Volcans Bromo et Ijen : du rêve à la réalité

Publié le 10 août 2015 par Benjamin @blogallantvers

Comme nous l’avons déjà exprimé, les volcans Bromo et Ijen (surtout) ont été les moteurs de notre voyage en Indonésie. C’est en effet eux qui nous ont fait découvrir l’Indonésie et convaincus que nous devions nous y rendre. Pour les visiter, nous avons suivi le circuit classique, à savoir trois (longs) jours et deux (courtes) nuits. On vous livre le récit de notre aventure, pour laquelle il n’y a pas d’adjectif assez fort pour la caractériser.

Jour 1 : en route vers le Bromo

La première journée d’un tel circuit est inéluctablement consacrée au transport pour se rendre au pied du Mont Bromo. Plusieurs fois par jour, des trains relient Yogyakarta à Surabaya. Nous avons opté pour le départ aux alentours de 7 heures du matin, à partir de la gare de Tugu, plus centrale que celle de Lempuyangan. A partir de Tugu, deux classes sont disponibles, la classe Business (160.000 Rp) ou Executive (210.000 Rp) tandis qu’à Lempuyangan, seule la classe économique est proposée. Nous choisissons la classe Business. Bien qu’elle ait le nom de classe business, le confort équivaudrait plutôt à une classe éco chez nous. S’il y a une prise de courant, le siège est une simple banquette et il n’y a pas de tablette. On a par contre droit à de la musique qui raisonne dans tout le wagon. Il faut environ 5 heures de train avant d’atteindre Surabaya. Les paysages sont par endroit saisissants.

Arrivés à Surabaya, nous avons choisi la voie de la facilité. En effet, ayant préalablement lu le calvaire de nombreux voyageurs, nous avons décidé de réaliser le Bromo et l’Ijen avec l’aide d’un chauffeur privé. Adit, notre chauffeur, est un jeune javanais, originaire de Surabaya. La route qui nous mène vers le Bromo est l’occasion de faire connaissance et de comparer les us et coutumes de nos pays respectifs. Notre trajet fut allongé par une crevaison sur l’autoroute, peu après avoir quitté Surabaya. Si Adit a pu se déporter sur la bande d’arrêt d’urgence pour remplacer la roue, nous revoyons encore dans nos esprits les nombreuses voitures qui utilisent la bande d’arrêt d’urgence pour doubler les autres, se rabattant au dernier moment en voyant notre voiture. Cet incident fut pour nous l’occasion de découvrir comment s’organise en Indonésie le métier de mécanicien. En Indonésie, c’est vers une petite échoppe sur le bord de la route que l’on s’arrête pour faire réparer une roue ou tout autre soucis de voiture.

Nous arrivons finalement vers la fin d’après-midi à Cemoro Lawang, le petit village perché à plus de 2.200 mètres, au bord de la caldeira. La dernière partie du trajet est très escarpée et au fil de notre ascension, les nuages sont de plus en plus omniprésents jusqu’à ce que finalement nous nous trouvions au-dessus. Une fois installés, nous profitons des dernières lueurs de la journée pour contempler le Mont Bromo, au milieu de la mer de sable, un paysage que nous ne nous lasserons pas d’observer.

Jour 2 : le Mont Bromo

Après un réveil au milieu de la nuit, nous nous mettons en route un peu avant 3 heures pour réaliser l’ascension du Mont Penanjakan qui devra nous permettre d’observer le lever du soleil sur le Mont Bromo. Contrairement à la majorité des touristes qui visitent le Mont Bromo, nous n’avons pas fait appel aux 4×4 qui combinent le lever du soleil avec la descente dans la mer de sable pour gravir les flancs du volcan. C’est à pied, et uniquement à pied, que nous découvrirons l’intégralité du Mont Bromo ! Le départ de la randonnée pour rejoindre le sommet du Mont Penanjakan se situe à hauteur de l’hôtel Cemara Indah. Le route principale qui monte jusqu’à l’hôtel prend la direction de la droite (Nord-Ouest) à sa hauteur.

Tout droit : vers la mer de sable – Sur la gauche : l’hôtel Cemara Indah – Vers la droite : vers le Mont Penanjakan

D’abord bitumée, la route prend ensuite des allures de chemin caillouteux jusqu’à une série d’escaliers. A leur sommet, on atteint le premier point de vue, celui de Seruni. Celui-ci est aménagé avec deux plateformes en béton qui couvrent des aires d’observation. Deux/trois personnes sont déjà présentes. Pour notre part, nous poursuivons notre marche pour grimper encore plus haut.

