Le musée n'est certes pas grand, on pourrait même le louper ... Sauf que la longue file d'attente qui se presse devant la galerie de l'Académie nous met la puce à l'oreille. On vient ici pour admirer le chef d'oeuvre de la sculpture et on ne repart pas déçu.
Le David sous un angle qu'on lui connaît moins
Pourquoi dans le top 10? Admirer le chef d'oeuvre de Michel Ange
L'article précédent sur Florence avait déjà mis en lumière les talents de Michel Ange avec ses magnifiques tombeaux dans la chapelle Médicis. Mais ici, vous serez saisi et même pétrifié d'admiration dès que vous verrez ce bel homme nu. Après avoir vaincu la foule, j'entre, je le cherche mais je décide aussi de me laisser un peu de suspens, comme une fausse enquête à la Sherlock Holmes car tous les paneaux du musée indiquent sa direction. La première salle est néanmoins intéressante car elle présente des copies de statues de la piazza della Signoria. Mais je vous avoue que même si les peintures sont intéressantes, l'envie est trop forte de se diriger directement dans la galerie des oeuvres.
Il est enfin là
Et là, c'est le choc: je le vois de loin, avec son regard déterminé à affronter Goliath, dans une position presque sûre de lui, avec un corps parfait et on aurait bien envie de mettre la main sur ses tétons. On ne regarde pas la taille du sexe pour ne pas être déçu. Mais il est encore loin de nous. Cette galerie des Oeuvres ne doit pas faire oublier les autres statues de Michel Ange, celles qu'il avait prévu pour le pape Jules II, un membre de la famille Della Rovere, celui après qui les Médicis pourront devenir les souverains de la chrétienté. Ici, rien n'est fini, tout est à l'état d'ébauche, un point commun avec son rival Léonard de Vinci. Les blocs de marbre font apparaître des formes et on a comme l'impression de pénétrer dans l'atelier du maître mais jamais il ne finira. Les esclaves, de par leur mouvement, semblent lutter pour se libérer de cette masse mais sont condamnés à y rester pour l'éternité comme si Michel Ange était le seul qui aurait pu leur offrir la liberté. Et Jules II n'aura jamais le tombeau promis.
Des esclaves qui aimeraient chanter: "Libérés, délivrés"
Et là, on ne peut plus reculer. David est devant nous. Mais avant d'être David, il a fallu tout le talent de Michel Ange. Ce n'est pourtant pas lui qui a taillé ce bloc de marbre le premier. Avant cela, revenons sur la commande. Florence voulait une statue de David car la petite république avait à affronter des Goliath qui auraient bien voulu lui faire la peau dans le contexte des guerres d'Italie menées par le royaume de France mais des duchés comme ceux de Milan pouvaient eux aussi avoir des appétis féroces. C'est pourquoi la figure de ce héros qu'on n'attendait pas était la bienvenue. Florence allait vaincre à coup sur et elle mettait tout le monde KO dès qu'il s'agissait d'art. Cette statue devait être placée dans le Duomo mais on décida finalement de la poser sur la piazza della Signoria sur laquelle elle resta jusqu'en 1873. Aujourd'hui, une copie la remplace. D'ailleurs, il est amusant de faire la course aux David dans la cité car il en exister ailleurs comme sur la Piazza Michelangelo. C'est un tour à faire quand on connaît déjà Florence. Mais ici, nous avons bien devant nous l'originale, la statue la plus célèbre du monde, ou au moins aux yeux de nous autres Européens. 5,16 mètres de hauteur font de ce petit poucet un géant et ce sont nous qui devenons des petits poucets. Ne pensez pas à le voler en cachette il y a quand même 19 tonnes de marbre blanc sous cette musculature. Vous imaginez le transport de l'atelier de Michel Ange vers la Piazza della Signoria: 40 hommes, ce ne fut pas de trop. Et lorsqu'il a fallu la redéplacer en 1873, 7 jours ont été nécessaires pour un parcours qui ne vous prend même pas 15 minutes à pied d'ordinaire. Mais là dans cette alcôve, on a le loisir de s'extasier à 360°C. Il faut tourner autour plusieurs minutes. D'abord, lorsque vous vous approcherez, vous verrez bien le veinage important du marbre, ce que d'après ce que j'ai compris, rend difficile son travail. Les proportions ne sont pas si exactes que ça non plus: la tête tout comme les mains sont assez grosses. Ce n'est pas que Michel Ange est un gros naze qui nous aurait vendu du rêve alors qu'il est trop nul. En réalité, il devait être placé en hauteur dans l'abside de la cathédrale et vu d'en bas, ses proportions auraient été parfaites. C'est un vrai génie. La verge est quant à elle toute petite. Pas de souci de proportion mais un souci d'esthétique. En même temps, les artistes de la Renaissance reprenaient les codes des maîtres antiques et à l'époque, représenter un petit zizi était comme montrer l'effort. Car selon eux, quand on fait un effort, notre sexe se réduit. Vous vérifierez si vous avez envie. Si tel est le cas, ce sera le moment de vous immortaliser en statue grecque. Pour terminer, si le jeune homme vous apparaît viril en entrant, lorsque vous vous dirigez vers l'autre profil, son autre oeil sent bon l'innocence et le côté enfant. David n'est pas tout à fait un homme comme Florence n'est pas un royaume mais ça ne les a pas empêchés d'entrer dans la légende.
C'est pour la main que j'ai pris cette photo
Bon à savoir:
- Ouvert du mardi au dimanche de 8h15 à 18h50. On ne prévoit donc pas la visite le lundi.
- Pour éviter la foule, 2 solutions s'offrent à vous: venir très tôt le matin, 30 minutes avant l'ouverture ou alors réserver. Vous pouvez le faire la veille. Je vous dis tout sur les bonnes adresses de Florence.
- 15 euros en plein tarif, 12 euros en tarif réduit. C'est un peu cher car le musée n'est pas très grand comparé à la galerie des Offices mais le David vaut le détour.
C'est pas gratuit de voir ma belle gueule