Vous avez été nombreuses et nombreux à vous mobiliser, hier, suite à notre appel, et nous vous en remercions sincèrement. Après 24 heures passées sans nouvelles d’elle, il a fallu se rendre à la terrible évidence.
Dimanche dans la matinée, la Préfecture de Police de Paris a contacté la famille Solesin à Venise, pour les informer qu’une victime décédée portait des vêtements qui correspondaient à la description qui en avait été faite. Le Consul Général d’Italie, Andrea Cavallari, l’a identifiée et confirmé la nouvelle que toutes et tous redoutaient dans la lagune.
Le consul d’Italie à Paris, Andrea Cavallari, confirme la mort de Valeria
Dario, le frère de Valeria s’est immédiatement rendu à Paris, reconnaître la dépouille.
Valeria Solesin et son frère Dario
Son sort émeut l’Italie tout entière qui a pu mettre un visage sur sa peine. Le Président de la République Italienne, Sergio Mattarella, a invité ses parents :
« Carissimi genitori di Valeria, Vi scrivo per farvi giungere il cordoglio e la solidarietà, miei personali e dell’Italia intera, sapendo che nulla potrà lenire il vostro grandissimo e composto dolore. Valeria era figlia d’Italia e figlia d’Europa. È stata uccisa da mano barbara, fomentata dal fanatismo e dall’odio contro la nostra civiltà, i suoi valori di democrazia, di libertà e di convivenza. Valeria è stata uccisa, insieme a tanti altri giovani, perché rappresentava il futuro dell’Europa, il nostro futuro. Insieme a tanti Paesi amici risponderemo con intransigenza a questa micidiale sfida di morte e di sopraffazione. Come accadde durante gli anni del terrorismo interno, lo faremo senza mai far venire meno le ragioni del diritto e della giustizia, che fondano la nostra civiltà, ma con determinazione. Li dobbiamo a Valeria, lo dobbiamo a tutte le vittime, lo dobbiamo a voi carissimi genitori. Vi sono particolarmente vicino e partecipo con profonda commozione alla vostra sofferenza ».
La dignité de ses parents répondant à la presse italienne est impressionnante.
Le père, le professeur Alberto Solesin, devant sa maison de San Marcualo, raconte les faits, cherchant à les mettre à distance, et fait preuve d’une grande dignité et d’une patience rare devant la presse.
La mère, Luciana Milani : « Je voudrais que l’on se souvienne de notre fille comme d’une personne merveilleuse. Elle restera pour toujours dans nos cœurs comme notre fille mais également comme une étudiante, une citoyenne qui nous manquera énormément mais qui manquera beaucoup à l’Italie. Les gens comme elle sont importants » puis elle raconte que Valeria « aidait les sans-abri de Paris, ce qui démontre son désir de connaître toutes les facettes de la société. »Pour décrire sa fille, elle évoque « une citoyenne, une érudite ».
Valeria Solesin, 28 ans, vénitienne, doctorante en sociologie à Paris-1–Panthéon-Sorbonne, vivait à Paris depuis six ans, après des études au Liceo scientifico Benedetti de Venise jusqu’en 2006, et lauréate en Sociologie à Trente. Elle poursuivait des recherches sur la place des femmes dans la société, la conciliation famille-emploi, en comparant les modèles français et italien (voir son profil de doctorante). Elle était aussi très engagée dans l’aide auprès des sans-abris à Paris, après avoir été aussi bénévole pour l’ONG italienne Emergency, qui fournit un soutien médical dans les zones de guerre ou de pauvreté. Son fondateur, le chirurgien de guerre Gino Strada, lui a rendu hommage sur Facebook : «Au revoir Valérie, et merci, écrit celui qui a reçu en octobre le prix Nobel alternatif. Nous avons eu la chance de te rencontrer et de t’apprécier, d’abord à Venise puis à Trente.»
Le concert de vendredi était un cadeau offert à sa belle-sœur, Chiara, qui vient d’être diplômée, et qui était venue avec Stefano Peretti, son fiancé originaire de Vérone. A part Andrea Ravagnani, son compagnon, légèrement blessé à l’oreille, ses proches sont sortis indemnes de l’attentat. « Elle adorait la musique, elle était de celles qu’on croise toujours aux concerts, décrit l’un de ses amis italiens, lui aussi un temps installé en France. Elle était le visage souriant et la tête bien faite de la jeune communauté italienne de Paris ».
Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, a présenté ses condoléances à la famille, mais nous attendons bien plus de lui :
Avec de nombreux vénitiens, nous aimerions que la mémoire de Valeria Solesin soit à jamais gravée à Venise, sous la forme d’un nizioletto pour que chacun-e puisse se souvenir d’elle, pourquoi pas un campo Valeria Solesin près de l’endroit où elle est née ?
Photo de Mirko Manzin
Les 132 victimes de la barbarie, le 13 novembre 2015, à Paris, étaient de 14 nationalités différentes.