Le chemin est alors plus difficile (plus étroit, plus accidenté, plus de branchages, etc.). Nous atteignons finalement le point de vue surnommé King Kong Hill. Après la satisfaction d’avoir accompli cette ascension, notre premier sentiment est un peu de déception. Il y a déjà beaucoup plus de monde que ce à quoi nous nous attendions. Et plus le temps passe, plus le nombre de personnes croît. On y retrouve même des groupes de touristes accompagnés de leur guide. A croire que ce point de vue, qui jusque-là se présentait comme un bon plan pour les voyageurs indépendants, est désormais investi par les groupes organisés pour déverser le trop plein de personnes du view point principal.

Quoi qu’il en soit, le spectacle offert par la nature est sensationnel. D’abord, c’est un ciel de couleur orange qui capte notre attention avant que la vue ne s’ouvre sur la caldeira au cœur de laquelle trône le Mont Bromo. Nous n’entamons la descente que vers 7 heures, après avoir profité pleinement des lieux, alors que les 4×4 sont déjà (ou approchent) au pied du Mont Bromo.

On profite du chemin du retour pour nous arrêter au point de vue de Seruni afin d’y prendre quelques photos. Une fois revenus au village de Cemoro Lawang, nous nous asseyons quelques instants sur les bancs situés à côté de l’hôtel Cemara Indah. On y prend ce qui sera notre petit-déjeuner (quelques biscuits) pour entreprendre la descente vers la mer de sable. Le chemin est abrupt mais pas encore trop difficile, quoique l’on commence à sentir nos jambes se ramollir. Une fois au creux de la caldeira, on s’y sent tout petit au milieu de cette immensité. Il faut encore compter environ 45 minutes de marche pour rejoindre le pied du Bromo, en suivant la direction du temple.

Notre timing est involontairement parfait puisque lorsque l’on s’apprête à gravir les 245 marches menant au Bromo, la grande majorité des touristes a déjà quitté les lieux. Le Bromo est alors presque entièrement à nous. Lorsque l’on atteint la dernière marche et que l’on découvre le cratère du Bromo, il est très difficile de ne pas exclamer un « woaw » admiratif. Heureusement pour notre sécurité, des barrières sont aménagées sur le sommet du cratère, de part et d’autre de l’escalier. Fidèle à notre habitude, on prend le temps d’apprécier le spectacle offert par la nature.

Le retour vers Cemoro Lawang se fait sous un soleil de plomb. La fatigue cumulée à la chaleur du soleil rend chaque pas difficile. Nous grimpons tant bien que mal notre dernière difficulté de la journée, le versant menant à Cemoro Lawang. Le temps de prendre une douche, il est presque midi lorsque nous quittons le village, en direction de l’Ijen.

Jour 3 : le Kawah Ijen

Après une seconde très courte nuit, le troisième jour est consacré au volcan Ijen. Le départ est fixé avec notre chauffeur à 2 heures du matin, ce qui nous permet de démarrer l’ascension aux alentours de 2 heures 30, après avoir acheté nos billets d’entrée (100.000 Rp/pers). Une fois le contrôle des tickets effectué, nous débutons les trois kilomètres qui nous séparent du bord du cratère, sous la lumière de nos lampes frontales. Nous sommes très vite rejoins par un mineur de soufre qui nous accompagnera tout au long de notre ascension (honte à nous qui ne parvenons plus à revenir sur son prénom). Sur les 3 kilomètres d’ascension, le premier secteur présente un profil modérément montant, le second est beaucoup plus abrupt et le troisième est quasiment plat. Au sommet, notre mineur s’improvise guide et se propose pour nous emmener au fond du cratère pour observer les flammes bleues. Ne nous voyant pas lui refuser et étant là en partie pour ça, nous acceptons son offre. Nous entamons alors la descente, toujours avec notre seule lampe frontale comme lumière. Notre guide est vraiment adorable et prend le soin de nous indiquer les passages plus dangereux en nous lançant en français des « ça glisse » ou encore « ça va? ». Au fil de notre descente, notre impatience d’apercevoir les flammes bleues grandit. En bas, les sensations sont indescriptibles et des sentiments différents se mélangent : éblouissement devant un tel spectacle, sentiment d’être privilégié et admiration pour les porteurs de soufre. Car lorsque le vent tourne et qu’un nuage de vapeurs de soufre se tourne vers nous, la respiration devient difficile, même avec un masque à gaz. Il faut s’agenouiller et faire le vide en soi pour reprendre une respiration à peu près normale et éviter les quintes de toux. On se rend alors compte d’une partie de la pénibilité de leur travail.

