'à la mort, la conjuration des Pazzi nous le rappelant. Nous n'aurions pas tout faux d'ailleurs d'associer ce lieu à une république, dont l'organisation était tout de même bien loin de la nôtre.

Et pourtant, c'est bien Cosme Ier de Médicis, issu de la branche cadette qui est représenté au plafond et au centre de la salle des Cinq-cents, symbole de la république florentine. Mais en 1565, quand Vasari peint le couronnement de Cosme Ier sur un plafond réhaussé, l'entourant de muses et d'anges, le régime avait brûlé comme pécheur en enfer. La république avait péri et nous avions pris un jeunot élevé à la campagne qu'on poussait manipuler à souhait en en faisant le duc de Toscane. Mais celui qui allait devenir le maître de Florence, bien que duc, se prenait pour un roi qu'il fallait respecter et il n'hésitait pas à faire décapiter ses ennemis en place publique. Dans ce palais, ne cherchez pas la figure de Laurent le Magnifique sur un quelconque tableau, prince des arts mais qui avait eu le malheur d'accepter une république corrompue et qui mena à Florence à sa perte. C'était tout du moins la vision de Cosme Ier. Alors que les Médicis logeaient dans le palais Médicis de la via Larga, le couple ducal qu'il formait avec Eléonore de Tolède, fille du vice-roi espagnol de Naples, avait décidé de prendre résidence au Palazzo Vecchio. Le symbole était on ne peut plus éloquent. C'était lui qui commandait la ville. Bien qu'il aurait préféré obtenir la main de la fille de Charles Quint, le mariage fut très heureux.

Il commanda la refonte de la décoration du Palazzo Vecchio à Vasari. Ainsi, si le Palazzo Vecchio a abrité la République, c'est bien la vision ducale qui tapisse murs et plafonds que vous admirerez pendant votre visite. C'est riche en symboles et les guides conférenciers sont d'excellents orateurs qui connaissent leur sujet et sauront vous faire jouir de cette visite. Vasari est un grand connaisseur de la peinture. Il a écrit les vies des plus grands artistes de la Renaissance de Léonard de Vinci à Raphaël, en passant par Botticelli. Michel Ange a même eu sa biographie de son vivant. Vasari est sous pression. En effet, Cosme Ier estime que les travaux doivent être finis avant 1565 pour le mariage de son fils François avec Jeanne, archiduchesse d'Autriche où doit se tenir un gigantesque buffet en 1566. Les fêtes sont ponctuées de représentations théâtrales, défilés, décors somptueux afin de montrer qu'on fait partie des grands. Les historiens de l'art vous affirmeront que la peinture de Giorgio Vasari est loin d'être aussi belle de celle des grands peintres de la Renaissance. Moi, j'aime pourtant. Mais hormis les qualités esthétiques, c'est le discours de la peinture qui est important.

P8180266

Décoration à foison

Tout d'abord, au centre du plafond, c'est Cosme Ier qui apparaît, dans la salle où il donne désormais ses audiences. Dans la bande centrale, l'histoire de Florence et sur les côtés, les représentations de Pise et de Sienne. 2 fresques sur les murs représentent deux batailles importantes pour la ville de Florence: l'une contre Pise, l'autre contre Sienne. Alors que la bataille apparaît désordonnée pour Pise, celle contre Sienne semble plus simple, plus maîtrisée. Vasari aurait-il été fidèle à l'histoire? Absolument pas. La victoire Pise s'est déroulée pendant la république tandis que c'est sous Cosmer Ier et donc le duché de Toscane que les troupes de Florence s'emparent de la ville de Sienne. Une façon de faire l'éloge d'un modèle politique et de cracher sur un autre. D'ailleurs, dans une des autres salles, on voit la statue de David mais le tableau s'arrête net au cou. On ne peut voir la tête. Souvenez vous que David a été sculpté par Michel Ange à l'intitiative de la république que cette figure est représentée. S'arrêter au niveau de la tête, c'est comme l'avoir coupée et donc détruire la république. D'autant, que détail troublant, un petit chien se trouve au pied du David. Et que fait-il? Il défèque. On ne peut être on ne peut plus clair: Cosme Ier chie sur la république. Et plutôt que Laurent le Magnifique, on préfère auréoler des personnages comme Léon X et Clément VII, deux papes issus de la famille Médicis qui font encore et toujours la fierté de la famille. C'est vraiment par cette série de détails qu'il faut percevoir le Palazzo Vecchio. L'idée est largement plus puissante que l'enveloppe.

Afficher l'image d'origine

 Ce chien qui chie sur la république

Au delà de cette déferlante de propagande, aérez vous aux origines du Palazzo Vecchio en grimpant le beffroi médiéval, ancienne tour de guet de la ville. De là, le Duomo s'offre à vous dans toute sa longueur. Ensuite, il sera temps pour vous de quitter ce qui est aujourd'hui la mairie de Florence qui a hébergé un certain ... Matteo Renzi.

Bon à savoir:

- Je vous conseille vivement d'arriver très tôt le matin si vous souhaitez monter le beffroi car très vite, la queue peut être très longue.

- Les guides conférenciers sont nombreux et il en existe de plusieurs nationalités dont un français. La visite guidée est donc fortement recommandée et elle ne coûtent pas beaucoup plus cher. Pendant 1h15, vous en apprendrez énormément sur Cosme Ier de Médicis, grand duc de Toscane. Par contre, elle s'adresse à ceux qui s'y connaissent déjà un peu sur l'histoire de Florence. Réservez en cliquant ici.