Après être restés un moment à observer les flammes bleues (difficile de savoir combien de temps car on y perd tout repère), nous entamons la remontée vers le bord du cratère. L’effort est soutenu, sans doute accentué par une fatigue accumulée par nos précédentes courtes nuits. Alors que nous ne sommes chargés que d’un petit sac à dos, nous n’osons pas imaginer l’effort que les mineurs doivent fournir pour remonter des paniers d’environ 80 kilos.

A l’arrivée, nous faisons une pause et partageons quelques biscuits avec notre guide avant qu’il ne nous laisse pour débuter son premier métier, celui de mineur. On entreprend alors de faire partiellement le tour du cratère. Le lever du soleil laisse découvrir la beauté du lac entouré des parois du cratère. C’est à cet instant précis que l’on prend conscience de l’emprise que le Kawah Ijen a sur nous et on réalise aussi pourquoi il nous fascine tant. La beauté du volcan conjuguée au courage des porteurs de soufre nous remplit de frissons. Nous prendrons le temps, beaucoup de temps, pour admirer ce spectacle hors du commun, conscients que nous n’y reviendrons malheureusement pas de sitôt. Comme la veille, le flot de touristes est déjà parti. Nous nous étonnons même d’être pratiquement les derniers à être encore sur place.

Finalement, nous nous résignons à devoir quitter les lieux, non sans faire quelques dernières photos. Dans la descente, on se fait dépasser par quelques porteurs de soufre et l’on en croise d’autres qui prennent la direction opposée.

Nous atteignons finalement le parking vers 9h30, 7 heures après l’avoir quitté, riches du moment que nous venons de vivre. Notre aventure du Bromo et de l’Ijen s’achève alors à cet instant, allant de pair avec la fin de notre séjour sur l’île de Java. Nous quittons l’Ijen pour rejoindre Bali en empruntant le ferry au port de Ketapang. C’est notre chauffeur, Adit, qui nous conduit jusqu’à Munduk, petit village situé au cœur des montagnes balinaises.

Détails pratiques

Nous sommes passés par la petite agence Pink House Car Rental pour nous offrir les services d’un chauffeur privé, après avoir communiqué par e-mail avec Patricia, la gérante de l’agence. Pour une prise en charge à Surabaya jusqu’au port de Ketapang, le prix est de 2.100.000 Rp, tout compris (voiture, chauffeur parlant anglais, essence, hébergement et repas du chauffeur, péages routiers et parking). Pour être déposés à Mundunk, nous avons dû nous acquitter d’un supplément de 700.000 Rp (mais incluant les frais de ferry).

Nous sommes revenus convaincus que la voiture avec chauffeur privé est la meilleure solution pour partir à la conquête du Bromo et de l’Ijen. En effet, les tours organisés n’offrent aucune flexibilité et les transports en communs semblent être une succession de galères et d’arnaques en tout genre. Avec notre chauffeur privé, nous avons eu le temps de profiter très largement du Bromo et de l’Ijen. Nous avons passé environ 8 heures sur chacun des deux volcans. Et nous avons profité des trajets pour nous reposer sans nous tracasser de devoir attraper une correspondance ou de négocier le prix d’un transport.

L’accès au Parc National du Bromo est payant mais il est tout à fait possible d’éviter de payer cette entrée SAUF si on loge dans l’un des hôtels situés après la barrière (Lava View Lodge ou Bromo Permai). Il est alors difficile d’y échapper, même impossible lorsque l’on y accède en voiture privée. C’est l’erreur que nous avons commise lors de notre séjour. Ayant booké la veille de notre arrivée une nuit au Lava View Lodge, nous ignorions qu’il se situait après la barrière, ce qui nous a valu de payer 217.500 Rp chacun… Sur le ticket reçu était mentionnée sa validité uniquement pour le jour de notre arrivée. Par conséquent, le lendemain, pour ne pas repasser par l’entrée principale du parc, nous avons emprunté à pied une route détournée (et franchis accroupis des barrières) pour partir à l’ascension du Bromo et revenir à notre hôtel. Heureusement, en quittant « le parc National », aucun contrôle n’est effectué.

A proximité du Kawah Ijen, nous avons logé au Catimor Homestay que nous ne conseillons absolument pas ! Outre le fait que cet hôtel a eu son heure de gloire il y a bien longtemps (pour autant, l’a-t-il eu seulement eu un jour…), le prix du repas est absolument exagéré (160.000 RP pour un « menu » – heureusement, cela peut être tout juste suffisant pour deux petites faims). Par contre, sur la route vers Banyuwangi, nous avons remarqué l’Ijen Resto and Guesthouse à hauteur de Licin (donc tout aussi proche de l’Ijen que ne l’est le Catimor), qui a l’air mieux entretenu.